Questions de société

"Moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours" (X. Darcos sur RMC)

Publié le par Marc Escola (Source : SLU)

Sur cette page:

 - Le "moi je" de Xavier Darcos met de l'huile sur le feu (SLU 12/02/09)

 - Darcos ne voit "aucune raison de repousser" la réforme de l'IUFM (Nouvelobs.com, 12/02/09)

 - La CFDT juge des propos de Darcos "insultants" (Nouvelobs.com, 13/02/09)

- "Propos insultants et indignes" : le billet de S. Huet sur son blog Libération (13/2/9)

Voir aussi la réaction de la CD-IUFM & de la CPU (13/2/9).

Et la pétition en ligne, sous la forme d'une Lettre à X. Darcos.


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Sur le site de SLU:

Le "moi je" de Xavier Darcos met de l'huile sur le feu (12 février 2009)


Il n'y a « aucune raison aujourd'hui objectivement [de repousser la réforme de la formation et du recrutement des enseignants à 2011, comme le demande le bureau de la CPU]. D'ailleurs, on me dit "les universités ne voudront pas préparer les étudiants à cela"  ; vous savez, moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd'hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi, n'est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il a tout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n'ai pas absolument besoin d'entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur. Je définis les concours dont j'ai besoin. Je garantis la formation professionnelle des personnels que je recruterai. Après, chacun nous suit, ou pas. »

Qui dit cela ? Xavier Darcos sur RMC le 12 février 2009. Irresponsable ?

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NOUVELOBS.COM | 12.02.2009 | 18:36

Darcos ne voit "aucune raison de repousser" la réforme de l'IUFM

Leministre de l'Education refuse d'accéder à la demande des présidentsd'universités, qui demandent le report de la mise en place des nouveauxconcours de recrutement des enseignants du primaire et du secondaire.

 Le ministre de l'Education Xavier Darcos, en réponse à la requête desprésidents d'université, a affirmé jeudi 12 février sur RMC qu'il n'yavait "aucune raison aujourd'hui objectivement de repousser" la réformede la formation et du recrutement des enseignants.
Cette réforme devait entrer en vigueur en 2010. La Conférence desprésidents d'universités (CPU) lui avait demandé plus tôt dans lajournée "de repousser à 2011" la réforme sur la formation desenseignants. Les enseignants du primaire et du secondaire sont en effetformés à l'université. La CPU a également émis de "fortes réserves" surla médiation proposée par Valérie Pécresse sur le statut desenseignants-chercheurs.

"Une confusion croissante"

"On va les trouver les gens pour passer nos concours", a estimé Xavier Darcos.
"Moi, je n'ai pas absolument besoin d'entrer dans des discussionssibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur. Jedéfinis les concours dont j'ai besoin. Je garantis la formationprofessionnelle des personnels que je recruterai. Après, que chacunnous suive ou pas...", a-t-il dit.
"La confusion croissante engendrée par la précipitation dans laquellela réforme de la formation des maîtres a été engagée, en comprometgravement la qualité", a estimé, dans un communiqué, le conseild'administration de cette instance, qui s'est réunie mercredi soir.

"Fortes réserves" sur la médiation dans le supérieur

La CPU demande "solennellement à Xavier Darcos, ministre de l'Educationnationale, de repousser à 2011 la mise en place des nouveaux concoursde recrutement". Cette réforme devait entrer en vigueur en 2010.
En outre, si la CPU estime que "remettre sur le chantier le projet derévision du décret de 1984 (sur le statut des enseignants-chercheurs,ndlr) est aujourd'hui indispensable", elle "exprime de fortes réservessur la nature et la durée de la médiation proposée, qui ne répondentpas à l'urgence de la situation".
La CPU réunit les présidents des 83 universités françaises et ainsi quedes directeurs d'autres établissements (Ecoles normales supérieures,grands établissements, grandes écoles...).

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NOUVELOBS.COM | 13.02.2009 | 16:37
La CFDT juge des propos de Darcos "insultants"
"Lesprofesseurs apprennent des théories générales sur l'éducation et, detemps à autre, ils vont remplacer un professeur absent. C'est pas commeça qu'on forme des gens", avait déclaré le ministre de l'Education. LeSgen-CFDT a fustigé, vendredi 13 février, les propos tenus la veillepar Xavier Darcos sur la formation actuelle des enseignants, estimantqu'ils étaient "insultants", "stupéfiants et "scandaleux".
"Aujourd'hui (...) les professeurs passent un concours, ils sont misdans l'Institut de formation des maîtres, où on leur apprend desthéories générales sur l'éducation et de temps à autre, ils vontremplacer un professeur absent. C'est pas comme ça qu'on forme desgens. Autrement dit, ils sont sans arrêt devant un simulateur de vol.Alors que dans le système que je propose, ils ne seront pas dans unsimulateur de vol", avait dit le ministre de l'Education à RMC. "Pourle Sgen-CFDT, de tels propos sont à la fois stupéfiants et scandaleux",même "insultants", écrit-il.

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"Darcos : propos "insultants" et "indignes" selon les syndicats", par Sylvestre Huet, Libéblog, Sciences², 13 février 2009


Pour lire cet article sur le blog de Sylvestre Huet.

Les déclarations de Xavier Darcos hier soulèvent une vague d'indignations. Le ministre de l'Education Nationale a peut être réussi le même exploit que Nicolas Sarkozy dans son discours du 22 janvier : mettre le feu à la poudrière.

Le ministre s'exprimait sur la « mastérisation », c'est à dire la transformation des concours de recrutement des enseignants qui provoque une veritable crise. La plupart des Conseils d'Université concernés ont voté le refus d'envoyer au ministère de Valérie Pécresse les « maquettes », le descriptif des nouveaux cursus de préparation des concours.

En ce moment même se tient une manifestation de « non remise » de ces maquettes devant le ministère. La CPU elle même, la Conférence des Présidents d'Université, jusqu'alors plutôt encline a suivre le gouvernement, vient de demander le report d'un an de cette réforme afin de la retravailler.

C'est dans cette ambiance explosive que Xavier Darcos a cru bon d'en rajouter par des déclarations incendiaires. « Aujourd'hui (...) les professeurs passent un concours, ils sont mis dans l'Institut de formation des maîtres, où on leur apprend des théories générales sur l'éducation et de temps à autre, ils vont remplacer un professeur absent. C'est pas comme ça qu'on forme des gens. Autrement dit, ils sont sans arrêt devant un simulateur de vol. Alors que dans le système que je propose, ils ne seront pas dans un simulateur de vol ».

Quant au refus des Universités d'envoyer les maquettes, il s'est fait méprisant : « Moi, je n'ai pas absolument besoin d'entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours (les universités, ndlr). Je suis recruteur. Je définis les concours dont j'ai besoin. » Menaçant même les Universités de se passer d'elles pour la préparation à ces concours, ce qui semble pour le moins étrange.

Pour le Snesup, ces propos sont « indignes d'un ministre de la République car ils traduisent une grave méconnaissance de la réalité au sein du monde éducatif ». Concernant les maquettes de masters en préparation, les propos du ministre sont « un affront au travail fait dans des conditions de précipitation que vous tentez d'imposer. Vos propos affichent un mépris pour les universitaires sans précédent dans l'histoire récente de notre République. Cet anti intellectualisme rappelle les pires heures de l'histoire de France. »

Le Sgen-CFDT a lui aussi fustigé les propos tenus par Xavier Darcos estimant qu'ils étaient « insultants », « stupéfiants » et « scandaleux ». « Non, les professeurs stagiaires ne se contentent pas de remplacer de temps à autre un professeur absent. M. Darcos le sait, les professeurs stagiaires en collèges et lycées sont devant des élèves en toute responsabilité, huit heures par semaine les instituteurs stagiaires le sont un jour par semaine pendant trente semaines et six semaines complètes par an ». Le ministre sait bien « qu'en lieu et place de théories générales de l'éducation, ils doivent se confronter à la rude réalité d'un métier de plus en plus difficile, avec l'appui de leurs tuteurs ». Selon lui, c'est au contraire la réforme proposée à partir de 2010 par M. Darcos « qui peut conduire à un simulateur de vol pendant la formation en master parce qu'il ne veut pas financer une vraie formation en alternance », et que donc « la première année de pratique professionnelle (...) sera pour de nombreux débutants une épreuve insurmontable et traumatisante ». « C'est le gouvernement lui-même qui est en train d'inventer ce dont il impute la responsabilité aux instituts universitaires de formation des maîtres. »

On trouve sur le blog de ma consoeur Véronique Soulé un post qui éclaire cette question par le recours de plus en plus fréquent à des personnels précaires, non formés, non titulaires, pour des fonctions qui devraient être exercées par des enseignants ayant réussi les concours de recrutement.