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Mémoire des camps, mémoire des corps. Shoah de Lanzmann et S21 de Rithy Panh

Mémoire des camps, mémoire des corps. Shoah de Lanzmann et S21 de Rithy Panh

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Emmanuel Alloa)

Mémoire des camps, mémoire des corps.Shoah de Lanzmann et S 21 de Rithy Panh

Séance de séminaire en présence de Rithy Panh

Sur la destruction des juifs d’Europe, Claude Lanzmann a créé avec Shoah, tourné entre 1976 et 1981, une œuvre-monument qui reste à ce jour inégalée. Avec son film S21. La machine de mort des khmers rouges (2003), le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh a créé une œuvre qui a été, avec raison, décrite comme l’équivalent de Shoah pour la tragédie cambodgienne. À plus d’un titre, en effet, les procédés des deux réalisateurs sont proches, puisqu’il s’agit de faire émerger les souvenirs enfouis en faisant revenir les acteurs (détenus et bourreaux) sur les sites du crime. Claude Lanzmann a théorisé cette approche dans un texte-manifeste intitulé "La parole et le lieu", expliquant que si le lieu souvent ne gardait plus aucune trace visible de l’extermination, celui-ci peut en revanche mettre en mouvement un travail de mémoire : là où il n’y a rien à voir, il y a tout à entendre.

L’approche de Rithy Panh, qui, sur certains points – comme l’usage d’images d’archives –, se distingue nettement du procédé lanzmannien, repose la question du statut de l’image dans un film sur le génocide. Sa focalisation sur les gestes des bourreaux, qui trahissent souvent une autre mémoire corporelle émergeant sous un discours du déni parfaitement maîtrisé, permet également – par effet de retour – un regard nouveau sur Shoah de Lanzmann. Loin de n’être que deux symboles d’une nouvelle histoire orale auxquels on les a trop vite ramenés, Shoah et S21 rendent tous deux compte d’une dimension essentielle de la mémoire de l’extrême : le désenfouissement d’une couche préverbale qui se traduit par la réactivation de gestes oubliés.

> "L’Image témoin : l’après-coup du réel", séminaire en 10 séances sous la direction d’Emmanuel Alloa, philosophe, en collaboration avec le département d’Arts Plastiques de l’Université Paris 8.

> "Mémoire des camps, mémoire des corps. Shoah de Lanzmann et S 21 de Rithy Panh".
Huitième séance du séminaire L'image-témoin. L'après-coup du réel avec Rithy Panh, réalisateur, et Emmanuel Alloa, philosophe.


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Le vendredi 22 mars à 18 h 30, à l'auditorium du Jeu de Paume.
Entrée : 3 euros / Gratuite sur présentation du billet d'entrée aux expositions (valable uniquement le jour même) et pour les abonnés du Jeu de Paume.