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Mohammed Dib, La traversée vers l’Autre (Marrakech)

Mohammed Dib, La traversée vers l’Autre (Marrakech)

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Catherine Dib)

                           "Mohammed Dib, La traversée vers l’Autre"

                            Marrakech, 20 et 21 Mai 2017

 

Colloque-Hommage organisé par la Société Internationale des Amis de Mohammed Dib et le Centre de Développement de la Région du Tensift, avec la collaboration de l’Institut français du Maroc, site de Marrakech.

Avec le soutien d’Hélène Conway-Mouret et Richard Yung, sénateurs représentant les Français établis hors de France et de l’Ambassade de France au Maroc.

http://siamdib.com/

 

Le 20 mai, colloque et spectacles

Trois conférences (Institut français)

 

09:20    09:30   Accueil  

09:30    10:30    La photographie de Mohammed Dib,  par Thami Benkirane, photographe,                                         Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès

10:30    11:30  La réception de l’œuvre de Mohammed Dib,  par Charles Bonn, Université de Lyon 2

11:50    12:50    Approche linguistique de l’œuvre de Dib, par Paul Siblot, Université de Montpellier 3

 

Tables-rondes introduites par des interventions (Chambre de commerce)

 

14:45    15 :00   La traversée vers l’Autre, un thème cher au CDRT, par Mohamed Bouabd du CDRT

15:00    18:30    Mohammed Dib l’Universel, par A. Amraoui, Université Cadi Ayyad, Safi

                         L’Autre, qui est l’Autre ? par Hervé Sanson, CNRS-ITEM

                         L'éloge de l'impur chez Dib, par Anouar Ouyachchi, Université Moulay Ismail, Meknès

18:30                Conclusions par Hervé Sanson

 

Animation des tables-rondes :                 Salim Jay, critique littéraire, écrivain

 

Soirée théâtrale et musicale (Centre culturel Dar Attakafa)

 

20:00 - 21:00     Représentation de théâtre par des lycéens de Marrakech, sur La grande maison de Mohammed Dib, un projet de la coopération éducative de l’Institut français.

21:00 – 22:00    Concert du groupe vocal et instrumental Les Amis de Mouachahat

 

Le 21 mai             Soirée musicale (école Supérieure des Arts Visuels – ESAV - de Marrakech)

 

20:00 - 21:00     Poésie-slam autour de M. Dib avec Loubaki et Scor-P et 13 jeunes artistes de Marrakech, spectacle créé en ateliers à la Maison Denise Masson de l’Institut français

21:00 – 22:00    Concert du groupe vocal et instrumental Jossour

 

Entrée libre

P.A.F. uniquement pour les spectacles de Jossour et Les Amis de Mouachahat : 50 dirhams

 

Activités organisées en parallèle aux journées des 20 et 21 mai en hommage à Mohammed Dib

 

A partir de mars 2017, ateliers d’écriture théâtrale (français et arabe) autour de Mohammed Dib, dans les sections internationales de lycées de Marrakech.

 

Trois lycées de Marrakech et quatre classes sont concernés par cette initiative.  Il s’agit pour les lycéens, au départ d’extraits de prose de Mohammed Dib choisis avec les enseignants, en français et dans leur traduction arabe, de travailler sur l’écriture et la mise en scène théâtrales. Dans un premier temps (mars 2017), les enseignants bénéficient de trois jours de formation donnés à l’Institut français, par Régine Dautry, sur l’introduction d’activités théâtrales en classe de français. Dans un deuxième temps ont lieu les ateliers d’écriture théâtrale d’après une œuvre de Mohammed Dib. Le suivi du travail en classe et la co-animation en classe sont assurés par Marie André-Carton, animatrice de théâtre et d’ateliers d’écriture à l’Institut français. La mise en scène et le jeu de comédien sont assurés par Younes Sardi, animateur des activités de théâtre à l’Institut français. Enfin, le 21 mai, en ouverture de la soirée de la journée d’hommage à Mohammed Dib, aura lieu la représentation publique à la Maison de la Culture.

 

Du 15 au 20 mai 2017, ateliers de poésie-slam à la Maison Denise Masson de l’Institut français

 

Des ateliers encadrés par les slameurs Loubaki et Scor-P ont lieu à la Maison Denise Masson, autour de l’œuvre de Mohammed Dib, donnant à une quinzaine de jeunes musiciens slameurs-poètes marocains l’occasion de participer à une création commune, qui sera présentée dans la soirée du 21 mai, en hommage à l’écrivain.

 

plus d’informations

 

 

Contexte :  

Cet hommage organisé les 20 et 21 mai 2017 à Marrakech s’inscrit dans la Semaine culturelle du Centre de Développement de la Région du Tensift – CDRT -, qui a lieu du 17 au 21 mai 2017.

 

Organisé par : 

  • La Société Internationale des Amis de Mohammed Dib              siamdib.com
  • Le Centre de Développement de la Région du Tensift                  www.cdrtmarrakech.org

 

Avec la collaboration de :

  • L’Institut français de Marrakech

 

Avec le soutien de :

  • Hélène Conway-Mouret, sénatrice représentant les Français établis hors de France
  • Richard Yung, sénateur représentant les Français établis hors de France
  • L’Ambassade France au Maroc
  • Centre culturel Dar Attakafa et La Direction de la Culture de la région de Marrakech-Tensift-El Haouz

 

Public-cible :

Cette rencontre s’adresse certes aux connaisseurs de Mohammed Dib mais aussi au public dans sa diversité, à toute personne curieuse de découvrir ou de mieux connaître un grand écrivain dont l’expression et les thèmes captivent par leur poésie, leur humanisme et leur modernité.

 

La Société Internationale des Amis de Mohammed Dib, récemment constituée, s’attache à mieux diffuser l’œuvre de Mohammed Dib auprès du grand public, par le biais de manifestations culturelles et de conférences ouvertes à tous, encadrées et données par des spécialistes de l’œuvre de Mohammed Dib, dans un esprit de vulgarisation. Des initiatives destinées au public scolaire sont également en cours de préparation.

 

Le Centre de Développement de la Région du Tensift comprend, dans ses différentes politiques, un volet culturel et citoyen, qui s’attache au développement personnel et à la responsabilisation des jeunes de la région du Tensift. Il paraissait emblématique à la SIAMD, en tant que société internationale, d’organiser cette journée d’hommage dans un autre pays du Maghreb que celui de l’écrivain, de l’organiser au Maroc, ce pays qui possède de grands écrivains et des universitaires et critiques de valeur que nous espérons associer au projet, enfin que cet hommage ait lieu à Marrakech, ville dynamique sur le plan de la culture.

 

 

 

 

 

 « Mohammed Dib, l’ouverture à l’autre », Rencontres de Marrakech, 20-21 mai 2017

Argumentaire par Hervé Sanson

 

Mohammed Dib déclarait dans un célèbre entretien paru dans Témoignage chrétien en 1958 : « Les hommes sont à la fois semblables et différents : nous les décrivons différents pour qu’en eux vous reconnaissiez vos semblables. » Au début de son itinéraire de création, il s’agissait pour Dib de porter témoignage – sans renoncer à la dimension poétique de l’écriture – pour un peuple brimé dans sa personnalité, empêché d’exister sur un plan ontologique, et d’attester donc la personnalité spécifique des Algériens pour mieux exhausser leur humanité. Ce rapport dialectique entre Moi et l’Autre était immanquablement engagé pour une part dans les convulsions et les injonctions de l’Histoire (même si l’œuvre de Dib y échappait en partie).

 

L’expérience d’exil, dès 1959, puis d’insertion dans la société dite « d’accueil » va conduire l’écrivain à déplacer cette réflexion sur le rapport à l’altérité, et notamment à interroger la condition d’immigration, à partir de Habel (1977). Cette réflexion sur une des conditions cruciales de notre temps amène notre auteur à repenser les notions d’assimilation, d’intégration, et à proposer en réaction la notion de « socialisation », davantage respectueuse du vécu et de la mémoire de l’arrivant tout comme de celles de l’accueillant. Cette réflexion sur la condition d’immigré connaît des développements inattendus dans l’œuvre : la confrontation entre deux cultures a priori totalement hétérogènes, la finnoise et la maghrébine dans la trilogie nordique ; le métissage, avec le personnage de Lyyli Belle, fruit des amours de Solh et de Faïna ; la condition d’ « immigré de l’intérieur » dans la nouvelle « Le Prophète », figurant dans le recueil Comme un bruit d’abeilles (2001), lorsque l’écrivain met en scène des jeunes relégués et discriminés dans un de ces « territoires perdus de la République ».

 

Mais au-delà de ces différentes déclinaisons du rapport à l’autre, l’œuvre de Mohammed Dib n’a cessé de représenter les réalités et aspirations des « minorés » au sein de la société majoritaire : qu’il s’agisse des femmes dont Dib a, dès l’origine, dénoncé la condition séculaire et vanté les capacités de résistance ; des pauvres, dont la misère irrémissible constitue un véritable scandale devant les principes sacro-saints des hommes ; ou bien encore, des jeunes gens, pris dans leur mal-être dans une société qui ne comprend pas toujours leurs attentes, cette œuvre a toujours pris le parti des humiliés, des mutiques, et tâché de donner voix à leurs velléités, faisant de ces conditions spécifiques le levier pour une compréhension de notre commune humanité.

La contrefaçon, l’avatar, l’esthétique du pseudo, de l’ersatz, donnant lieu à une réflexion dès les années soixante, vont connaître dans les dernières années une dernière déclinaison : celle s’articulant autour du clonage, ainsi que Comme un bruit d’abeilles et Simorgh (2003) l’attestent : dès lors, toutes certitudes – déjà sujettes à caution – connaissent un nouveau vacillement : qui sont les autres ? ainsi que le demande Dib à un certain Jacques Derrida (L’Arbre à dires, 1998). « Nous autres », répond alors l’intéressé. C’est finalement à une leçon d’humanisme qu’invite l’œuvre dibienne, un tremblement de tous les postulats identitaires sûrs d’eux-mêmes, et partant, une nécessaire poétique de l’ouverture que les derniers ouvrages mettent résolument en place, tant sur le plan thématique, philosophique, que sur le plan formel