Actualité
Appels à contributions
Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennnes

Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennnes

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Martine Sforzin / Karl Zieger)

Colloque international

Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennnes autour de 1900 : échanges et transferts.

(12 - 14 Mars 2008)


APPEL A COMMUNICATIONS


Le prestige s'attache aux villes et les fait briller dans l'imaginaire collectif, comme le mythe s'attache à des événements fondateurs pour les éclipser et n'en laisser émaner que l'aura. Ainsi de la Vienne fin de siècle qui, bien au-delà de l'exposition du Centre Georges Pompidou de 1986, continue aujourd'hui encore à fasciner les esprits.
Quintessence de la modernité à nos yeux, la Vienne du tournant du XIXe au XXe siècle paraissait cependant bien déprimante à nombre de ses intellectuels et artistes incapables par ailleurs de quitter cette « capitale du vide européen des valeurs ». C'est que les forces de leur art nouveau et les analyses de leur esprit corrosif et décadent souffraient de l'étroitesse d'une ville qui pour être capitale d'Empire et d'une double monarchie n'en restait pas moins bien provinciale comparée à Paris, Berlin ou encore New-York. L'avant-garde s'y dessinait alors même que ses représentants croyaient bien qu'elle se révélait en d'autres lieux, dans d'autres métropoles et qu'ils manquaient un rendez-vous crucial.
Si Paris restait la « capitale du monde de la culture » et celle du XIXe siècle, Berlin s'imposait comme celle du XXe naissant et de sa modernisation à tous les niveaux, esthétique, économique, social et culturel ; Vienne, quant à elle, se définissait plus facilement semble-t-il par ce qui y faisait défaut et les Autrichiens par soustraction, si l'on en croit Musil qui voyait l'Autrichien comme un Austro-Hongrois moins un Hongrois. Mais toujours pour le même Musil, Vienne était encore cette ville qui faisait chaque jour le voyage autour de la terre.
Or qu'il soit rêve ou réalité, qu'il entraîne vers le déclin, le renouveau ou qu'il garantisse la fidélité à ce que l'on est, tout voyage se nourrit d'échange, de comparaison, d'attirance ou de répulsion.
L'objet de ce colloque sera de suivre Vienne dans cette rotation d'Est en Ouest et du Nord au Sud, dans cette trajectoire qui l'entraîne vers les confins orientaux de l'Empire, où Budapest et Prague regardent vers elle sans se résoudre à s'effacer dans son orbite alors que Vienne elle-même tourne constamment ses regards vers Berlin et non l'inverse.
Le colloque cherchera à mettre en évidence moins la spécificité de la modernité viennoise que les relations et les échanges qui s'établissent entre Vienne, les autres villes mitteleuropéennes (Prague, Budapest, Trieste,…), Berlin, Munich, Zurich et Paris ; il conviendra d'examiner la nature de ces relations (admiration, rejet, indépendance), les liens réels ou imaginaires qui se nouent entre elles par le biais des artistes, en fonction des possibilités de circulation des idées et des courants esthétiques (rôle de la traduction, conditions d'édition, rôle de la littérature de colportage…) ou encore du fait de leur cosmopolitisme.
Il s'agira de faire ressortir la nature plurielle, contrastée, souvent ambivalente de l'ouverture et de la sensibilité de ces villes aux bouleversements profonds dont elles sont à la fois les témoins séduits ou effarés et les acteurs plus ou moins consentants (villes en pleine mutation démographique, architecturale versus « métropole de l'art de pacotille », cosmopolitisme versus provincialisme, terroir versus émigration, dialectes versus langue littéraire versus langue nationale).
De Berlin à Vienne, capitale d'un empire nouvellement construit pour l'une, héritière d'un empire long de plusieurs siècles pour l'autre, la modernité est perçue et vécue bien différemment : il sera particulièrement pertinent de comparer l'émergence de la modernité entre Vienne et Berlin sur la base de cet enracinement radicalement différent, à savoir dans l'histoire, la tradition et la nécessaire rupture avec elles pour l'une, dans l'avenir / l'à-venir et le nouveau pour l'autre, dans la conscience d'une unité nationale réalisée ou, au contraire, à faire ou encore à jamais perdue. Vienne et les autres villes des Habsbourg pourront être soumises à un examen identique où la question des nationalités aura toute sa place.
La nouvelle relation à la beauté et à la laideur, l'intérêt porté à leur promiscuité troublante, l'esthétisme (morbide) s'évalueront à la perception de la ville comme lieu de perdition et/ou de régénérescence.
Sur la base de l'engouement contemporain pour les villes de la Mitteleuropa, on pourra également se demander s'il faut reconnaître à certaines villes un genius loci qui préfigure leur histoire et leur aura ou s'il faut admettre que la particularité d'un lieu se révèle à la conscience sous les coups de butée de l'histoire et de son évolution.

La durée des communications sera limitée à 25 minutes. Le Comité scientifique pourra aussi proposer des interventions d'une durée plus limitée (10 à 15 minutes) en vue de nourrir les débats d'une « Table ronde » consacrée aux transferts culturels franco-autrichiens.

Les Actes du colloque feront l'objet d'une publication dans le numéro 44 de la revue GERMANICA à paraître en juin 2009. Les conditions de la publication seront précisées ultérieurement.

Les propositions de communication
sont à adresser AVANT le 15 septembre 2007 à :

Martine Sforzin (martine.sforzin@wanadoo.fr) ou à Karl Zieger (Karl.Zieger@wanadoo.fr)

en « pièce attachée » mentionnant le nom, le rattachement académique, le titre de l'intervention proposée et une brève description d'une dizaine de ligne de celle-ci.

Les propositions peuvent aussi être envoyées par envoi postal à Martine Sforzin/Karl Zieger, Université de Valenciennes, FLLASH, le Mont-Houy, F-59313 VALENCIENNES Cedex 9.


Le Comité scientifique qui choisira les propositions à retenir est composé de :
Florence Godeau (Univ. Lyon-III), Jacques Le Rider (EPHE), Erika Tunner (Univ. Paris 12), Rolf Wintermeyer (Univ. Rouen), ainsi que de Hans Hörling, Chris Rauseo, Martine Sforzin et Karl Zieger (UVHC).