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M. Bet,

M. Bet, "De Ronsard à Bégaudeau : les grands footeux de la littérature"

Publié le par Nicolas Geneix

Marion Bet, "De Ronsard à Bégaudeau : les grands footeux de la littérature"

Article paru sur le site du Nouvel Observateur, juin 2016.

"Les écrivains ont-ils aimé le football ? C’est un sport qu’on croit boudé par l’intelligentsia. Antoine Blondin, mort il y a 25 ans, préférait le cyclisme, William Hazlitt la boxe, Montaigne l’équitation; et on ne note, chez Proust, qu’une seule occurrence du mot «football», dans «le Temps retrouvé».

Ecole de la vie pour certains, opium du peuple pour d’autres, «roi des jeux» selon Jean Giraudoux, le football entretient pourtant avec la littérature une relation ancienne. Ronsard aimait jouer à la «soule», sorte d’ancêtre du football affectionné par Henri II: «Faire d'un pied léger poudroyer les sablons/ Voir bondir par les prés l'enflure des ballons», écrit le prince des poètes. (...)

Le jeune Albert Camus, qui a joué en 1929 au Racing Universitaire Algérois, y trouve quelque nourriture existentielle: «Vraiment le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football.» Il est issu d’une famille assez pauvre et sa grand-mère inspecte toujours l’état de ses semelles, alors il tâche d’occuper le poste où on les use le moins: gardien de but. (...)

Il y en a évidemment qui ont pris le contre-pied. George Orwell ne voit dans le foot qu'un défouloir sauvage et violemment combatif, grand déclencheur de rivalités irascibles. Le 14 décembre 1945, après avoir assisté – de près ou de loin, on ne sait – aux matchs entre le Dynamo de Moscou et quelques équipes britanniques, il publie dans «la Tribune» un article sans concession: le football est «la guerre, les fusils en moins» et réveille les instincts bellicistes, jeu dangereux dans un contexte où la guerre froide construit déjà son rideau de fer.

Codifié à la fin du XIXe siècle dans une Europe où l'esprit militaire contamine à peu près toutes les facettes de la vie quotidienne, le football emprunte effectivement beaucoup au vocabulaire martial, mais la violence vient peut-être moins du terrain que des gradins. Cela n’a pas échappé à Umberto Eco, qui a dit: «Je ne hais pas le foot. Je hais les passionnés de foot.» (...)"

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Voir aussi :

Denis Saint-Amand, Football, langue et littérature

Alexandre Najjar,  Les Ecrivains et le foot

Maurice Szafran, Littérature, foot et dégoût

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(photo : Philip Simpson, Getty images)