Essai
Nouvelle parution
M. Caraion, Pour fixer la trace. Photographie, littérature et voyage.

M. Caraion, Pour fixer la trace. Photographie, littérature et voyage.

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu)


Marta Caraion, Pour fixer la trace. Photographie, littérature et voyage au milieu du XIXe siècle, Droz, 2003. 391 p.


Pour fixer la trace interroge des écrits qui, au XIX~ siècle, partagent un objet commun, non-littéraire, la photographie. Cette dernière inaugure un type de représentation apparemment opposé à celui que propose la littérature. Des textes d'écrivains, d'historiens, de critiques contribuent directement ou indirectement à questionner cette rencontre problématique. Autour de Maxime Du Camp et de son Egypte, Nubie, Palestine et Syrie le premier livre français illustré de photographies , se constitue un champ intellectuel qui mérite d'être cerné. Creuset d'une réflexion " littéraire " sur la photographie, il impose un éclairage nouveau sur des uvres littéraires connues. La situation de Maxime Du Camp dans le monde littéraire et éditorial, ses prises de position théoriques sur les arts et la littérature permettent de comprendre la place de la photographie dans l'histoir eculturelle du XIXe siècle.

De la confrontation de grands textes de fiction, de récits de voyages, de travaux d'histoire, de commentaires d'épreuves photographiques se dégage une sensibilité commune, de l'ordre d'un modèle culturel, que la photographie structure de manière spécifique. Un motif traverse ce corpus de textes émanant pourtant de sources diverses : celui du " faire-vivre ". Il définit la spécificité ontologique de la photographie, tout en posant une question fondamentale à l'écriture de type historique et fictionnel. Il est au cur de l'écriture du voyage. Autour de lui se cristallise la tension entre réel et imaginaire d'une part, entre photographie et texte descriptif d'autre part, dont il s'agit de définir les termes dans l'épistémologie du siècle des Lumières et d'étudier les variations jusque dans le discours de la critique littéraire de la fin du XIXe siècle. Le " faire-vivre " régit aussi stylistiquement un genre que la photographie renouvelle: l'ekpbrasis, ou les moyens que s'offre un texte pour restituer par la parole les qualités de présence et d'attestation propres à la photographie.