Actualité
Appels à contributions
Microcosme et macrocosme, les avatars d'une idée

Microcosme et macrocosme, les avatars d'une idée

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Camille Tauveron)

Microcosme et macrocosme, les avatars d'une idée

Journées d'étude « Ésotérisme Littérature Philosophie », à l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm, 12-13 décembre 2008

Le principe selon lequel un réseau d'analogies occultes relierait lemonde d'en bas avec le monde d'en haut constitue, selon l'historien A.Faivre, le premier élément fondamental de la pensée ésotériqueoccidentale. Selon les textes platoniciens, gnostiques ethermético-alexandrins, abondamment glosés au Moyen Âge par les Pères etles docteurs de l'Église, puis repris inlassablement à la Renaissancepar les érudits hermétisants et par les kabbalistes chrétiens, l'hommeet l'univers, microcosme et macrocosme, ne peuvent être lus ni comprisqu'en regard, car ils se contiennent – et s'illustrent – mutuellement.

Dans l'histoire de l'ésotérisme occidental, on sait que cette idéen'est pas demeurée stérile. Pendant des siècles, elle a servi de modèlethéorique sous-jacent aux pratiques de l'alchimie et de l'astrologieainsi que, dans la culture juive, à celles de la kabbale. Après avoirjoui d'un nouvel essor à la Renaissance, elle a ensuite inspiré lamédecine holistique de Paracelse, la théosophie mystique de Böhme, lesfresques visionnaires de l'au-delà de Swedenborg. Si, à partir de lafin du XVIIe siècle, les sciences de la Nature l'ont jugée nonpertinente pour l'explication des phénomènes physiques, elle n'en étaitpas moins, désormais, profondément enracinée dans l'imaginairephilosophique, artistique et littéraire de l'Occident.

S'interroger, dans une perspective interdisciplinaire, sur la présence– ou sur la résurgence – de ce modèle de pensée au sein de différentsdomaines de la littérature et de la pensée occidentale depuis le MoyenÂge, cela revient, selon nous, à relever deux genres de défis. D'uncôté, il s'agit de comprendre quelles sont les formes esthétiques etsémiotiques qu'a pu revêtir le principe d'analogie micro-macrocosmique,une fois qu'on l'a dégagé de son contexte naturel, de type spéculatif,pour l'appliquer à des contextes différents, littéraires, artistiquesou autres. La diversité virtuelle de ces formes tient, noussemble-t-il, à la nature même du principe en question, qui s'avère êtred'une souplesse et d'une générativité remarquables (que l'on songe parexemple à l'imagerie médiévale de l'homme-microcosme, développée pardes auteurs tels Hugues de Saint-Victor et Hildegarde de Bingen, etdont les traces se
retrouvent dans les romans en vulgaire de la même époque, ou auxramifications, fort connues, de l'idée de correspondances chezBaudelaire, ou encore aux poèmes « cosmiques » du dernier T.S. Eliot).En filigrane de cette réflexion, il y a évidemment la question plusgénérale, qu'il ne faut pas perdre de vue, de l'influence du mode depensée dit « ésotérique » sur les arts et la littérature occidentaux.Sans avoir l'audace de vouloir épuiser un tel sujet, nous voudrionstout de même esquisser les traits principaux de cette interaction.

À un deuxième niveau, l'étude de ce genre d'emprunts favorise le retourde la réflexion sur le modèle de pensée en question. D'où provient, eneffet, l'idée de l'analogie micro-macrocosmique, pivot conceptuelautour duquel se sont organisés, au sein de notre culture, quelquesmillénaires de spéculations anthropologiques et cosmologiques, mais quiest répandue également dans les traditions religieuses d'Orient?Qu'est-ce qui l'a rendue aux yeux de l'homme occidental, des sièclesdurant, un instrument apte à penser le réel? Et enfin: à notre époque,l'époque du « désenchantement du monde », quelle est la fonction d'unmodèle de pensée célébrant la cohésion ontologique de toutes choses,assurée par d'invisibles signatures, et réaffirmant, par là même,l'unité ultime de l'univers? C'est à ce genre de questions,croyons-nous, que l'étude des avatars philosophiques, littéraires etartistiques de l'idée d'analogie
micro-macrocosmique peut apporter des premiers éléments de réponse.

Nous aimerions accueillir des intervenants aux champs de recherchevariés (philosophie, littérature française, étrangère et comparée,histoire de l'art...).

Les propositions de communication (un titre etune page) sont à adresser avant le 15 septembre 2008 par mail à CamilleTauveron (camille.tauveron@gmail.com) et à Francesco Baroni (francesco.baroni@ens.fr).