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Mobilité, espace et temps. Quelle mémoire pour la réalité augmentée?

Mobilité, espace et temps. Quelle mémoire pour la réalité augmentée?

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Etienne Faugier)

Mobilité, espace et temps. Quelle mémoire pour la réalité augmentée ?
Space, Time and Mobility. Which Memory for Augmented Reality?

Appel interdisciplinaire: histoire, sociologie, ethnologie, géographie, analyse littéraire


Numéro dirigé par :
Étienne Faugier Doctorant en histoire contemporaine Université Laval (Québec), Université Lumière – Lyon II, Laboratoire LER
Arnaud Passalacqua Maître de conférences en histoire contemporaine Université Paris 7 Denis Diderot, Laboratoire ICT


Marcel Proust décrit comme réalité augmentée la perception de la vie moderne qu'offrent les déplacements motorisés. Assurément les nombreuses facettes de la mobilité contemporaine permettent en effet de concevoir différemment de nos ancêtres le rapport que nous entretenons à l'espace et au temps. Les déplacements pédestres et cyclistes offrent ainsi un regard direct vis-à-vis du paysage, quand le chemin de fer, l'automobile ou l'avion produisent un regard sur l'environnement biaisé par la vitre et la vitesse collective ou individuelle (Mauch & Zeller, 2008).
A la façon des travaux s'étant intéressés au paysage des transports (Desportes, 2005), ce numéro propose donc de s'intéresser, d'une part, à la place des systèmes de mobilité dans le paysage mémoriel et, d'autre part, à la vision qu'offrent les systèmes de mobilité du paysage mémoriel. Cette proposition n'est pas sans paradoxes. Le déplacement est par essence évanescent et, de ce fait, sa dimension mémorielle – voire patrimoniale – semble délicate à saisir. L'histoire des transports semble souvent prendre l'allure d'une longue accélération permettant aux hommes et aux marchandises de s'abstraire des notions de temps et d'espace pour atteindre une quasi-ubiquité. Dès lors comment considérer l'idée de mémoire, qui suppose un cadre spatio-temporel stable ? Le rapport de notre société au temps est d'ailleurs une question d'actualité, notamment par l'attention portée aux notions de vitesse (Studény, 1995) et d'accélération (Rosa, 2005). Celle de temps est toujours difficile à définir ; elle échappe souvent à l'historien même s'il s'applique à étudier une portion du temps, le passé. Dans le cadre de ce numéro, nous proposons de définir le temps comme étant les changements de registre qui s'effectuent lorsque l'on passe d'un mode de déplacement à un autre. Changer de mode produit une accélération ou un ralentissement de l'espace-temps de l'usager, y compris dans le champ mémoriel.
Dans l'optique engagée par ce numéro, des interrogations surgissent immédiatement qui peuvent servir de bornes indicatives tout au long de nos réflexions : les modes de déplacement sont-ils également moteurs d'un déplacement de la mémoire qui ne retiendrait qu'une partie de leur réalité ? Quelle déformation mémorielle introduisent les modes de déplacement connus aujourd'hui ? Dans quelle mesure se différencie-t-elle de celles de modes plus anciens, toujours pratiqués ou ayant disparu ?
Plusieurs pistes de recherche pourront être empruntées, parmi lesquelles :

  •  les rapports distincts à l'espace et au temps des différents systèmes de transport ;
  •  les effets différenciés des différents systèmes de transport sur la mémoire ;
  •  le lien entre le régime de la grande vitesse (trains à grande vitesse, mode aérien, course automobile...) et mémoire ;
  •  la question des paysages qu'imposent les différents modes de transport de manière à être opérationnels et concurrentiels et leurs possibles impacts sur la construction de l'État-Nation (réorganisation de l'espace, hiérarchisation, normalisation des déplacements, essor du phénomène de la périurbanisation…) et sur l'individu (sentiment d'appartenance, augmentation du territoire contrôlé, nouvelle vision de l'espace…) ;
  •  l'influence des changements de mode de transports sur d'autre formes de mémoire que celle historique, comme la mémoire rétinienne ou la mémoire sensorielle, notamment lors du passage d'un mode rapide et aseptisé (TGV) à un mode où le corps est plus impliqué (vélo, marché à pied...) ;
  •  le concept de temporalité remis en question par l'immédiateté que semblent permettre de nombreux systèmes contemporains de transport ou par l'éloge de la lenteur (Sansot, 1998) qui accompagne l'intérêt perceptible des formes de déplacement qui semblaient enfouies dans une mémoire lointaine (vélo, cheval...).


Cet appel à contributions ne se restreint ni à une discipline, ni à un cadre géographique ou temporel, ni à un mode de transport. En croisant les approches (histoire, sociologie, ethnologie, géographie, analyse littéraire…), les lieux et les époques, il s'agit bien de cerner le paysage mémoriel de la mobilité. De ce fait, des études transversales et à dimension relationnelle (étude croisée, étude comparée…) seront appréciées.


Votre proposition comprendra un résumé d'une page et un court CV en français ou en anglais à envoyer avant le 15 décembre 2010 par courrier électronique à mobilityspacetime@gmail.com. Les articles (de 30 000 à 60 000 signes), reçus avant le 1er avril 2011, seront évalués par un comité de lecture.
Pour plus d'informations, consultez le site de la revue : http://cm.revues.org/
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Issue directed by:
Étienne Faugier, PhD candidate in contemporary history, Laval University and Lumière – Lyon 2 University, LER Laboratory
Arnaud Passalacqua, assistant professor in contemporary history, Paris Diderot – Paris 7 University, ICT Laboratory


Marcel Proust used to describe as augmented reality the perception of modern life offered by motorized mobility. Indeed many faces of contemporary mobility lead to conceive our relationships to space and time in a different manner from that of our ancestors. By foot or
riding a bicycle, you directly look towards the landscape, whereas trains, cars or planes produce a view on the environment altered by the windshield and collective or individual speed (Mauch & Zeller, 2008).
Following works published on the landscape of transport (Desportes, 2005), this issue intends to consider, on the one hand, the role of mobility systems in the memorial landscape and, on the other hand, the vision of the memorial landscape offered by mobility systems. By the way, this proposal faces up to a paradox: moving is essentially evanescent and, thus, the memory – possibly even the heritage – of mobility is really hard to catch. The history of transport often seems to tell a long-term acceleration which enables men and goods to get rid of space and time and to reach a quasi-ubiquity. Then how can we consider the idea of memory, which supposes a stable frame of space and time? Moreover the relationship of our society to time is a present topic, particularly the notions of speed (Studény, 1995) and acceleration (Rosa, 2005). The concept of time is hard to define, even for the historian, despite its work on a portion of time: the past. This issue proposes to consider time as range changes, when you leave a mobility system for another. Modal changes produce acceleration or slowdown of the user's time-space, even in the field of memory.
The point of view of this issue makes several questions immediately arise, which can be considered indicative milestones along our reflexion. Are mobility systems the engine of a memory shift, so that memory just records part of their reality? Which memory deformation produce the nowadays mobility systems? In which extent is it different from that of ancient systems, still existing or already disappeared?
Many paths would probably be useful for the authors, among them:
 the differentiated relationships to space and time of various mobility systems;
 the differentiated effects on memory of various mobility systems;
 the links between the high-speed era (high-speed trains, planes, motor races...) and memory;
 the problem of landscapes imposed by various mobility systems in order to be efficient and competitive and their impact on the building of Nation-States (space reorganization, hierarchy, mobility normalization, urban sprawl…) and on human being (feeling of belonging, increasing controlled territory, new vision of space…);
 the influence of modal changes on kinds of memory which are not historical, such as retinal memory or sensory memory, particularly when shifting from a speedy and sterile means of transport (high-speed train) to another one, in which the body gets more implied (bike, foot...);
 the concept of temporality questioned by the immediacy that many contemporary mobility systems seem to procure or by the praise of slowness (Sansot, 1998) which accompanies the noticeable and new interest in kinds of moving which seemed to be buried in a deep memory (bike, horse...).


This call for papers is not restrained to a discipline, a geographical or temporal frame or a means of transport. By crossing approaches (history, sociology, ethnology, geography, literature...), places and periods, our aim is to draw a picture of the memorial landscape of mobility. Hence, transverse studies and comparative or transnational history will be appreciated.


We invite authors to submit proposals (one page) and a short resume by December 15th 2010 to mobilityspacetime@gmail.com. Contributions (30 000 to 60 000 signs) will be accepted in French or English, should be sent before April 1st 2011 and will be peer reviewed.
For more information, please visit the following website: http://cm.revues.org/