Colloque annuel de l'ASCALF
Institut français, Londres 30 novembre-1 décembre 2001
L'effritement de l'empire français date des années 1950 et 1960 mais cet empire reste d'un intérêt capital pour de nombreux artistes du monde francophone - par exemple, les films de Claire Denis (Chocolat, Beau travail), Monné, outrages et défis d'Ahmadou Kourouma, et L'Exposition coloniale d'Eric Orsenna (prix Goncourt 1988).
L'an 2001 marque l'anniversaire de deux événements qui représentent peut-être les deux pôles de l'histoire impériale: c'est le 70e anniversaire de l'Exposition coloniale, l'apogée du triomphalisme impérialiste, et c'est aussi le 40e anniversaire de la Bataille de Paris à la fin de la désastreuse guerre d'Algérie.
Comment a-t-on représenté ces événements à l'époque et quelles sont les mémoires dominantes de nos jours? Quels sont les enjeux quand on parle actuellement de l'empire? Peut-on parler d'une mémoire post-coloniale distincte face à laquelle il faut opposer un discours monolithique, raciste et patriarchal de commémoration coloniale?
2001 marque aussi le 40e anniversaire de l'assassinat de Patrice Lumumba, héros de l'indépendance congolaise et symbole de la résistance anti-coloniale pour toute une génération d'Africains.
Cet anniversaire nous rappelle non seulement la nature pernicieuse du colonialisme belge mais aussi que les puissances européennes n'ont pas simplement abandonné leurs colonies au moment de l'indépendance.
Qu'est-ce qui s'est passé au juste pendant la décolonisation? L'Afrique est-elle devenue vraiment indépendante ou subit-elle une forme de colonisation plus insidieuse? Et que penser des DOM-TOM qui ont refusé la rupture avec l'empire?
Bien que les DOM-TOM soient partie intégrante de la nation française, leurs mémoires de l'empire sont loin d'être celles des Français métropolitains, phénomène qu'on a remarqué lors du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage en 1998.
La dénonciation des crimes du colonialisme est un thème majeur et de la littérature et du cinéma francophones post-coloniaux. Beaucoup d'artistes post-coloniaux cherchent à créer une histoire du colonialisme qui contrecarre celle proposée dans le discours impérialiste. Cette histoire post-coloniale serait donc capable de révéler les conflits et les actes de résistance qui sont effacés dans la version du colonisateur.
Cependant est-il juste de prétendre que le colonisateur, emmuré dans la propagande impérialiste, n'a rien à nous apprendre sur les anciennes colonies? Que penser alors du respect profond de gouverneurs coloniaux tels Faidherbe et Delavignette pour les sociétés africaines? Que penser du rôle de Victor Schoelcher entre autres dans l'abolition de l'esclavage? Et les mouvements anti-coloniaux en France? Et comment parler des colonies comme l'Algérie où la population européenne est elle-même 'indigène'?
Ce colloque réunira des experts de la culture coloniale et post-coloniale afin d'élaborer une généalogie plus complexe et plus inclusive des études francophones 'postcoloniales'. En effet, le colloque montrera que les études 'postcoloniales' réunissent les deux périodes d'avant et d'après le colonialisme.
Avant tout, le colloque cherchera à problématiser les modèles réductivistes des études postcoloniales qui opposent un discours monolithique et raciste de l'époque coloniale à une hybridité libératrice de la période post-coloniale.
Les communications porteront sur les thèmes suivants:
- des études comparatistes de textes coloniaux et post-coloniaux
- mémoire coloniale dans différents médias
- l'importance des différentes expositions coloniales dans la construction d'un 'imaginaire colonial'
- les représentations contemporaines de l'empire en France/Belgique
- la mémoire de l'empire dans les DOM-TOM
- discours anti-colonial et nationalisme
- décolonisation et néo-colonialisme
- mémoire et/ou commémoration
Veuillez envoyer un résumé d'environ 300 mots, en français ou en anglais, à:
David Murphy
French Section
School of Modern Languages
University of Stirling
Stirling FK9 4LA
Ecosse
E-mail: d.f.murphy@stir.ac.uk
Tel. (00)(44)1786-467535
Fax (00)(44)1786-466255.
La date limite est fixée au 9 juillet 2001.