Essai
Nouvelle parution
Mohamed Bernoussi, Le Roman noir au siècle des Lumières

Mohamed Bernoussi, Le Roman noir au siècle des Lumières

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Mohamed Bernoussi)

Mohamed Bernoussi

Le Roman noir au siècle des Lumières

Rabat, Editions Bouregrag, 2006

ISBN 2006/1833

Ce livre entend rectifier une erreur fort répandue dans les manuels scolaires et chez nombre de critiques littéraires concernant les présumées origines gothiques du roman noir français. Par roman noir est entendu une littérature qui s'est développée au XVIIIème siècle en France et qui accorde une place de choix à l'effet de trouble, voire d'épouvante. Cette littérature fut considérée tout au long du XXème siècle comme un pâle reflet du roman gothique anglais. Les arguments invoqués à l'appui de cette thèse sont d'ordre chronologique : le roman gothique anglais est apparu le premier, le roman noir français est censé avoir subi son influence. Deux éléments fondamentaux ont contribué à donner naissance et à consacrer par la suite cette méprise. Le premier y a contribué de façon indirecte, il concerne une certaine mythologie des Lumières ; le XVIIIème siècle étant consacré comme le siècle de la raison et du rationnel, un genre comme le roman noir, où prédomine l'irrationnel sous toutes ses formes, ne pouvait être que le fruit d'une influence étrangère. Or il n'est pas nécessaire d'être dix-huitiémiste pour savoir que le siècle de Voltaire était aussi celui de Saint-Martin, de Cagliostro, de Pasqually et des convulsionnaires de saint Médard. C'est dans le même siècle qu'apparaissent et se développent les sociétés secrètes, la théosophie, le retour des superstitions, bref l'irrationnel sous de multiples formes. Un examen de ses phénomènes peut nous montrer à quel point ils étaient présents et à quel point ils avaient marqué les sensibilités, y compris celle des Lettrés. Il s'agit, avant de passer à l'analyse de cette littérature, d'établir l'existence d'un courant irrationnel riche en manifestations et en idéologies, qui a traversé tout le XVIIIème siècle et qui y a laissé des traces. Il s'agit aussi de montrer comment le religieux à travers l'imaginaire du martyrologe, des furori sacrum et des violences salutaires avait constitué une source d'inspiration inépuisable pour la littérature d'épouvante.