Essai
Nouvelle parution
M. Decout, Qui a peur de l'imitation ?

M. Decout, Qui a peur de l'imitation ?

Publié le par Perrine Coudurier

Compte rendu publié sur Acta fabula (février 2018, volume 19, n°2) :

Qui a peur de l’imitation ? C’est pas nous…, par Caroline Julliot… 

Maxime Decout, Qui a peur de l'imitation ?

Paris : Les Editions de Minuit, , coll. "Paradoxe", 2017

EAN 9782707343123 — 160 p. — 18 EUR

De Montaigne à Perec en passant par La Fontaine, Voltaire ou Stendhal, les plus grands écrivains de notre littérature ont imité d’autres œuvres. Ils ont utilisé, parfois sans le dire, parfois sans en avoir conscience, l’œuvre des autres pour écrire la leur. Car personne n’écrit à partir de rien. Personne ne prend la plume sans avoir à ses côtés un bagage plus ou moins chargé de livres. Une bibliothèque intérieure, parfois partiellement oubliée, parfois bien présente à l’esprit, parfois directement présente à portée de main, ce qui donne la tentation de l’ouvrir. L’imitation est l’un des phénomènes les plus naturels de la création littéraire. Et malgré cela, les écrivains ont souvent ressenti une gêne, une peur diffuse ou une terreur violente à se sentir ainsi dépossédés de leurs propres mots. Écrire sous influence, tremper sa plume dans l’encrier du voisin : de tels gestes menacent les rêves de singularité absolue et d’originalité qui président à notre manière d’évaluer les œuvres.

Comment les écrivains ont-ils réagi à cette peur ? Essayer de répondre à cette question amène à se pencher sur les différents paradoxes que les auteurs ont développés pour résoudre l’antagonisme qui oppose l’imitation et l’invention. Ils ont cherché à nous prouver qu’on pouvait guérir l’imitation par l’imitation, penser une imitation sans modèle ou devenir inimitable en imitant.

La peur de l’imitation conduit ainsi à sonder les mystères de la création, à s’interroger sur les notions d’originalité et d’identité, à percevoir l’aspect collectif, pluriel, de toute écriture, sans céder aux illusions du génie et de l’inédit. Plus largement, l’angoisse de l’imitation renvoie à la question fondamentale de la littérature, celle qui se pose aux auteurs, aux éditeurs et aux lecteurs : qu’est-ce qui est spécifique dans mon œuvre ? qu’a-t-elle à dire en propre sur le monde, sur Moi et les autres ? qu’apporte-t-elle en regard d’une histoire littéraire déjà copieuse et où tout pourrait déjà avoir été dit ?

On peut lire l'introduction de l'ouvrage dans l'Atelier de  théorie littéraire de Fabula.

 

Table des matières

INTRODUCTION. LONGTEMPS J’AI IMITÉ DE BONNE HUMEUR................. 7

Un caméléon..................................................................................................... 15

PREMIÈRE PARTIE. MALAISES DANS L’IMITATION...................................... 25

CHAPITRE I. RÉPROBATIONS......................................................................... 27

L’enfance décriée de l’écriture............................................................................ 28

Délits d’imitation.................................................................................................. 37

Un contre-modèle................................................................................................ 41

CHAPITRE II. JUSTIFICATIONS......................................................................... 49

Du bon usage de l’imitation.................................................................................. 51

La mauvaise foi de l’imitateur............................................................................... 58

CHAPITRE III. VERTIGES IDENTITAIRES.......................................................... 63

La fin du quant-à-soi.............................................................................................. 63

Aux influencés........................................................................................................ 75

DEUXIÈME PARTIE. DE L’IMITATION COMME DÉFI À L’IMITATION.................. 83

CHAPITRE I. IMITER POUR NE PLUS IMITER..................................................... 86

Soi-même contre les autres..................................................................................... 86

Un remède dans le mal............................................................................................ 93

La tricherie de principe (Stendhal)........................................................................... 101

L’imitation et la copie : vers l’originalité du rien (Flaubert)....................................... 109

CHAPITRE II. IMITER POUR CORRIGER.............................................................. 115

Imiter pour améliorer................................................................................................. 117

Le collectivisme des plumes au service du progrès.................................................. 120

CHAPITRE III. IMITER POUR REPENSER L’ORIGINE ET L’ORIGINALITÉ............ 126

Une imitation sans modèle......................................................................................... 128

Où l’imitateur met à mort ses modèles....................................................................... 135

L’imitateur imité........................................................................................................... 140

Quand imiter rend inimitable....................................................................................... 146

ÉPILOGUE. À LA MANIÈRE D’UNE CONCLUSION.................................................. 153

— 

Maxime Decout est né en 1979. Maître de conférences à l’Université Lille 3 – Charles de Gaulle, il est l’auteur d’Albert Cohen : les fictions de la judéité (Classiques Garnier) et d’Écrire la judéité. Enquête sur un malentendu dans la littérature française (Champ Vallon). Il a dirigé le numéro d’Europe consacré à Georges Perec et codirigé celui sur Romain Gary. Il est en charge de l’édition de La Disparition et des Revenentes pour la publication des œuvres de Perec dans la Bibliothèque de la Pléiade (2016).

On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage…