Essai
Nouvelle parution
M. Marrache,

M. Marrache, "Hors de toute intimidation". Panurge ou la parole singulière.

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu (Droz))


M. Marrache, "Hors de toute intimidation". Panurge ou la parole singulière.Droz, Études rabelaisiennes, t. XLI, 2003, 428 p. ISBN: 2-600-00813-6 ISSN: 0082-6081
Panurge, le moins estimé des personnages rabelaisiens, est souvent traité comme le faire-valoir du géant Pantagruel. Rabelais le convoque cependant si fréquemment et sous des traits suffisamment variés et essentiels à lintrigue pour quil paraisse réducteur de ne voir en Panurge quun actant de second ordre. Elément complexe de la trame romanesque, Panurge étonne tout dabord par son éloquence atypique, dont Myriam Marrache-Gouraud dégage les particularités en les jaugeant à celles des autres personnages. Son discours, où sagrègent des langues diverses, des pièces poétiques, des pastiches et des mélanges déconcertants, résiste à la définition. Le boniment éclectique de Panurge est alors tout proche de la narration. Le discours de Panurge provoque dune autre manière encore lorsquil décode des signes, notamment linguistiques. Ses audaces interprétatives témoignent dune habileté autant que dune méthode inédites. La singularité du personnage tient à cette insolence herméneutique qui multiplie les gloses : elle sengage toujours "au rebours "des attentes et des convenances sémiotiques dont elle ne peut se satisfaire. Lexcentricité se mesure enfin aux agissements de ce personnage paradoxal : apparentés aux fourberies du gueux littéraire et aux façons du fou de cour, ils surprennent et empêchent la classification. À ce titre, ils confirment le ton du discours. Leur fonction avive celle de la parole : "excuse" de Rabelais, Panurge endosse le rôle essentiel qui offre à son auteur desquiver les attaques de la censure. Toujours innocente, et pourtant très corrosive, cette voix de fiction introduit dans le roman loffice rempli par la carte du Mat dans le jeu de tarot.
Livre en attente de rédacteur pour compte rendu dans Acta Fabula.