Questions de société
Mastérisation - formation initiale : appel aux écoles parisiennes à prendre position. Communiqué Snuipp-Fsu, Snudi-Fo, Sud Éducation (mars 2010)

Mastérisation - formation initiale : appel aux écoles parisiennes à prendre position. Communiqué Snuipp-Fsu, Snudi-Fo, Sud Éducation (mars 2010)

Publié le par Bérenger Boulay

[ Mastérisation; communiqués syndicaux ]

Formation initiale : appel aux écoles parisiennes à prendre position

Communiqué Snuipp (FSU), Snudi-FO, Sud Éducation (Solidaires):

Ce communiqué peut également être téléchargé au format pdf en bas de cette page (document joint)

Formation initiale : appel aux écoles parisiennes à prendre position

  • pour l'arrêt de la mise en oeuvre par l'académie de la « réforme »
  • de la formation initiale dite de masterisation
  • pour le rétablissement dans le mouvement des postes bloqués
  • pour le retrait de cette « réforme » dite de masterisation

Dans le cadre de la mise en place à la rentrée prochaine de la « réforme » dite de « mastérisation », l'inspecteur d'académie a bloqué pour l'instant 58 postes au mouvement dans les écoles afin d'accueillir un enseignant stagiaire, lauréat au concours de professeur des écoles 2010. Par la suite, plus d'une centaine d'école seraient concernées : les postes devenant vacants après le mouvement (libération du poste suite à des congés parentaux, disponibilités, détachement, exeat etc.) seraient réservés aux enseignants stagiaires. Ce dispositif concernerait donc toutes les écoles parisiennes.
Un enseignant stagiaire serait donc nommé sur ces postes à la rentrée, ainsi qu'un enseignant T1 en surnombre jusqu'à la
Toussaint. Dans chacune de ces écoles, un enseignant titulaire devrait se porter volontaire pour être tuteur ou « compagnon » de l'enseignant stagiaire.
Le dispositif serait le suivant : le T1 serait responsable de la classe jusqu'à la Toussaint, puis ce serait ensuite l'enseignant stagiaire jusqu'en juin. Entre les vacances de la Toussaint et le mois de mai, ce dernier aurait une journée de décharge par semaine, il serait remplacé par un enseignant de la brigade de remplacement « formation continue ». Tout au long de l'année, et façon plus intensive jusqu'aux vacances de la Toussaint, le tuteur de l'école effectuerait du compagnonnage en guise de formation. En parallèle, un enseignant maître-formateur serait nommé « référent » de l'enseignant stagiaire.
Entérinant la disparition des IUFM, le dispositif aurait pour conséquence de désorganiser les écoles parisiennes, de les transformer en « centres de formation » au détriment des élèves, des enseignants stagiaires et des enseignants titulaires :
- des élèves : suivant le dispositif académique, les élèves de la classe choisie auraient au moins trois maîtres successifs dont un sans formation, un sortant d'IUFM et un enseignant de brigade, sans compter sur les absences éventuelles pour maladie ou formation…
- des enseignants stagiaires : ils se retrouveraient face à une classe sans formation, coincé entre un compagnonnage effectué au sein de l'école, des conseils d'IMF, des journées de formation à l'IUFM, de la pression de l'inspection pour la validation de fin d'année… et le tout sans aucune cohérence.
- des enseignants titulaires de l'école : les « réformes » gouvernementales dégradent déjà les conditions de travail des personnels, il leur serait imposé en plus l'obligation de gérer la désorganisation de leur école engendrée par la mise en place de ce dispositif.
Le ministère et l'académie ont pris la décision d'affecter les lauréats du concours sur le terrain sans aucune formation, au détriment des élèves et des enseignants. Ce dispositif bricolé de dernière minute ne constitue en rien une formation.
Les syndicats parisiens SNUipp-FSU, Snudi-FO et Sud Education demandent le retrait de la « réforme » de la formation initiale dite de « masterisation », véritable démantèlement de toute formation professionnelle digne de ce nom et revendiquent le maintien de l'année de PE2 en tant que fonctionnaire stagiaire pour les lauréats au concours 2010.
Ils appellent les équipes enseignantes à refuser le dispositif et donc à refuser l'accompagnement de mesures régressives, par un compagnonnage d'un autre temps et une désorganisation programmée tout au long de l'année d'une classe et de l'école. Ils invitent toutes les écoles à refuser la mise en place du dispositif dans leur école en adoptant une motion de conseil des maîtres.
Contactés par un certain nombre d'écoles ayant un poste bloqué et ne souhaitant pas participer à ce dispositif, les syndicats parisiens SNUipp-FSU, Snudi-FO et Sud Education dénoncent auprès de l'Inspecteur d'académie cette nouvelle obligation imposée aux personnels : accompagner les « réformes gouvernementales ». Ils invitent les écoles se refusant à être désignée « volontaire » et subissant des pressions hiérarchiques à les contacter d'urgence.
Ils invitent l'ensemble des enseignants à participer à la réunion « formation »  le lundi 29 mars, à 17h30 à la bourse du travail afin d'organiser le combat contre ce dispositif.

Proposition de motion à adopter en conseil des maîtres à adresser à l'inspecteur d'académie via l'ICC
(envoyer une copie aux syndicats parisiens)
“Le conseil des maîtres de l'école XXX se refuse à accompagner les mesures régressives de la « réforme » dite de « mastérisation », par un compagnonnage d'un autre temps et une désorganisation programmée  tout au long de l'année d'une classe et de l'école.

L'équipe enseignante refuse la mise en place du dispositif académique concernant les lauréats au
concours 2010 dans son école.

Partie à rajouter si un poste est bloqué dans l'école

Elle demande donc également à l'académie de débloquer le poste vacant pour qu'il puisse être pourvu par un enseignant titulaire lors du mouvement. Elle se prononce pour le retrait de cette « réforme » dite de « masterisation ».”


Défendre et améliorer la formation des maîtres
les propositions du SNUipp
Il n'est pas question de donner l'illusion que l'ancienne mouture de la formation initiale était idéale, loin s'en faut.
Une formation de qualité passe par la mise en place d'une formation d'adultes, responsables et acteurs de leur formation. L'enseignement n'est pas une application de recettes et de trucs applicables dans toutes les situations. De la qualité de la formation professionnelle dépend celle du service public de l'éducation.
Nous demandons à ce que cette formation soit programmée sur trois ans avec un va et vient permanent entre l'action et la réflexion :
- une première année de préparation au concours qui serait déjà tournée vers l'exercice du métier mettant à disposition des futurs enseignants un ensemble fondamental, initial de connaissances théoriques et pratiques.
- une seconde année en alternance alliant stages en responsabilité et retour réflexif sur les pratiques professionnelles. Les stagiaires, épaulés par un tuteur, seraient placés en situation de formation réelle, et non utilisés comme des moyens de remplacement comme c'est le cas actuellement dans le cadre du stage filé.
- une troisième année effectuée sur un poste à mi temps, le second mi temps étant consacré à des compléments de formation proposés dans le but d'aider les enseignants débutants à entrer dans le métier dans de bonnes conditions.
Par ailleurs, il faut plus de maître formateurs, accentuer leur implication dans tous les aspects de la formation initiale, y compris en T1 et T2 et envisager une décharge de deux jours et non d'une journée pour permettre un meilleur suivi des stagiaires.

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Rentrée 2010, mode d'emploi!

La réforme de la formation des enseignants se met en place dans les écoles élémentaires et maternelles. Illustration:

par capitaine Guynemer


C'est la rentrée !

A l'école élémentaire de la rue de l'Avenir, dans la classe de CE2, élèves et parents font la connaissance de l'enseignant, enfin des enseignants… Car ils seront deux dans la classe, jusqu'aux vacances de la Toussaint.

Le premier vient d'être reçu au concours de recrutement des professeurs des écoles, on l'appelle P.E.S. (Professeur d'Ecole Stagiaire). Il n'a pas eu de formation professionnelle, hormis 4 semaines d'observation dans deux classes l'année dernière. Pas de chance, ce n'était pas en CE2, mais bon.

Le deuxième, qu'on appelle T1 (Titulaire 1ère année), sort d'un an de formation professionnelle à l'IUFM, il a eu la chance d'être reçu au concours en 2009 : il fait partie de la dernière promotion d'enseignants formés puisque les IUFM n'existeront plus en 2011. Il aurait du avoir un  poste à l'année dans une école pas trop difficile pour ce début de carrière, mais bon.


Le samedi suivant, réunion de classe.

PES explique aux parents qu'il a un tuteur dans l'école, un enseignant chevronné qui lui apporte conseils et soutien. Bien sûr c'est un peu compliqué parce que le tuteur a un CP et n'a pas fait de CE2 depuis 1997, il ne connaît pas les manuels, et le midi il fait les aides personnalisées. Mais bon, on peut discuter un peu à la récréation, s'envoyer des mails le soir. Et puis le T1 a accepté de prendre le CP du tuteur deux matinées par semaine pour qu'il vienne dans le CE2 voir comment travaille le PES. Et puis, il y a aussi un Maître Formateur qui viendra dans la classe de temps en temps.

Enfin, à partir de novembre, ce sera différent : le T1 quitte l'école pour aller faire des remplacements ailleurs. Le PES reste dans la classe de CE2…les lundis jeudis et vendredis, puisque les mardis il va parfaire sa formation  à l'Université jusqu'au mois de mai.

Pour les mardis, un remplaçant Brigade arrive. Jusqu'au mois de mai, le Brigade remplacera quatre PES dans quatre écoles différentes : une petite section le lundi, un CE2 le mardi, un CM1 le jeudi et une grande section le vendredi. Ca fait une centaine d'élèves, Brigade ne connaîtra peut-être pas tous les prénoms à Noël, mais bon.

Le PES et le Brigade ne se rencontreront jamais puisqu'ils ne sont pas là les mêmes jours, mais bon, quelques mails pour les urgences, ça permet de créer du lien !

Comme la formation professionnelle, c'est vraiment primordial, le PES aura aussi un stage d'une semaine complète au deuxième trimestre. Pas d'inquiétude, son remplacement est prévu…par une autre Brigade, on l'appelle Brigade n°2.

Quand mai arrivera, le PES aura terminé sa formation et sera à plein temps dans sa classe de CE2. Il sera évalué (il ne sait pas encore par qui ni comment) et titularisé (si tout va bien) à la rentrée suivante.

Les parents osent quelques questions sur l'emploi du temps, le programme scolaire, les projets pédagogiques, le livret d'évaluation. Le PES est embarrassé car il a été nommé la veille de la rentrée, il a juste eu le temps de lire les Programmes Officiels, participer à deux réunions le mercredi avec l'inspecteur sur le thème « Déontologie du fonctionnaire», aménager sa classe, s'initier au maniement du Baby-haller pour son élève asthmatique, repérer l'itinéraire pour les séances de piscine qui commencent lundi... Mais bon, il va faire son maximum, mettre les bouchées doubles. L'école est sympa, les collègues attentifs et le PES est très motivé et le T1 va l'aider.


Les parents quittent la réunion, perplexes, inquiets ou fâchés. Que penser ? Que faire ?


Vous n'avez pas tout compris ? C'est normal.

En revanche, vous avez sans doute compté : PES, T1, Brigade n°1, Brigade n°2… 4 enseignants différents. Une grippe ? Un congé maternité ? Il faudra faire appel à Brigade n°3…

A la rentrée, 170 écoles, soit plus de 4000 élèves, seront dans cette situation à Paris.