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Littératures et médecine : Peser les mots (II)

Littératures et médecine : Peser les mots (II)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : G. Danou et B. galtier)

Université de Cergy-Pontoise (U.C.P.)

Le Séminaire ARTS LITTERAIRES ARTS CLINIQUES - Europe - Afrique - Amériques
une composante de l'équipe "Littératures, Psychanalyse et Droit " du Centre d'études et de Recherche / Fondement du droit public
dirigé par Claudine VIARD - U.C.P.
présente

Littératures et médecine - PESER LES MOTS II

un colloque organisé par Gérard Danou (g.danou@free.fr) et Brigitte Galtier
Vendredi 4 avril 2008

à l'Université de Cergy-Pontoise, Bâtiment Les Chênes 2 salle 26 (rez-de-chaussée)
Voir le plan pour se rendre à Cergy-Pontoise sur la page du séminaire
Les Chênes 2 est le bâtiment qui se trouve à main gauche quand on arrive sur l'esplanade, derrière la tour ronde (Maison de l'étudiant).

Programme
Vendredi 4 Avril 2008
9h30 : Accueil des participants
9h45 : Brève introduction par Gérard Danou et présentation de "Peser les mots I" (actes des journées d'avril 2007), Limoges : éd. Lambert-Lucas, 2007.
10h : Lazare Benaroyo - Université de Lausanne -
Regard d'un médecin-philosophe sur la place du soin (care) dans la médecine contemporaine.
10h45 : Gilles Commault - agrégé de lettres classiques, docteur ès lettres, université de Brest -
Partage de la parole dans le manga "Say Hello to Black Jack", chroniques de cancérologie.
11h30 : Véronique Simon - MCF, directrice de thèses, Université de Karlstadt, Suède -
Stig Dagerman et P. C. Jersild : d'un incommensurable besoin de compassion au suicide.
12h30 : Déjeuner
14h : Accueil des participants
14h15 : Andrée Bergeron - MCF, Cerlis, Université Paris Descartes, CNRS et Palais de la Découverte - Les mots, la science, la distance.
15h : Vanessa Gault - PRAG d'anglais, université Paris I et écrivaine (Le corps incertain, Arléa, 2006) -
Ecrire sur la sclérose en plaques : entre modifications cénesthésiques, corps médical et corps social.
15h45 : Anne Matalon - romancière (Une expérience intime et sociale du cancer et la question de l'écriture, Chimiofolies, Paris : HB éditions, 2000).
A. Matalon et E. Lucchi-Angellier : Apprivoiser le crabe : un médecin et une malade face au cancer, Paris : Phébus, 2006.
16h30 : Sylvie Fainzang - anthropologue, directeur de recherche Inserm, Cermes.
Maux dits et mal-entendus : les revers de la communication entre médecins et malades.
17h15 : Synthèse et conclusion avec Brigitte Galtier et Gérard Danou.

Argumentaire
Ce qu'un homme a fait de sa maladie, aucune pièce anatomique ne peut nous l'apprendre.
J. Starobinski

Les littératures et la médecine sont depuis toujours concernées par le langage, l'usage des mots, la langue et la parole. Si la médecine était une science exacte on pourrait mieux comprendre la relative rupture depuis le moment copernicien entre les deux ordres du discours : le langage scientifique et le langage poétique ; mais il n'en est rien. La médecine cette somme évolutive de sciences appliquées selon l'expression de Canguilhem, est un art qui demande un certain savoir commun augmenté d'un style propre au médecin qui l'exerce. Certes la médecine est dominée par un savoir agir (alors que la littérature est un savoir dire) mais le médecin ne peut exclure de sa réflexion pratique l'histoire de ses patients, le roman que chacun porte en lui et qui module sa manière d'être malade ou non. Un savoir d'un autre ordre que celui d'une lecture médicale du corps, mais qui est devenu, surtout depuis le XIXe siècle l'impensé de la médecine. Impensé qui doit cependant être considéré pour sa richesse et sa capacité d'instruire le médecin sur l'autre comme sur lui-même. La médecine, exercée alors sous cet angle plus ouvert peut accueillir la surprise, et participe de la découverte de soi comme l'expérience, l'épreuve de la lecture littéraire dont on sort parfois bouleversé.
Il se trouve que depuis la chronicisation des maladies graves les usagers de la médecine, (surtout depuis 1980 avec le mouvement impulsé par les associations de patients atteints par le VIH) expriment plus librement leur demande de dialogue (au sens de conversation) avec le médecin. On peut alors parler d'un nouveau partage du sensible, selon l'expression de Rancière, ou encore un désir de rééquilibrer les relations de pouvoir. Il ne s'agit pas que d'une vulgarisation des savoirs médicaux, mais bien souvent de partager des récits et donc de les écouter et d'y répondre. Encore faut-il selon les contextes et les horizons d'attente, faire la part entre les récits autobiographiques spontanés et les récits induits ou contraints dits autobiographies d'institution (D. Memmi, 2003 ; G. Le Blanc, 2006 ; C. Salmon, 2007) .
L'écrivain pèse ses mots, il est supposé en connaître le sens, aussi bien le sens commun du dictionnaire, que la multiplicité de sens, la polyphonie et la force désirante que chaque mot lié à d'autres recèle dans l'acte d'énonciation. Il le sait. Les mots agissent comme des médicaments, ils sont bifrons, ils ont le pouvoir quasi magique de blesser et/ou de guérir. Le médecin, depuis le triomphe d'un certain positivisme scientifique excessif tend à imposer unilatéralement son discours dans la confusion de son pouvoir de commandement et de son pouvoir de compétence. Il a oublié d'apprendre à écouter et à peser ses mots c'est-à-dire les choisir en accord avec ce qu'il veut dire, et anticiper sur leur résonance chez l'autre en situation de conversation inter-individuelle.
Cette journée d'étude s'inscrit dans la suite directe des journées du colloque " Peser les mots I" d'avril 2007. Toutefois, comme en témoigne le programme ci-dessous, les interventions seront à peu près également partagées entre des réflexions sur l'univers médical, soit du côté de la maladie vécue (A. Matalon ; V. Gault ; A. Bergeron) ou imaginée (V. Simon), soit du côté des chercheurs qui exercent dans le champ du discours médical ou médico-scientifique (G. Commault ; S. Fainzang ; L. Benaroyo).

G. Danou
Médecin praticien hospitalier, dr. ès lettres, habilité à diriger des recherches (littérature et médecine).
g.danou@free.fr