Essai
Nouvelle parution
M. Pacifico, Hecatelegium (II).   Les Cent Nouvelles Elégies

M. Pacifico, Hecatelegium (II). Les Cent Nouvelles Elégies

Publié le par Bérenger Boulay (Source : antoine Desjardins)

Pacifico Massimi,  Hecatelegium (II). Les Cent Nouvelles Elégies

(Texte inédit, publié, traduit et présenté par Juliette Desjardins Daude)

Paris, Les Belles Lettres, collection : « Les Classiques de l'Humanisme », 2008, 500 p.
EAN : 9782251344911
39,00 €

 Présentation de l'éditeur :

Pacifico Massimi (1406-1506) mérite la place qui lui est faite aujourd'hui dans « Les classiques de l'Humanisme ». Il est pourtant ignoré des anthologies italiennes et françaises de la poésie néo-latine. C'est que, jusqu'à une époque récente, il a été considéré, selon les critères alors en vigueur, comme infréquentable, impubliable et intraduisible. Dès les XVe et XVIe siècles, son oeuvre est l'objet d'une démarche réductrice : on le censure pour édulcorer sa verdeur, à moins qu'inversement on n'en fasse des extraits pour les amateurs de curiosa. Il faut dire aussi qu'était ignorée une partie essentielle de son oeuvre, son deuxième Hecatelegium, ici-même édité pour la première fois. Pourtant cet auteur hors norme, un des esprits libres de son siècle, peut être reconnu comme un des humanistes les plus dignes d'intérêt et de curiosité pour les lecteurs d'aujourd'hui.

Il a vécu centenaire et sa vie elle-même est un roman auquel il fait une large place dans ses élégies autobiographiques. Le poète est né à Ascoli dans le Picenum, en 1406, d'une grande et noble famille, les Massimi. Dès l'instant de sa venue au monde, il est jeté au milieu des troubles civils entre gibelins et guelfes, ce qui lui vaut le prénom apotropaïque de Pacifico. Il est difficile de résumer une vie si longue et si extraordinaire qui traverse tout le siècle et déborde sur le suivant, tant elle est pleine de rencontres et de vicissitudes. C'est un vrai roman picaresque : un jour enrôlé comme médecin dans les armées d'Alphonse d'Aragon (vers 1448), en d'autres temps (1459) étudiant contestataire au Collège de la Sapienzia Vecchia à Pérouse et protégé de Braccio II Baglioni, plus tard à Rome, en 1476, hôte au palais Farnèse du pape Sixte IV, et quelques années après, confortablement installé à Florence (1485 et 1489) chez Iacopo Salviati, recruté entre temps comme professeur à Lucques en 1488 puis en 1493 où il est chahuté par ses étudiants, enfin hébergé à Rome par le jeune et brillant humaniste Angelo Colocci qui l'encourage à publier ses oeuvres chez Soncini, à Fano, où Pacifico meurt en 1506 avant d'avoir pu réaliser son projet. Une vie en montagnes russes où les périodes de misère alternent avec des périodes fastes, grâce aux nombreux amis et protecteurs, personnages de haut rang, rois, cardinaux, papes. Tantôt il est si malheureux qu'il rêve de se réfugier à Constantinople, chez le Turc, pour fuir l'inhospitalière Italie, tantôt il vante sa béatitude auprès de tel ou tel mécène.

Pacifico est l'auteur d'oeuvres variées, toutes en latin. Des ouvrages savants : grammaire, traité de métrique, deux grands poèmes épiques, Les Triomphes et la Draconide en l'honneur de Braccio II Baglioni, divers opuscules. Mais son oeuvre majeure est évidemment constituée par les deux Hecatelegia (deux fois cent élégies), le premier édité à Florence en 1489, le second édité pour la première fois ici-même. Ces élégies sont foisonnantes et variées. On est loin de l'imitation intemporelle des poètes anciens que nombre de ses contemporains cultivent. Dans le premier Hecatelegium, l'inspiration est plus provocante tant du point de vue philosophique que de la place faite au sexe. Nous savons que vers la fin du siècle l'auteur échappa de justesse au bûcher (lettre d'Agostino Vespucci à Machiavel du 16 juillet 1501). Aussi dans ce second Hecatelegium s'est-il quelque peu assagi, mais sans rien perdre de sa verve, de son goût pour ce qui détonne. Il est toujours insolite et incongru et c'est ce qui fait l'intérêt de cette oeuvre étrange, pleine de sagesse et de folie.

Juliette Desjardins Daude est agrégée des Lettres et Maître de Conférences honoraire à l'Université Grenoble III. Ses recherches ont d'abord porté sur les romans satiriques en latin du XVIIe siècle inspirés de Pétrone, puis sur le Quattrocento

Titre : Hecatelegium (II) Les Cent nouvelles élégies.
Auteur : Pacifico Massimi