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Modernités des Troubadours: réécritures et traductions

Modernités des Troubadours: réécritures et traductions

Publié le par Marc Escola (Source : Francesca Manzari)

 

Modernités des Troubadours: réécritures et traductions

 

            Célébration de l’amour et de la poésie dans une langue poétique inédite et virtuose, le trobar vit le jour en langue d’oc entre le XIe et le XIIe siècles.

            Le colloque « Modernités des Troubadours : réécritures et traductions » propose non de revenir sur une lecture des troubadours dans leur contexte linguistique et historique, mais de s’interroger sur la réinvention moderne et contemporaine du trobar. Celle-ci, en effet, prend de multiples formes entre théorie et fiction, débats sur l’origine du trobar et héritage de René Nelli ou de Robert Lafont, réécritures, transpositions, réutilisations des figures du poète ou de son chant dans la littérature moderne en toutes langues (y compris l’occitan), traductions-recréations dans plusieurs langues…

            Le colloque voudrait ainsi questionner l’effet et le sens de ce retour du plus ancien au cœur de la modernité et comment l’un féconde l’autre dans de multiples domaines (roman, poésie, musique, peinture…) ; c’est pourquoi il se présente comme le fruit de la collaboration du groupe comparatiste  « Transpositions » et les médiévistes du CUER MA, associés à l’axe transversal sur les « Interculturalités littéraires en Méditerranée », au sein du Centre Interdisciplinaire d’Etude des Littératures d’Aix-Marseille (CIELAM).

            Il se tiendra à Aix-en-Provence du 21 au 23 novembre 2013.

Présentation

Dans la Préface d’un célèbre ouvrage intitulé La Fleur inverse, Jacques Roubaud commence par évoquer une canso de Guillaume IX d’Aquitaine, À la douceur du temps nouveau :

Ab la dolchor del temps nouvel  .  foillo li bosc e li aucel  .  chanton chascus en lor lati  .  segon lo vers del novel chan  .

À la douceur du temps nouveau  .  les bois feuillissent les oiseaux  .  chantent chacun en son latin  .  selon les vers du nouveau chant

            La chanson qui inaugure la saison du trobar naît au printemps, au moment de l’explosion du chant des oiseaux en Provence. À chacun donc son latin, au gazouillis des oiseaux correspondant le chant des troubadours. C’est, dit Roubaud, la raison pour laquelle, au printemps, nous célébrons la poésie « depuis des siècles dans toutes les langues de l’Europe ». Les mots de la canso associent très matériellement la douceur du chant et du printemps au désir et à l’amour :

La nostr’amor va einassi  .  com la brancha de l’albespi  .  qu’est sobre l’arbr’en creman  .  la nuoit ab la ploi’ez al gel  .  tro l’endeman que-l sols s’espan  .  per la fueilla vert el ramel  .

La notre amour va ainsi  .  que la branche d’aubépine  .  qui est sur l’arbre en tremblant  .  la nuit dans la pluie et le gel  .  le lendemain le soleil se répand  .  par les feuilles vertes les rameux

Roubaud attire notre attention sur le fait que presque neuf siècles séparent cette canso de nous et qu’il est difficile d’imaginer à quel point celle-ci constitua une nouveauté : « la langue neuve de l’amour parla, en langue romane. […] L’oc, le provençal, l’occitan comme on voudra. Une manière neuve d’être dans la poésie, qui n’est pas celle de la Chanson de Roland, naît alors, en langue provençale ».

L’amour, dit le poète, est une invention du XIIe siècle et ses inventeurs furent les troubadours. Leur invention consiste en une intuition fondatrice selon laquelle « l’amour est inséparable de la poésie, est le moteur de la poésie dans le chant. Les troubadours ont inventé qu’il est un lien indissoluble : celui qui unit l’amour à la poésie ».

La question que notre colloque posera est celle de savoir ce que peut devenir cette correspondance indissoluble lorsque la canso est confrontée à l’épreuve de la transposition dans une culture autre, de la réécriture, de la traduction. Pour envisager plus précisément un tel objectif, le colloque s’organisera autour des trois parcours de recherche suivants :

- Lectures des Troubadours

Il s’agira d’étudier non seulement la façon dont la lyrique provençale a inspiré une certaine façon de chanter l’amour en Occident, mais d’observer aussi les parcours accomplis par les cansos et les partimens : comment ces productions ont-elles circulé dans l’espace qu’aujourd’hui nous appelons Europe ? Quelles formes poétiques sont redevables aux troubadours et en quelle mesure ? Comment ces formes anciennes en circulation depuis le Moyen Age dans toute l’Europe et outre Atlantique à l’époque moderne ont inspiré à nouveau des poètes (Erza Pound, Haroldo et Augusto de Campos) aussi bien que des travaux critiques (René Nelli, Joë Bousquet…)

- Traduire les Troubadours

Comment l’héritage troubadouresque survit à travers les époques ? À l’aide de quelles traductions ? Et comment traduit-on les troubadours ? Parvient-on à défaire le lien indissoluble qui tient enveloppés les figures et les thèmes de la lyrique amoureuse avec leurs « mesures » et langues occitanes ? Si oui, au prix de quoi ? S’agit-il d’une transcréation ? Des analyses formelles des traductions seront les bienvenues ainsi que de plus amples analyses sur l’histoire des traductions des œuvres troubadouresques et leur circulation dans l’espace mondial.

- Troubadours et modernité

A l’appui des réflexions des poètes de la modernité (comme Ezra Pound, Augusto et Haroldo de Campos, les Oulipiens...) nous poserons encore la question de savoir ce qui fait de la modernité l’âge d’or de la lecture, la réécriture et la traduction des troubadours. Nous insisterons sur le lieu inaliénable qui unit la problématique de l’amour et la forme poétique à la fois extrêmement codifiée et inventive des cansos sans laquelle l’amour ne peut être dit. Cette exigence, ces contraintes sont, en effet, d’une certaine manière, à la base des recherches oulipiennes en France, des poèmes concrétistes au Brésil, des innovations d’Ezra Pound, entre autres.

 

Informations pratiques

Langue des communications : français, anglais, italien.

Durée des interventions : 30 minutes, discussion incluse

Longueur du texte pour les actes : env. 30 000 signes.

Le colloque ayant lieu à Aix-en-Provence 21 au 23 novembre 2013, vous êtes invités à nous faire parvenir un titre et une proposition de communication de 500 mots, ainsi qu'une courte notice biobibliographique avec vos coordonnées (email, téléphone et adresse) et votre institution d’attache, avant le 15 juin 2013, à l’adresse suivante :  modernitesdestroubadours2013@gmail.com