Essai
Nouvelle parution
Montesquieu, mémoire de la critique

Montesquieu, mémoire de la critique

Publié le par Marielle Macé

Charles de Montesquieu, mémoire de la critique
Textes réunis et présentés par Catherine Volpilhac
Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 2003, 44

Montesquieu a constamment surpris son public, chacun de ses livres renouvelant profondément son image, des Lettres persanes à L'Esprit des lois. Mais c'est avec la publication de ce dernier ouvrage (1748) qu'il devient le centre de polémiques passionnées, qui font bientôt de lui l'adversaire désigné des jésuites et surtout des jansénistes ; la critique le pique au vif, et ses dernières années sont consacrées en grande partie à répliquer à des attaques qui contribuent à la réputation philosophique de L'Esprit des lois. Il devient ainsi, aux temps de l'Encyclopédie, le premier des philosophes, dont il ne sera pourtant jamais le chef de file. Sa mort en 1755 lui donne l'aura supplémentaire de celui qui fut toujours homme de bien et n'eut pour ennemis que les adversaires déclarés du genre humain. Mais la légende n'occulte jamais l'analyse, et L'Esprit des lois reste au centre d'études serrées, qui font désormais la part d'une oeuvre étonnamment diverse, Montesquieu apparaissant à la fois romancier, libertin, historien, sans que jamais soit contesté sérieusement son rôle fondateur dans l'élaboration de la pensée politique moderne. Il appartiendra à la Révolution de mettre en perspective, à sa manière, l'histoire d'un homme et d'une oeuvre dont l'influence, silencieuse et profonde, se prolonge encore de nos jours.