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Migrations, Exils, Errances, Ecritures

Migrations, Exils, Errances, Ecritures

Publié le par Florian Pennanech (Source : Yan Brailowsky)

Le Centre de RechercheEspaces/Ecritures (CREA, EA 370) de l'université Paris Ouest NanterreLa Défense envisage un travail à long terme en collaboration avec laBDIC et la Cité Nationale de l'Immigration, en collaboration avecl'Université McMaster (Ontario, Canada) sur le thème Migrations, Exils, Errances, Ecritures.

Début juin 2010 auront lieu une journée d'étude et/ou un colloquequi pourraient réunir d'une part les collègues de Paris Ouestintéressés par un tel travail et certains de nos partenaires étrangers.C'est dans une perspective résolument transdisciplinaire , que nousenvisageons ce travail qui réunira des collègues de sciences humaineset sociales.

Par la suite, deux colloques internationaux seront organisés (juin 2011 et 2013).Les collègues de Paris Ouest, quelle que soit leur discipline (droit,sociologie, ethnologie, histoire, géographie, lettres, philosophie etlangues) sont cordialement invités à nous contacter en nous indiquantquel aspect de la question ils souhaitent ajouter, et peuvent d'ores etdéjà proposer des pistes de recherches, ou des titres decommunications. Nous souhaitons qu'ils n'hésitent pas à solliciterleurs doctorants .

Nous vivons dans un monde où les frontièress'abolissent, se transforment et se reforment dans d'incessantesfluctuations. Une totale recomposition de la géographie politique,économique et culturelle est en cours. Les chemins s'ouvrent et semultiplient pour les errances comme pour les exils sans qu'il y aittoujours de retour possible. Les espaces décloisonnés qui sont lesnôtres sont autant de lieux nouveaux pour une quête de soi, qu'ellesoit choisie dans la révolte contre un ordre établi, mûrement élaboréedans un projet de questionnement philosophique, ou imposée par desconditions historiques, politiques, économiques qui ont mené au départ.

Les routes de l'errance se tracent dans la difficileréalité dont elle s'origine et dans laquelle elle s'enracine maiségalement dans le désir d'un monde rêvé, celles de l'exil s'inscriventsouvent dans la perte et un deuil impossible, faisant de l'imaginaireou de la mémoire l'ultime espace où demeurer.

L'exil se comprend alors, ainsi que l'explique Shmuel Trigano dans Le Temps de l'exil(18-19), comme "une expérience, de la perte, de la disparition, del'absence" : perte de l'espace qui est nécessairement un espace-temps,celui d'"avant la cassure du départ", mais également perte de l'être :"l''exil 'déracine' le moi" affirme également Trigano. Perdant cetespace qui l'habite, l'exilé se retrouve comme dépouillé de lui-même :l'expérience de l'exil s'apparente ainsi à celle de la mort.

La solitude qui accompagne l'éclatement du monde et descommunautés d'autrefois peut ainsi conduire à penser que les lieux] del'imaginaire et de la mémoire se multiplient au rythme des migrations,s'atomisant dans la diversité des parcours des uns et des autres.

Lorsque le lieu de chacun devient une "patrieimaginaire"( Salman Rushdie), la création qu'elle soit littéraire,plastique ou picturale apparaît avec force comme le langage nécessairepour exprimer l'expérience des migrations, des exils et des errances.La contrée de prédilection de l'exilé n'est alors autre que le langagecar c'est à travers la parole, celle du récit, du souvenir, de lanostalgie, que l'exilé redécouvre la présence, présence au monde, à soiet à l'autre.

Ainsi, pour reprendre à nouveau les concepts de Trigano(108) "il ne s'agit plus pour la conscience de réduire la perte [...]mais de la faire imploser". C'est le même mouvement qui préside auprocessus de déterritorialisation / reterrritorialisation décrit parDeleuze : "la racine principale a avorté [...] vient se greffer surelle une multiplicité immédiate et quelconque de racines secondairesqui prennent un grand développement" (Mille Plateaux,12). Ainsi, l'expérience de l'exil conduit l'artiste à errer à lafrontière, à hanter les marges du langage, à s'ouvrir à d'autreslangues, pour devenir cet "hôte [...] dont le métier est de demeurervulnérable à de multiples présences étranges, qui doit garder ouvertesà tous les vents les portes de son logis du moment.” (G. Steiner, Extraterritorialité, essai sur la littérature et la révolution du langage48). La langue devient alors un nouvel espace de reterritorialisation,et l'écrivain "un sorcier [...] parce qu'écrire est un devenir, écrireest traversé d'étranges devenirs qui ne sont pas des devenirs-écrivain,mais des devenirs-rat, des devenirs-insecte, des devenirs-loup, etc." (Mille Plateaux, 293-4)

Ce projet pluriannuel transdisciplinaire pourraits'inscrire dans la dynamique des pôles, et plus particulièrement danscelle du pôle Tout Monde.