Essai
Nouvelle parution
M. Belhaj Kacem, Inesthétique et mimésis

M. Belhaj Kacem, Inesthétique et mimésis

Publié le par Laurent Zimmermann

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Mehdi Belhaj Kacem

Inesthétique et mimésis

Editions Lignes

978-2-35526-045-2

128 p.

14 euros

 

Présentation de l'éditeur:

 

 

   Deux textes, deux conférences ; qui ont larigueur des textes et la vitesse des conférences. L'un prend au mot le conceptd'inesthétique, concept qui doit à Badiou ; l'autre celui d'héroïsme, quel'auteur applique à Lacoue-Labarthe.

   Tout sépare-t-il Alain Badiou et PhilippeLacoue-Labarthe ? Tout ne les sépare pas et eux-mêmes s'en sontexpliqués : leur dialogue commence dès 1988 avec L'Être et l'événement, auquel Lacoue répond à l'occasion d'uneintervention au Collège international de philosophie, en décembre 1988. Réponseen forme de question, dans un premier temps : « En réalité, jesouscris bien à la “fidélité à l'être tel que le vide le nomme”. Je souscriségalement à la nécessaire interruption du poème. Il y va, dans l'un et l'autrecas, de la possibilité de l'événement. Mais pourquoi, et c'est au fond ma seulequestion, devrait-ce être au profit du mathème ? N'y a-t-il pas autrechose à inventer qui transit notre “monde” ? » L'un est unplatonicien ; on peut même dire qu'il répète le geste philosophiqueplatonicien pour notre temps . L'autre ne l'estpas ; on peut au contraire dire de lui qu'il n'est pas moins un poètequ'il n'est un philosophe. Ce qui le justifie de s'opposer au premier en cestermes : « En réalité, je me suis trouvé sous le choc de la dureexclusion du poème par le mathème. De la répétition, revendiquée, du “gesteplatonicien”. Ce n'est pas que je sois pour “l'inversion du platonisme” :de Schelling à Heidegger, en passant par Nietzsche, on a vu où cela conduit –ou peut conduire (il s'en faut toujours de très peu, malheureusement) ». Àtravers cette discussion, peut-être ce « litige », dit encore Lacoue,il y va donc, aujourd'hui, de rien de moins que de la possibilité du Poème,comme de la possibilité de la philosophie. C'est-à-dire de l'avenir.

   Lacoue continue en ces termes bien faits pour résumerles enjeux : 1. la répétition moderne du geste platonicien par Badiou nepeut laisser de reconduire son pharmakos le plus célèbre, l'exclusion du poètetragique, c'est-à-dire, suppose la Vulgate, du Mythe ; 2. l'arraisonnementarchi-politique du Poème au Mythème n'a pas été une opération des poèteseux-mêmes, mais de la philosophie. Lacoue cite les trois noms qu'il faut fairecomparaître à charge d'une pareille opération : Schelling, Nietzsche,Heidegger.

   Mehdi Belhaj Kacem reprend ces deux points dans ledétail et analyse comment les poètes, c'est-à-dire les artistes modernes engénéral, sont ceux qui, peut-être avant qui que ce soit d'autre, en tout casavant les politiques ou les philosophes, auront essentiellement été les agentshéroïques d'une interruption du mythe. Quelles conséquences cela peut-il avoirpour nous ? Des conséquences considérables, nous dit Mehdi Belhaj Kacem,qu'il mesure, dans ces deux conférences, à ce qu'il est advenu à l'art depuistrente ans.

   Mehdi Belhaj Kacem est né en 1973. Il a récemment publié :La Psychose française, Gallimard,2006 Incipit  : L'esprit du nihilisme, Ikko, 2006 Manifeste antiscolastique, Nous, 2007 Ironie et vérité, Nous, 2009 L'esprit du nihilisme. Une ontologique del'Histoire, Fayard, 2009