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Appels à contributions
Médias et engagements patriotiques. Les médias français en question

Médias et engagements patriotiques. Les médias français en question

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Dr. Augustin Emmanuel Ebongue)

Médias et engagements patriotiques. Des pratiques  médiatiques françaises en question

Projet d’ouvrage collectif

Sous la coordination de Dr. Augustin Emmanuel Ebongue, Université de Buea, Cameroun

 

Chaque pays dispose des médias pris dans le sens américain du terme, à savoir moyen de communication de masse ou ‘’mass media’’. Et ces médias renvoient au monde entier le regard propre à chaque pays. Qu’ils soient pro-occidentaux, ou adoptent la ligne éditoriale d’Afrique Médias qui dénonce la mainmise de l’Occident sur le continent africain[1], les médias africains ont un regard sur le monde, même si celui-ci reste fortement influencé par les puissants médias occidentaux tels que BBC, CNN, RFI, France 24, Libération, Le Monde, Le Figaro, New York Time, Mailer Sunday, etc. Et dans Messina et Ebongue (éds.) (2014), nous signalons que les médias africains sont tout simplement des médias de relais, en ce sens qu’ils prennent l’information auprès des premiers pour la relayer dans les coins et recoins de la planète terre. Les médias occidentaux ont leur regard sur le monde. La caractéristique fondamentale de la civilisation médiatique occidentale est son apparente disposition à respecter le fameux principe de neutralité que prescrivent les écoles de journalisme, lequel principe assure la pertinence et la validité de l’information à communiquer. Ne nous voilons pas les yeux : ce respect ne s’est jamais fait à la lettre. Charaudeau (1997) préfère parler du « jeu d’objectivité » qui caractérise les hommes et les femmes de médias  dans l’exercice de leur métier. Que de nombreuses subtilités multiformes visant à prendre position relevées dans ces médias occidentaux!

C’est le regard médiatique français qui nous intéresse dans le présent appel à contributions qui a pour ambition de regrouper des travaux examinant le regard des médias français sur le monde, ou tout simplement le regard français sur le monde à travers les médias. Qu’est-ce qui caractérise ce regard ? Y a-t-il des prises de position, des dits ou des non dits ayant la finalité de se ranger dans un camp ou dans l’autre ? Comment les hommes et les femmes de médias prennent-ils position à partir des pratiques médiatiques, eux qui se livrent au jeu d’objectivité avec succès, donnant ainsi l’impression qu’ils sont neutres ou objectifs ? Il s’agit ici de quelques questions dont on attend des contributeurs des éléments de réponse. Comme il est relevé dans Messina et Ebongue (éds.) (2014), les médias occidentaux font preuve d’un patriotisme dans le traitement de l’actualité et l’information mondiales relatives à leurs pays ; l’intérêt supérieur de la nation prime ici ; contrairement à la presse africaine qui, pour un certain nombre de raisons (cf. Messina et Ebongue (2014), semble négliger l’image de marque et l’intérêt de la nation. Ebongue (2014) souligne également que le journaliste africain, à l’exemple du journaliste ivoirien et camerounais, s’investit considérablement dans l’énoncé journalistique, alors que son confrère du Nord y semble moins présent. Ce qui ne veut pas dire qu’il est absent, encore moins qu’il est neutre. Jean-Paul Sartre affirme d’ailleurs qu’il n’y a pas de neutralité dans ce monde. Le journaliste, principalement du Nord, est tiraillé entre/par l’élan patriotique, la ligne éditoriale et l’une des principales exigences du métier du journalisme, à savoir le principe de neutralité. Comment les hommes et les femmes de médias français  privilégient ce dernier au profit des deux premiers ?

Les médias occidentaux à l’instar des médias français prennent généralement position, mais de façon très subtile, dans les questions internationales engageant (in)directement leurs Etats ou leurs lignes éditoriales. Dans un article sous presse, il est examiné de stratégies médiatiques trahissant la prise de position des médias français, dans le journal français Le Point, avant, pendant et après la guerre que George W. Bush Junior déclare à Saddam Hussein. La France de Jacques Chirac était alors contre l’intervention américaine en Irak, et les médias français accompagnaient leur Président et sa position dans le dossier irakien. Si l’on considère des émissions de RFI telles que Mémoire d’Afrique, Mémoire d’un continent, Archives d’Afrique, Débat africain, l’on pourrait par exemple voir la manière dont le/la journaliste, même s’il reconnaît la « responsabilité » de la France dans certains dossiers du continent africain, sauve l’image et l’honneur de celle-ci. Comment comprendre que le/la journaliste qui, d’après Michèle Cotta (1982 : 14), a pour métier « de décoder la réalité, de montrer la réalité derrière les apparences, de confronter les témoignages souvent contradictoires, toujours différents », reste dans le monde des apparences et omettent (volontairement ?) les dessous de certains dossiers brûlants où sont impliqués les pays occidentaux ? Ne s’agit-il pas là d’une prise de position ?

Nous recherchons des contributions qui s’intéressent à toutes les perspectives linguistiques, historiques, médiologiques, philosophiques, sociologiques, anthropologiques, sémiologiques, politologiques, etc. mettant en évidence la fidélité à la ligne éditoriale du média, ou le respect/la préservation de l’intérêt supérieur et l’image de la République française. A cet effet, qu’est-ce qui est dit et comment ? Qu’est-ce qui n’est pas dit ? Pourquoi les dits et les non dits ? Comment les femmes et les hommes de médias français prennent position dans le traitement de l’information internationale ? Même si ces médias revendiquent une objectivité dans le traitement de l’information, l’on n‘oubliera pas que « l’écriture de presse, d’après  Rabatel et Chauvin-Vileno (2006), qui se donne volontiers le leurre légitimant de l’impartialité est en fait travaillée par les tensions de la subjectivisation et de l’objectivisation» ; on se souviendra de Kerbratt-Orrechioni (1980) qui affirme qu’il n’y a pas de neutralité dans le langage. Tous les supports médiatiques sont sollicités : le numérique, le papier, la télévision, la radio, etc. à condition qu’ils révèlent le traitement et la couverture partisans et partiels de l’information dans leurs pratiques médiatiques, le parti pris de celles-ci.

Nous attendons des contributions qui examineront le regard médiatique français dans le monde, aussi bien sur l’actualité en cours que sur les actualités passées ou endormies, en mettant en évidence la prise de position dans le traitement de l’information. Les contributions devraient porter sur les pratiques médiatiques s’inscrivant dans la logique de défendre un camp, en dépit du principe de neutralité exigé dans le métier de journalisme. Les contributeurs  s’interrogeront sur la manière dont les prises de position sont menées dans les articles, les interviews, les reportages, la mise en page, l’écriture journalistique, l’information, etc. Voici quelques pistes non exhaustives :

  • Formes discursives, 
  • Stratégies énonciatives et langagières,
  • Ecriture journalistique,
  • Stratégies sémiologiques et sémiotiques,
  • Rébellions et révolutions médiologiques,
  • Dits et non dits,
  • Argumentation,
  • Etc.

Dates importantes

  • Soumission des résumés : 28 février 2015 au plus tard.
  • Soumission de la contribution finale : 30 mai 2015 au plus tard
  • Publication prévue : Fin 2015

Contact :mediafrancais2015@yahoo.fr

Comité scientifique

- Edmond Biloa, Université de Yaoundé I, Cameroun

- Gérard Marie Messina, Université de Yaoundé I

- Laurent Zang, Université de Yaoundé I, Cameroun

- Jean-Claude Mbarga, ENS-Université de Yaoundé I, Cameroun

- Mathias Eric Owona Nguini, Université de Yaoundé II, Cameroun

- Dieudonné Mbena, Université de Yaoundé I, Cameroun

- Lazare Etoundi Owona, Cameroon Radio and Television

- Aimée-Danielle Lezou Koffi, Université Félix Houphouët Boigny, Côte d’Ivoire

- Ladislas Nzesse, Université de Dschang, Cameroun

- Marie Gérard Noumssi, Université de Yaoundé I,

 

Bibliographie

Charaudeau, Patrick (1997), Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social, Nathan, Paris, coll. « Médias-Recherche ».

Cotta, Michèle (1982), « La vérité des choses et des gens », in Bourret, Jean-Claude et al. (éds.) Nos aventures extraordinaires, Paris, Ige, pp.11-17.

Ebongue, Augustin Emmanuel (2014), « La langue des journalistes dans la presse écrite ivoirienne et camerounaise », in Messina, Gérard-Marie (éds.) Medias et construction idéologique du monde par l’occident, Paris, L’Harmattan.

Ebongue, Augustin Emmanuel, « La contribution des médias occidentaux dans les débats internationaux : Le cas du journal Le Point, une presse française, dans la menace d’une intervention militaire américaine en Irak dans le début des années 2000 », à paraître dans Varia.

Messina et Ebongue (éds.) (2014), Medias et construction idéologique du monde par l’occident, Paris, L’Harmattan.

Rabatel, Alain et Chauvin-Vileno, Andrée (éds.), Enonciation et responsabilité dans les médias, in Semen, Novembre 2006.

[1] Le terme ‘’Occident’’ regroupe ici les pays de l’Europe de l’Ouest et leurs alliés tels que les pays d’Amériques du Nord, le Japon, etc. Il s’agit d’un ensemble de pays ayant une communauté d’intérêts.