Questions de société

"Monsieur le Président, nous n'avons pas les mêmes valeurs": la coordination nationale des universités répond à N. Sarkozy (08/04/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

La Coordination Nationale des Universités répond àNicolas Sarkozy : « Monsieur le Président, nous n'avons pas les mêmesvaleurs », 8 avril 2009

  Lors de son voyage en Provence, hier, Nicolas Sarkozy s'est exprimé sur les universités et la recherche. Pour marteler qu'il ne «reviendrait jamais sur l'autonomie des universités»


Voici la réponse que vient de lui faire la Coordination nationale des universités :

Quoique moins méprisantes dans la forme que son discours du 22janvier, les déclarations de Nicolas Sarkozy du 7 avril 2009 révèlentla même conception mercantile de l'Enseignement Supérieur et de laRecherche.Si, pour Nicolas Sarkozy, les études ne servent qu'à «créer de lavaleur ajoutée», les universitaires en lutte continuent d'affirmer quel'université n'est pas une entreprise et que le savoir n'est pas unemarchandise. Là où Nicolas Sarkozy parle de «valeur ajoutée», nousparlons de valeurs républicaines : droit à la connaissance pour tous,droit de choisir sa filière sans discrimination financière niterritoriale, droit de s'engager dans des études qui n'ont aucunerentabilité immédiate mais qui sont d'une valeur essentielle pour lasociété. Là où Nicolas Sarkozy parle «d'accélérer la commercialisationdes brevets», nous lui opposons la nécessité, pour les générationsfutures, de préserver une recherche fondamentale forte et libre desdictats du marché. Quand Nicolas Sarkozy estime que l'autonomie desuniversités est préférable au fait de «se retrouver au ministère pourqu'on vous dise d'un bureau parisien ce qu'on doit faire », nous tenonsà rappeler que les universités n'ont jamais autant reçu de directivesémanant des Ministères que depuis le vote de la loi LRU (sigle quisignifie pourtant «liberté et responsabilité»).

Si Nicolas Sarkozy est de bonne foi en annonçant que «donnerl'autonomie aux universités, c'est leur faire confiance», alors qu'ilfasse enfin confiance à la communauté universitaire qui dénonce, dansun mouvement inédit par sa durée et son intensité, les conséquencesdésastreuses de ces projets de réforme. Or, la politique actuelle aconjugué, jusqu'à présent, irresponsabilité et inefficacité,autoritarisme et ignorance des problèmes posés.

Le monde de l'enseignement et de la recherche n'est pas hostile à touteréforme. Mais il conteste une logique d'économie budgétaire et de miseen concurrence systématique des institutions, des équipes et desindividus, qui met en péril la création et la transmission des savoirs.A la concurrence et à la rentabilité à court terme, il préfèrel'émulation, la coopération et la liberté de recherche. Al'autoritarisme et à la concentration des pouvoirs, il préfère lacollégialité et le gouvernement par les pairs. Aux nommés, il préfèreles élus.

L'Education Nationale, de la Maternelle à l'Université,doit continuer à transmettre connaissances et culture gratuitement, surtout le territoire, pour garantir la traduction dans les faits de nosidéaux républicains.

Ce printemps 2009, pour défendre ces valeurs, le monde de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche est dans la rue.

Les porte-parole de la Coordination Nationale des Universités

Pour entendre l'intégralité du discours du chef de l'Etat, il suffit d'aller sur la page d'accueil du site de la présidence