Essai
Nouvelle parution
M. Boyer-Weinmann et J.-P. Martin, Colères d'écrivains

M. Boyer-Weinmann et J.-P. Martin, Colères d'écrivains

Publié le par Arnauld Welfringer

M. Boyer-Weinmann et J.-P. Martin, Colères d'écrivains

Editions Cécile Defaut, 286 p., 16 €.

EAN : 9782350180731

« En vérité, celui qui ne connaît pas la colère ne sait rien. Il ne connaît pas l'immédiat. » (Michaux)
S'il veut pouvoir tenir la plume ou taper sur un clavier, l'écrivain en colère doit se calmer un peu. En colère on n'écrit pas : on fulmine, on se récrie, on invective. Il se pourrait cependant que dans l'après- coup se produisent des affleurements de textes :  l'idée et la forme seraient alors affectés par l'émotion première. Il doit bien y avoir des cas où la colère s'est recyclée dans la matière d'une langue littéraire, migrant du corps physique pour innerver le corps de la page.  Genet « évoque « l'extraordinaire pouvoir verbal de la colère ». Et l'on peut rêver, comme Artaud, d'une littérature « chargée des colères errantes d'une époque ». En colère on n'écrit pas, certes, mais la colère fait écrire : telle est l'hypothèse  de ce livre.
Nous avons demandé à une douzaine d'auteurs de livrer leur variation personnelle, sensible, irritée ou sereine, sur cette incandescence - d'exprimer leur réflexion et leur humeur sur le rapport insaisissable de la colère au fait littéraire.
Qu'est-ce que cela signifierait, écrire sous le régime de la colère, et d'une certaine façon, sous son emprise ? Qu'est-ce que cela nous donnerait à penser de cette émotion, une colère écrite, à supposer que cela puisse exister ? Y a-t-il un génie colérique de la littérature ? Comment la colère travaille-t-elle le texte littéraire, comment émeut-elle la pensée critique, y a-t-il une écriture de la colère, des écrivains en colère ? Ce sont des questions de ce genre - et quelques autres -,  que cet ensemble de réflexions singulières permettra d'explorer, sans en esquiver les impasses et les difficultés.
La colère est un anti-neutre, nous dit Barthes.

Table des matières : 


Jean-Pierre Martin : « Hors de soi » ou du cri à l écrit
Jean-François Louette : « Foin de la littérature » (écrivains en colère contre la littérature : Drieu, Bataille, Sartre...)
Daniel Bougnoux : « Moteurs à explosions » (Écrit à la suite d une lecture de Peter Sloterdijk, Colère et temps)
Claude Mouchard : « Sur l'énergie polémique en littérature »
Martine Boyer-Weinmann : « L auteur all arrabiata : de l ire épistolaire »
Jacques Neefs : « La colère dans l uvre de Flaubert » (Salammbô, Bouvard et Pécuchet...)
Dominique Carlat : « Colère sacrée »
Bruno Chaouat : « Feintes colères »
Jean-Michel Delacomptée : « De la bile à la colère : Ambroise Paré écrivain »
Hélène Merlin-Kajman : « De l'indignation, ou d une traduction rhétorique de la colère »
William Marx : « Colère de lettrés » (Autour de la querelle entre Nietzsche et Willamowitz »)
Catherine Brun : « Colère et geste critique »
Claude Burgelin : « La saveur du sel, Bulles et remous d une colère »u
Belinda Cannone : « Une colère »
Pierre Pachet : « Décolérer » 

On en peut lire ici un compte-rendu par Jean-Louis Jeannelle dans Le Monde, et un billet de Frédéric Ferney.