Essai
Nouvelle parution
Marceline Desbordes-Valmore Les Veillées des Antilles

Marceline Desbordes-Valmore Les Veillées des Antilles

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Editions L'Harmattan)

LES VEILLEES DES ANTILLES
Marceline Desbordes-Valmore
Réédition présentée par Aimée Boutin
Collection "Autrement Mêmes"
Editions L'Harmattan

22,20 €, 228 pages, ISBN 2-296-01576-X

Parution : octobre 2006

Voici la première réédition des Veillées des Antilles de 1821, recueil de nouvelles sentimentales de Marceline Desbordes-Valmore, écrivain plus connu aujourd'hui pour sa poésie que pour sa prose. Elle figure parmi les nombreux romantiques qui se sont intéressés à la condition des Noirs au moment de la renaissance de l'abolitionnisme en France en 1820. Le souvenir du passé esclavagiste de la France sous-tend le recueil, inspiré de son voyage tragique aux Antilles en 1802 ; ces mêmes souvenirs transpercent dans ses lettres et des poèmes, dont un choix est inclus en annexe.

Aimée Boutin est professeur à Florida State University et a publié en 2001 Maternal Echoes : The Poetry of Marceline Desbordes-Valmore and Alphonse de Lamartine.

EXTRAIT DU LIVRE :

"Les Françaises, dit-on, semblent courir en marchant ; elles ont l'air de jolis papillons qui posent avec dédain leurs petits pieds sur les cailloux ; c'est un essaim qui se presse et ne se heurte jamais. Si l'on regarde au loin cette foule variée et légère qui circule par flots dans Paris, on s'étonne de ne pas la voir s'élever au-dessus de la terre qu'elle effleure à peine.
Les femmes créoles ne savent pas courir ; mais leur taille élégante et souple se déploie avec une simplicité noble ; on les suit du coeur dans leurs promenades solitaires ; elles ont, comme les palmiers de cette contrée, un léger balancement qui repose leur marche égale et rêveuse.
La douceur de leur accent, le choix involontaire des expressions tendres qu'elles adressent aux étrangers, portent au fond de l'âme un charme consolant pour ceux qui regrettent une patrie ; je regrettais la mienne, et j'ai senti ce charme. Leur curiosité me parut être de la bienveillance, car elle n'avait rien de hardi, rien qui pût blesser le malheur même.
L'une d'elles, que le voisinage rendait plus assidue à me voir, venait chaque jour m'apprendre quelques mots de son doux langage, que j'essayais de répéter aux autres pour lui faire honneur. Si je me trompais, elles riaient toutes, mais non pas en se cachant de moi. Cette précaution, loin d'être polie, serre le coeur de celle qui devine en être l'objet. On voit avec peine une jolie bouche s'enlaidir par un sourire moqueur, se tourmenter pour le laisser entrevoir et le dérober à la fois. Cette contrainte était étrangère à mes jeunes amies ; elles éclataient d'un rire charmant ; je riais avec elles, et toutes se disputaient alors le plaisir de m'instruire.
Un jour, notre petite société, lasse de parler, de chanter et de parcourir la haute montagne, se divisa deux à deux : chacune prit le bras de sa compagne d'affection. Le coeur le plus naïf a son secret, et cherche un coeur confident pour y verser le sentiment qui l'inquiète ou le charme."

A PROPOS DU LIVRE :

« … je relirai Les Veillées des Antilles… Parfois, au détour d'une phrase, sans qu'aucun jugement ne s'y attache en apparence, la réalité de l'esclavage apparaît dans cette île restée paisible. »
Françoise Mallet-Joris, La Double Confidence

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