[Lire aussi la lettre du Président de Bordeaux 3 au Recteur de Académie 6/5/10]
Quand la mastérisation devient réalité. Lettre de Patrice Brun, président de l'Université Bordeaux 3, 4 juin 2010
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3830
Chers collègues,
L'université Bordeaux 3 proposera l'année prochaine, ainsi que nous nous y étions engagés, des formations au CAPES et à l'agrégation.
L'environnement général, vous le savez, n'est guère favorable. La réforme dite de la mastérisation des concours – il n'est pas nécessaire d'y revenir – risque d'affaiblir à terme la formation disciplinaire et professionnelle des futurs enseignants. Pour le présent, les multiples messages rappelant les énormes difficultés auxquelles nous nous heurtons que j'ai adressés à nos tutelles (rectorat et ministère), sont restés sans réponse concrète. De plus, l'impossibilité de trouver, au sein de la composante IUFM de Bordeaux IV un accord de fonctionnement, nous a placés dans une situation des plus inconfortables.
Pour être fidèle à la mission de formation des enseignants de l'enseignement secondaire qui a toujours fait notre force (les réels succès aux admissibilités aux concours cette année nous y encouragent) et qui est essentielle dans une université comme la nôtre, il est indispensable de maintenir la meilleure préparation possible à ces concours. Pour cela, et dans une enveloppe au final rétractée, il faut faire des choix douloureux. Ces choix ont été guidés par deux soucis : préserver le potentiel recherche de notre établissement à un moment où les évaluations AERES montrent que 10 équipes de recherche sur 13 sont classées A+ ou A et assurer des formations aux concours dignes de ce nom.
Pour trouver l'équivalent horaire aux formations aux CAPES qui ne sont plus financés par l'université Bordeaux IV, aux agrégations dont les cours ne peuvent plus être mutualisés avec ceux du CAPES en raison de la divergence nouvelle des programmes, trois directions ont été privilégiées :
Suppression de certaines actions prévues pour être financées par le PRL. Sur l'enveloppe déjà réduite votée par le dernier CA, il est demandé à toutes les composantes de réaliser une économie de 10% minimum et de présenter à Linda Lawrance , vice présidente déléguée aux formations, leurs nouvelles propositions le vendredi 18 juin au plus tard.
Suppression de charges pédagogiques dans les composantes à hauteur de 5000 h éq. TD.
Non ouverture pour l'année 2010/2011 de certaines préparations aux concours (CAPES d'arabe, de russe, de portugais ; agrégation d'italien).
C'est ce prix douloureux que nous devons acquitter pour poursuivre notre mission. Je ne puis, une nouvelle fois, que regretter et condamner une réforme qui s'est avérée incapable d'imaginer les conséquences financières pour une université non-intégratrice et appelée à préparer de nombreux concours – sans parler évidemment des conséquences dommageables à plus long terme.
Je n'imagine pas que ces décisions seront accueillies avec plaisir ni même avec indulgence ou compréhension par notre communauté qui devra faire de gros sacrifices. Mais c'est mon rôle d'en prendre la responsabilité pleine et entière. Et je voudrais publiquement remercier ici Jean-Paul Jourdan , VP du CA, pour la tâche ingrate qui a été la sienne de réduire les charges pédagogiques, ainsi que Jean-Yves Coquelin , VP CEVU et Isabelle Poulin , chargée de mission aux métiers de l'enseignement, qui se dévouent depuis plusieurs mois pour mettre au point une architecture de formations aux concours digne de ce nom.
Patrice Brun
Président de l'université Bordeaux 3