MONSTRE ET IMAGINAIRE SOCIAL. APPROCHES HISTORIQUES
Colloque de l’Université Paris VII, 8 et 9 décembre 2005
Lieu : Université Paris 7 - Denis Diderot – Salle des thèses . Immeubles Grenoble ou Montréal, 105 rue
de Tolbiac, Dalle des Olympiades –75013, Paris, métro ligne 14 station François Mitterrand ou ligne 7
station Tolbiac.
Responsables scientifiques : Anna Caiozzo et Anne-Emmanuelle Demartini
Secrétariat du colloque : Noureddine Dziri, tél. : 01 44 27 46 23, mèl : dziri@ccr.jussieu.fr
Jeudi 8 décembre 2005
Matin
Salle des thèses
Présentation
9h30 - 9h45 Anna Caiozzo ; Anne-Emmanuelle Demartini
Introduction
9h45 - 10h10 Jean Céard (Université François-Rabelais - Tours) : Monstres et
monstruosité à la Renaissance
Monstres et voyages
Présidence : Marie-Noëlle Bourguet (Université Paris VII)
10h10 - 10h35 Anna Caiozzo (Université Paris VII) « Les monstres dans les
cosmographies de l’Orient médiéval ».
10h35 - 11h00 Corin Braga (Université Cluj-Napoca) : « La transposition des
mirabilia asiatiques dans l’Amérique des explorateurs de la Renaissance ».
11h00 - 11h30 Discussion Pause
11h30 - 11h55 – C. Reynaud Paligot (Université de Franche-Comté) « Monstres,
science et littérature à l’époque coloniale »
11h55 - 12h20 Discussion
Après-midi
Salle des thèses
Le statut juridique des monstres
Présidence : Jackie Pigeaud (Université de Nantes)
14h15 - 14h40 Yan Thomas (EHESS) : « Le statut juridique du monstre dans la
tradition juridique européenne (du droit romain au droit commun) »
14h40 - 15h05 Maaike van der Lugt (Université Paris VII) : « Le mariage des
monstres dans l'Occident médiéval ».
15h05 - 15h30 Hocine Benkheira (EPHE) : « Regards et statut sur l'être mixte (huntâ)
d’après les sources juridiques musulmanes »
15h30 - 16h00 Discussion – Pause
16h00 - 16h25 Florence Gauthier (Université Paris VII) : « Mise en lumière de la
monstruosité de l’esclavage aux Amériques (XVIe-XVIIIe siècles) »
16h25 - 16h50 David Smadja (Espace éthique) : « Approche éthique et juridique des
manipulations génétiques aujourd'hui »
16h50 - 17h15 Discussion
Vendredi 9 décembre 2005
Matin
Salle des thèses
Difformité physique et société
Présidence : Alain Corbin (Université Paris I)
9h30 - 9h55 Pierre Ancet (Université Toulouse-le Mirail), « Le statut du monstre
dans la tératologie d’Etienne Geoffroy Saint-Hilaire »
9h55 - 10h20 Henri-Jacques Stiker (Université Paris VII) : « Monstruosité et infirmité
XIXe-XXe siècles »
10h20 - 10h45 Anne Carol (Université de Provence) : « La chirurgie des monstres
siamois ».
10h45-11h30 Discussion – Pause
11h30 - 11h55 Jean-Jacques Courtine (Université Paris III) : « Le crépuscule des
monstres 1880-1930 »
11h55 - 12h20 Antoine de Baecque (Libération) : «L’invention du monstre au
cinéma : Lon Chaney et Tod Browning »
12h20 - 12h45 Discussion
Après-midi
Salle des thèses
Monstre, déviance et société :
la figure du monstre criminel
Présidence : Michelle Perrot (Université Paris VII)
14h15 - 14h40 Michel Porret (Université de Genève) : « La figure du monstre
criminel dans la culture juridique et médico-légale au temps des Lumières »
14h40 - 15h05 Marc Renneville (Université Paris VIII, ENAP) : « Tératologie et
criminologie au XIXe siècle »
15h05 - 15h40 Discussion – Pause
15h40 - 16h05 Philippe Artières (CNRS) : « Le monstre et l'historien : à propos du cas
d'un enfant criminel au début du XXe siècle »
16h05 - 16h30 Marc Lits (Université catholique de Louvain) : « La construction
médiatique d'un monstre criminel : l’affaire Dutroux en Belgique »
16h30 - 17h00 Discussion
17h00 - 17h30 Synthèse : André Gueslin (Université Paris VII)
Discutants : Pierre Ellinger, Gabrielle Houbre, Dominique Kalifa, Sylvain Venayre.
Objet d’attention déjà relativement ancien pour les spécialistes de l’esthétique et de la littérature, le
monstre est entré de plain-pied dans le champ des préoccupations des historiens il y a une vingtaine
d’années. Sans se borner aux domaines réservés de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences,
l’approche historique du monstre a emprunté des voies multiples, largement ouvertes par la constitution
de l’imaginaire en objet d’étude, profitant entre autres du développement de l’historiographie des marges
sociales, de celle du corps et du déploiement de l’histoire culturelle.
Mais la notion de monstre demeure difficile à cerner. Être vivant présentant dans sa conformation des
anomalies graves, le monstre physique se définit par rapport à la norme dont il revêt les ambiguïtés. Il
prend le double visage de l’exception qui échappe au cours ordinaire et de la transgression qui rompt
l’ordre du monde. Hésitant entre impossible et interdit (M. Foucault), entre monstruosité et monstrueux
(G. Canguilhem), il peut être écart statistique ou défi axiologique, ou bien les deux à la fois. En effet, la
richesse de la notion, et son pouvoir évocateur, tiennent à ce glissement entre les deux acceptions,
descriptive et normative. Parmi les autres glissements qui participent à la définition du monstre, celui du
physique au moral ouvre le champ des monstres sociaux et celui, plus large, du sens propre au sens
figuré autorise le déploiement des usages métaphoriques du terme « monstre ».
Comment historiquement s’opèrent ces glissements ? C’est ce qu’il faut préciser. Parce que le monstre
n’est tel qu’en vertu d’une représentation qui le qualifie comme tel, ce sont les modalités de la
construction sociale du monstre qu’il faut saisir. Elles soulèvent la question de l’historicité des
représentations de la monstruosité, du statut conféré à l’être monstrueux et des pratiques et stratégies
sociales qui l’entourent.
Dans quelle mesure et sous quelles conditions l’écart par rapport à la norme biologique, esthétique ou
morale peut-il être toléré, voire valorisé dans une société donnée ? Jusqu’à quel point est-il jugé
supportable ? Quelles sont les frontières de la monstruosité, et les seuils admis de tolérance ? Ces
questions sont essentielles dans l’optique d’une histoire des sensibilités.
Par ailleurs, quels rapports sont établis entre monstruosité physique et monstruosité morale ? Sous
quelles conditions et selon quels enjeux le raisonnement analogique qui pense la seconde sur le modèle de
la première dévie-t-il vers l’assimilation pure et simple ?
En bref, peut-on écrire une histoire des monstres ?
L’objectif de cette rencontre n’est pas de dresser le bilan de vingt-cinq ans de travaux sur le monstre
ou de rendre compte de la diversité des pistes empruntées en embrassant la totalité d’un champ qui
s’avère singulièrement hétérogène, allant des créatures de la mythologie aux foetus anencéphaliens des
musées d’anatomie pathologique. Il s’agit plutôt de confronter différentes approches historiographiques
de la monstruosité pour tenter de dégager, dans une perspective méthodologique, la valeur heuristique
du monstre. L’exploration des discours et des gestes concernant le monstre, et partant, du rapport des
sociétés à la norme, a été guidée par le souci de souligner l’actualité des questions posées à la société par
le monstre, conduisant à privilégier globalement la période contemporaine, relativement moins travaillée
par les chercheurs. Par souci de cohérence, également, quatre axes thématiques ont été retenus :
« monstres et voyages », « le statut juridique des monstres », « difformité physique et société » et enfin
« monstre, déviance et société : la figure du monstre criminel ».
LABORATOIRE IDENTITÉS – CULTURES – TERRITOIRES
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Événements & colloques
Publié le par Marielle Macé (Source : Dominique Kalifa)