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Marges de la littérature (écriture et politique)

Marges de la littérature (écriture et politique)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Marc Goldschmit)

PSYCHANALYSE/LITTÉRATURE

Sara Guindani et Marc Goldschmit: Marges de la littérature (écriture et politique).

 

ENS 45 rue d’Ulm, Paris.

De 18h à 20h, les vendredis 7 février 2014, 7 mars 2014, 21 mars 2014, 28 mars 2014, 23 mai 2014, 30 mai 2014. Salle Simone Weil, 45 rue d’Ulm.

IHEP  — Séminaires 2013-2014.

 

1re séance (7 février) : Léa Veinstein, Se mettre à nu devant des fantômes : les lettres de Kafka à Milena.

2e séance (7 mars) : Francesca Manzari, Rêver de parler en poète (Freud et Derrida).

3e séance (21 mars) : Marc Goldschmit, Les métamorphoses de Zarathoustra contre le nouveau wagnérisme.

4e séance (28 mars) : Alexis Nuselovici (Nouss), Écriture en exil, écriture de l’exil.

5e séance (23 mai) : Pierre Bayard, Il existe d’autres mondes.

6e séance (30 mai) : Sara Guindani-Riquier, Ecrire les marges. Sur le cas Lampedusa.

 

            À ces débuts, il y a quatre ans, ce séminaire a commencé par l’analyse de la Métaphysique critique telle qu’elle s’invente chez Kant, comme clôture des métaphysiques philosophiques traditionnelles. Il s’agissait alors d’interroger comment la Métaphysique kantienne a ouvert, sous le nom de Critique, une crise abyssale dans la pensée et l’existence. L’ouverture critique est ce que l’Absolu littéraire du premier romantisme allemand a cherché à refermer, à enterrer, et dont il a en quelque sorte tenté d’effacer les traces.

            Nous nous sommes demandé comment la littérature moderne est apparue dans le romantisme, en même temps qu’en excès sur lui. Cette littérature moderne, post-critique, cherchait un dehors qui n’appartenait plus au projet romantique de relève de la béance critique dans l’art entendu comme nouvelle religion populaire, christianisme de notre temps. La réouverture de la Métaphysique critique par une certaine littérature moderne (Hölderlin en Allemagne, Flaubert en France, mais déjà Shakespeare avant Kant) a découvert une tout autre pensée et des métaphysiques littéraires susceptibles de destabiliser et d’inquiéter irréversiblement l’être du Sujet, du monde et des choses.

            La déréalisation générale issue d’une telle fiction littéraire, a produit une hantologie générale destituant toutes les ontologies, y compris celle de la question de l’être (Heidegger) au-delà de l’ontologie. Ce que nous avons alors cherché, en 2012-2013, sous le titre « Spectres de la littérature », faisait signe vers une anamnèse du Monde destiné à ouvrir une nouvelle affirmation de vie, un monde réinventé par la littérature, par l’anamnèse et le retour vers les morts interrogés sur l’avenir (Conrad, Woolf, Proust, Kafka, Joyce).

            Ce que nous appellerons cette année « Marges de la littérature », témoigne d’une dette d’héritage à l’égard de ce que Jacques Derrida nommait Marges : la tentative de crever le tympan de la philosophie en continuant à se faire entendre d’elle. Les Marges que nous chercherons ne sont pas extérieures, elles sont un dehors intérieur et intime, un dehors à la limite de l’extériorité, une inversion chiasmatique des bords destinée à produire une clôture et une ouverture par un tremblement général de tout le langage.

Les Marges de la littérature font signe vers une écriture fictive qui porte la littérature à sa limite, la finitude infinie de la littérature qui n’arrive qu’à s’effacer et qui doit se libérer d’abord de ladite « littérature ». Cette littérature qui tente d’échapper à elle-même, répond à l’injonction : « surtout pas de littérature », de mauvaise littérature, celle de l’industrie du livre qui nous submerge de publications qui ne sont ni écrites, ni écriture, qui sont l’œuvre de non-écrivains ou de « non-artistes » (Nietzsche).

L’écriture de la littérature est alors politique au sens où la politique s’est organisée sous la juridiction de la philosophie (de Platon à Heidegger), à partir du refoulement de l’écriture ou de la littérature. Aux Marges de la littérature, nous chercherons une politique de l’écriture, une réécriture du politique, un espacement d’écriture qui n’est plus politique et qui échappe à la politique : l’ouverture de nouvelles possibilités de vie par le droit de tout dire et de parlementir par la littérature.