Agenda
Événements & colloques
Journée d'études :

Journée d'études : "Mobilisations par la vulnérabilité. Perspectives féministes sur l'agir et le résister" (Montpellier)

Publié le par Aurelien Maignant (Source : Valeriya Voskresenskaya)

Journée d'études : "Mobilisations par la vulnérabilité. Perspectives féministes sur l'agir et le résister"

 

La journée se tiendra le jeudi 4 octobre 2018, de 9h30 à 18h30, à l'Université Paul-Valéry Montpellier, site Saint-Charles (Rue du Professeur Henri Serre, 34090 Montpellier), salle des colloques 2. Accès en tramway : L1/L4, arrêt Place Albert 1er.

 

ORGANISATION : Aurélie Knüfer (CRISES) et Valeriya Voskresenskaya (CRISES)

 

 

PRESENTATION

Loin d'être un phénomène unifié, la vulnérabilité prend des formes multiples et se différencie quant à ses causes et ses degrés, ou encore selon ses contextes. Cependant, on tend souvent à la réduire à une sorte de passivité fragile et impuissante, à une réceptivité inerte qui exclut tout agir, à un être-affecté dépourvu de toute puissance d’affecter. Le fait d’être vulnérable suffit-il pour ôter au sujet sa capacité d’agir ? La notion de vulnérabilité n’indique-t-elle pas une possibilité d’action qui émerge du fond même du pathos, et qui, dans la situation d’impuissance, se mobilise contre la dépossession et l’injustice ? Et agir, n’est-ce pas aussi en même temps « être vulnérable dans son audace » (E. Gilson, The Ethics of Vulnerability) – se mettre en risque, s’exposer ?

Judith Butler, dans un collectif récent Vulnerability in Resistance (2016), désigne comme une « tâche féministe » (p. 25) le dépassement de l’opposition binaire entre, d’une part, la vulnérabilité comprise comme passivité et faillibilité et, d’autre part, la capacité d’agir (agency) et de résister comme propriété du sujet invulnérable. Pour elle, cette tâche inclut l’inscription de la vulnérabilité dans le champ de l’action politique, et pose la question de « comment penser conjointement la vulnérabilité des femmes et les modes d’agir féministes »[1]. Dans une telle conjonction, la « vulnérabilité des femmes » n’entraîne point la détermination essentialiste du féminin par la passivité et la dépendance, mais elle permet plutôt de dénoncer la situation politique et sociétale des femmes (liée à la précarité, aux violences, à la victimation, à l’exclusion et à l’invisibilisation des femmes, etc.). La vulnérabilité n’est donc pas réservée aux femmes comme une sorte de propriété naturelle, mais elle relève de ce que Butler appelle la « distribution différentielle » de la vulnérabilité et rejoint ainsi la multiplicité des formes de vulnérabilité et de précarité portées par les mécanismes différenciés d’oppression et de dépossession.

Dans le cadre de cette journée d’étude, il s’agit de porter à la réflexion aussi bien les formes et les stratégies de la distribution différentielle de la vulnérabilité que les modalités d’agir et de résister en restant vulnérable, ainsi que les pratiques d’émancipation qui mettent en avant l’empowerment féminin. Du Girl Power à la Women’s March, de la sororité, des luttes de masse et les coalitions intersectionnelles à l’auto-défense et au self-care : autant de réponses à des vulnérabilités induites, inégalement distribuées, réponses qui ne consistent pas à nier la vulnérabilité, mais au contraire la mobilisent. En nous inspirant du projet butlérien, nous nous tournons vers les théories et les recherches féministes, afin de mettre en question la prétendue incompatibilité de la vulnérabilité et de l’agir, de saisir et d’approfondir le potentiel de la vulnérabilité en tant que force mobilisante et condition inébranlable de la résistance et de l’action politique.

[1] J. BUTLER, “Vulnerability, Precarity, Coalition,”/« Vulnérabilité, précarité et coalition » (tr. J.-M. Landry et F. Boursiquo), in D. Gardey & C. Kraus (eds.), Politiques de coalition : Penser et se mobiliser avec Judith Butler/Politics of Coalition: Thinking Collective Action with Judith Butler, Zurich/Genève, Seismo, 2016, p. 250.

 

PROGRAMME

9h30                  Accueil des participant.e.s et petit déjeuner

10h-11h             Conférence d’ouverture par Estelle Ferrarese (Université de Picardie)

« La vulnérabilité face “au” politique. Dépasser les fausses antinomies »

Session 1 (11h-12h10)

11h-11h25         Éloi Paradis-Deschênes (Université d’Ottawa)

« Résistance, mobilisation et vulnérabilité partagée : Butler et quelques pratiques alternatives d’émancipation »

11h25-11h50     Vanina  Mozziconacci (ENS Lyon, COMOD/Triangle)

« Concevoir l’autonomie depuis une anthropologie de la vulnérabilité. Autonomie relationnelle féministe, care et éducation »

11h50-12h10     Discussion

12h10-13h30 Déjeuner des participant.e.s

Session 2 (13h30-15h15)

13h30-13h55     Anne-Cécile Caseau (Université Paris 8, LEGS)

« Lever la voix : La vulnérabilité comme ressource d’une subjectivation politique ? »

13h55-14h20     Elsa Tyszler (Université Paris 8, CRESPPA)

« De la mise en vulnérabilité des femmes à la frontière maroco-espagnole. Politiques migratoires et résistances migrantes »

14h20-14h45     Anastasia-Athénaïs Porret (Université Paris Diderot 7, LCSP)

« Mise en vulnérabilité consciente et empowerment : Les conversions féminines à l’Islam en Europe »

14h45-15h15     Discussion

15h15-15h35 Pause café

Session 3 (15h35-17h20)

15h35-16h         María Martínez (Université de Californie/Université du Pays Basque)

« Habiter notre vulnérabilité comme modalité d’action (collective) autre »

16h-16h25         Selen Göbelez Dumas (EHESS-Marseille)

« Les corps accouchent : vulnérable et puissant »

16h25-16h50     Aurélia Léon (Université Lyon 2, Centre Max Weber)

« Autodéfense féministe : de la défense de soi à la construction de la cause »

16h50-17h20     Discussion

17h30-18h30     Conférence de clôture par Elsa Dorlin (Université Paris 8) : titre à préciser