Essai
Nouvelle parution
Manuel Alegre, Babylone

Manuel Alegre, Babylone

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Ellug)

Babylone
Manuel Alegre

Traduit par João Carlos Vitorino Pereira
et présenté par Catherine Dumas

Collection Paroles d'ailleurs
2006, 130 pages, ISBN  2 84310 085 9
prix : 15 Euros

Symboles chargés de positivité, mythes héroïques, thèmes contigus et intertextualité implicite ou explicite consacrent le thème de l’utopie dans Babylone, de Manuel Alegre ; dans ce recueil de poésie publié en 1983, sont également convoquées des figures rebelles comme le Che, que l’auteur a rencontré à Alger, ou le poète russe Maïakovski. Il est à remarquer que l’isotopie est assurée d’un bout à l’autre du récit, les symboles et les figures mythiques concourant ensemble à la cohérence du discours. Le poète, du moins tel que le conçoit Manuel Alegre, et l’utopiste sont les messagers, les prophètes des temps modernes : comme ceux de la haute Antiquité, ils doivent conduire leurs semblables jusqu’à la Terre promise, qui dans l’imaginaire collectif est un pays où coulent le lait et le miel. Le poète est un utopiste par essence, l’utopiste est un poète par nature, l’utopie passant nécessairement par le Verbe. Le poète recherche la victoire sur les mots, l’utopiste, quant à lui, cherche à triompher de la grisaille du quotidien. La poésie est, comme l’utopie non pratiquée, une perpétuelle quête de renouveau, une lutte constante, la recherche de la parole pure constituant un défi pour le poète assis devant « cette page blanche où le poème / continue de se battre jusqu'au bout. »

Dans cette édition bilingue annotée, les éditions ELLUG offrent au lecteur la deuxième version, augmentée, de Babylone et, en postface, un très court texte intitulé Ce que je sais sur la poésie, où Manuel Alegre expose de manière singulière sa conception de la poésie.