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Masculinités maghrébines à négocier : conceptions littéraires et cinématographiques du masculin

Masculinités maghrébines à négocier : conceptions littéraires et cinématographiques du masculin

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Claudia Gronemann)

Appel à contribution

Masculinités maghrébines à négocier:

conceptions littéraire et cinématographique du masculin

Mannheim 27-30 juin 2012
 

« Je veux être un homme. Et je sais pourquoi. [...] Être en homme en Algérie c’est devenir invisible. [...] L’Algérie est un homme » (2000: 37). C’est ainsi que Nina Bouraoui, dans son texte autobiographique Garçon manqué a résumé ce phénomène qui veut que, dans une société patriarcale, la norme masculine s’avère être une catégorie non-marquée. Plutôt que d’appréhender le masculin en tant que modèle naturel, notre Colloque se propose de renverser la question : quelles sont, dans la littérature et le cinéma du Maghreb, les stratégies esthétiques révélatrices des mécanismes qui produisent toutes formes de masculin et qui développent en outre de nouveaux modèles narratifs de la subjectivité au masculin ?

En raison du poids de la tradition religieuse et en éludant la variété des pratiques genrées qui ont existé au cours de l’Histoire, on suppose souvent que les cultures maghrébines n’ont pas été en mesure d’établir de conceptions différenciées du masculin, à l’inverse de celles qui se sont formées dans les cultures occidentales, de l’honnête homme au cyber-héro postmoderne. Mais cette hypothèse est aisément réfutable, car la masculinité entre en crise au cours des colonisations et continue à évoluer sous l’influence des structures globales. Néanmoins l’observation de l’état actuel des choses montre bien que les représentations de la masculinité ne se limitent pas à condamner les pères-seigneurs et leurs rôles sociaux mais tendent à initier des processus d’individuation. Car, comme le remarque Abdelhak Serhane dans L’Amour circoncis, les tensions qui déterminent l’élaboration d’identités genrées s’inscrivent dans « un désir de libération, de liberté et d’autonomie » (P. 17) envers le groupe, c’est-à-dire d’agrandir ses marges de manoeuvre à l’intérieur de structures sociales. D’autre part, le sujet textuel – que l’écrivain soit un homme ou une femme – n’est pas la simple représentation d’un rôle social, mais le résultat de processus symboliques qui permettent de transgresser les normes ainsi que de façonner de nouveaux modèles. C’est pourquoi notre Colloque portera sur les diverses manifestations alternatives du masculin produites à partir des années 1970. Le cinéma maghrébin, par exemple, met en scène des hommes qui ne se limitent pas aux frontières communément admises : par le biais du comique dans l’oeuvre d’Allouache, par une vision de l’intérieur humain chez Bouzid ou dans les scénarios de Boughédir, Tlatli et Ben Attia. Dans la littérature, l’androcentrisme n’est pas seulement critiqué à travers la mise en récit du parricide symbolique, mais aussi par un recours aux modèles propagés par les médias de masse (le playboy chez Chouaki), aux mécanismes islamistes (Marouane, Chouaki, Boudjedra, Khadra), aux conceptions de l’androgyne (Ben Jelloun, Khatibi, Assima). D’autre part, le masculin se trouve être féminisé (Bouraoui, Dib, Djebar, Sebbar). Nous proposons donc de penser les masculinités maghrébines de manière inclusive (Eric Anderson) et de réviser l’essentialisme des modèles religieux et coloniaux, des rôles sociaux et de leurs représentations unidimensionnelles, tout en ouvrant de nouvelles perspectives, par exemple sur la question de la femme ou sur les changements qui bouleversent actuellement les sociétés.

 

Axes proposés

  • Écriture et construction du corps masculin/féminin
  • Homosexualité et hétéronormativité
  • L'homme dans la famille
  • Femmes masculines
  • Orientalisme prolongé : le masculin comme projection
  • Réfléchir le masculin en dehors des discours patriarcaux
  • Le discours masculin dans la poésie
  • Les masculinités dans la littérature et le cinéma de la migration

 

Vous êtes invité à soumettre vos propositions de communication (15 lignes) jusqu’au 20 décembre 2011 aux adresses suivantes :

gronemann@phil.uni-mannheim.de

gebhard@phil.uni-mannheim.de