Revue
Nouvelle parution
Mélusine n°27: Le Surréalisme et la science.

Mélusine n°27: Le Surréalisme et la science.

Publié le par Marc Escola (Source : Maxime Abolgassemi)

L’histoire qu’on lira dans le présent dossier commence par la rencontre au Val-de-Grâce, autour d’une table à dissection, de deux étudiants en médecine, poètes à leurs heures. Le surréalisme n’aurait pas pris l’orientation que nous lui connaissons, notamment dans ses rapports avec la science, si deux de ses principaux animateurs, Aragon et Breton, n’avaient pas eux-mêmes pratiqué la médecine en temps de guerre et, parce qu’ils avaient une complexion de poètes, en étaient ressortis avec d’intenses frustrations.
De là leur enthousiasme non dissimulé pour Dada qui avait le mérite, à leurs yeux, de balayer tous les principes ayant conduit à ces ruines ambiantes. Ils approuvent absolument le dédain qu’exprime Tristan Tzara envers l’esprit scientifique dans son Manifeste Dada 1918 : « La science me répugne dès qu’elle devient spéculative-système, perd son caractère d’utilité – tellement inutile –mais au moins individuel. »
Dégagé de ses langes, le surréalisme continue d’affirmer le même mépris pour une civilisation qui n’a pas su prévenir un tel désastre intellectuel et humain. À son habitude, Aragon surenchérit au cours d’une conférence madrilène: « Je maudis la science, cette soeur jumelle du travail. » Il faut dire, à sa décharge, qu’il avait été dépassé, et de loin, par Antonin Artaud dans sa Lettre aux Médecins-Chefs des Asiles de Fous.
Cette attitude offensive, visant les pouvoirs d’établissement, comme aurait dit Pascal, et particulièrement les forces positivistes, était sans doute nécessaire au sortir du carnage. Il fallait absolument redonner au rêve, à l’imagination, à la pensée analogique même, la place qu’on leur avait confisquée. C’est ainsi que Breton fera état, dans le Second Manifeste du surréalisme, d’une prédiction du Commandant Choisnard selon lequel une conjonction d’Uranus et de Saturne, serait susceptible d’engendrer une « une école nouvelle en fait de science ». Or, précise-t-il, cette conjonction caractérise le ciel de naissance d’Aragon, d’Éluard et le sien.

Contributions : Maxime ABOLGASSEMI, Anne-Marie AMIOT, Jean ARROUYE, Henri BÉHAR, Guillaume BRIDET, Arnaud BUCHS, Alain CHEVRIER, Estrella DE LA TORRE, Marc DÉCIMO, Catherine DUFOUR, Fabrice FLAHUTEZ, Émilie FREMOND, Sjef HOUPPERMANS, Jean-Pierre LASSALLE, Agnès LHERMITTE, Alessandra MARANGONI, Jean-Claude MARCEAU, Basarab NICOLESCU, Graziella PHOTINI-CASTELLANOU, Astrid RUFFA, Georges SEBBAG, Iveta SLAVKOVA, Stephen STEELE et Anne-Françoise BOURREAU-STEELE, Jean VOVELLE, John WESTBROOK.