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Littératures africaines et croyances (dir. Th. Kalbé Yamo et J.-M. Wounfa)

Littératures africaines et croyances (dir. Th. Kalbé Yamo et J.-M. Wounfa)

Publié le par Romain Bionda (Source : Théophile Kalbé Yamo)

Appel à contributions
Littératures africaines et croyances

Le rapport entre la littérature et les croyances s’articule autour du mythe, genre littéraire à part entière et texte fondateur de toutes les religions du monde. En fait, il est avéré qu’au commencement des littératures et des croyances, était le mythe, et que celui-ci demeure un point d’intersection entre le phénomène littéraire et le fait religieux. Malgré cette connexité, une certaine opinion pense que la véritable littérature, c’est celle qui délaisse le cultuel pour s’attacher à l’esthétique et à la description des faits socio-culturels. Ce positionnement fonde la distinction entre la littérature sacrée et celle dite profane dont l’étude des caractéristiques esthétiques reste une préoccupation constante de la poétique. Pour s’en convaincre, il suffirait de s’en référer, entre autres textes, à l’ouvrage de Northrop Frye intitulé Le grand code. La Bible et la littérature (1984).

Au regard de la diversité culturelle et sociologique du continent africain inhérente au contact des civilisations né de la colonisation, des migrations et de la mondialisation, les peuples africains  évoluent non seulement dans un univers où foisonnent de nombreuses croyances, mais également où celles-ci sont secouées jusque dans leurs fondements quand elles ne sont pas tout simplement reconfigurées, transformées, décriées ou délaissées. Dans ce contexte, des croyances étrangères qui télescopent avec celles du terroir font l’objet d’une mise en texte sous diverses formes dans les productions littéraires dont il se dégage la représentation des manières de croire, de voir, de sentir et de penser des sociétés africaines. C’est ainsi que les religions, superstitions, tabous, doctrines, idéologies ainsi que la magie, la divination, la voyance, la sorcellerie etc. affleurent et surdéterminent la thématique et l’esthétique littéraire africaine.

Dans cette perspective, la littérature africaine, qu’elle soit orale ou écrite, devient un lieu de production-circulation-consommation des croyances au cœur duquel se trouve inscrit l’imaginaire religieux ainsi qu’on a pu le constater depuis Le Monde s’effondre de Chinua Achebe ou L’Homme-dieu de Bisso d’Étienne Yanou, par exemple. En fait, la dynamique et la variation des genres à travers le temps et l’espace portent parfois les marques de la spiritualité et des goûts des écrivains et de leur public. Il n’est pas non plus rare d’assister à des formes de traductions et reprises de récits bibliques sous forme de contes, voire de transformations de contes en vue de l’évangélisation des ouailles adeptes des associations chrétiennes.

Par ailleurs, l’imaginaire magico-religieux est manifeste dans les œuvres romanesques, théâtrales et poétiques africaines qui, en rapport avec le contexte socioculturel actuel, ne manquent pas d’adopter comme thèmes de prédilection les églises dites de réveil, les sectes et crimes rituels, la radicalisation religieuse tout comme y sont inscrits les rites et les symboles, les mythes et mythologies, le mystère et le mysticisme, les dogmes ou doctrines étrangères et diverses formes de syncrétisme, d’objets d’art et de discours (incantations, invocations, prières, malédictions, etc.) reflétant la spiritualité des individus et des peuples, notamment dans la littérature policière, la bande dessinée et la néo-oralité africaine.

Il est également clair que la littérature s’illustre par une dose de fantasme, d’imagination créatrice sur fond de production de l’extraordinaire susceptible d’inciter soit la suspicion et le doute chez le lecteur, soit la sublimation et l’adhésion à l’idéologie religieuse véhiculée par le texte. Cette littérature susciterait alors la confiance ou la méfiance, le refus ou l’acceptation, la sympathie ou l’antipathie, la fidélité ou l’infidélité du récepteur tiraillé entre le doute et l’obligation de croire. Ainsi, l’œuvre littéraire cherche à faire foi même si elle n’y parvient pas finalement.

Se situant dans le prolongement des travaux de Wilberforce Umezinwa (1975), Pius Ngandu Nkashama (1990), Xavier Garnier (1999), Christiane Ndiaye (2004), Bernard Mbassi (2007), Joseph Ndinda (2011), S. Khalifa Ababacar Wade (2011) et d’Adama Samaké (2012), ce projet s’intéresse aux interférences entre littératures et croyances en Afrique et par ricochet à la collusion entre la littérature et l’anthropologie qui se partagent souvent méthodes et matériaux. Les contributeurs chercheront à savoir comment les croyances se manifestent dans les littératures africaines et quel est leur impact sur la facture textuelle des œuvres et même sur la réception de celles-ci. En d’autres termes, sur quels substrats thématiques, structures esthétiques ou formats idéologiques ces croyances sont-elles adossées dans les textes et suivant quelles modalités s’énonce la relation entre littératures, croyances et réception en Afrique ?

Il s’agit, dans cet ouvrage collectif, de proposer des lectures/relectures plurielles et/ou croisées des rapports entre littératures africaines et croyances suivant les axes non exhaustifs ci-après :

- Littératures orales et croyances africaines ;

- Nouvelles voies/voix de la littérature religieuse ; 

- Littératures et phénomènes de radicalisation religieuse ;                                    

- Littératures et phénomènes des sectes et/ou loges ;

- Écriture et inscription des croyances dans les littératures africaines ;

- Préjugés, tabous, stéréotypes et clichés dans les littératures africaines ;

- Imaginaires religieux et littéraires ;

- Croyances, codes discursifs, rhétoriques et esthétiques ;

- Paralittérature et spiritualité en Afrique ;

- Littérature et anthropologie en Afrique ;

- Idéologies religieuses, littératures africaines et réception.


Bibliographie

- Appadurai, Arjun, 2005, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, Payot et Rivages.

- Dili Palaï, Clément, 2015, Oralité africaine. Enjeux contemporains d’une métamorphose, Yaoundé, CLE.

- Garnier, Xavier, 1999, La magie dans le roman africain, Paris, PUF.

- Kasereka Kavwahirehi, 2013, Le prix de l’impasse : christianisme africain et imaginaires politiques, Bruxelles, PIE, Peter Lang.

- Khalifa, Ababacar Wade, 2011, « Religion et création littéraire : étude de la représentation du religieux dans L’étrange destin de Wangrin d’Amadou Hampâté Bâ »,  Ethiopiques, N°87 [en ligne].

- Mbassi, Bernard, 2007, « Le personnage du sorcier dans la littérature camerounaise », Figures de l’histoire et imaginaire au Cameroun, Fandio, Pierre et Mongi Madini (sous la dir. de), Paris, L’Harmattan, pp. 183-197.

- Midihohouan, Guy Ossito, 1986, L’idéologie dans la littérature négro-africaine d’expression française, Paris, L’Harmattan.

- Ndiaye, Christiane, 2004, « Récits des origines chez quelques écrivaines de la francophonie », Etudes françaises, N° 40(1), pp. 43-62.

- Ndinda, Joseph, 2011, Le politicien, le marabout-féticheur et le griot dans les romans d’Ahmadou Kourouma, Paris, L’Harmattan.

- Ngandu Nkashama, Pius, 1990, Églises nouvelles et mouvements religieux : L’exemple zaïrois, Paris, L’Harmattan.

- Northrop, Frye, 1984, Le grand code. La Bible et la littérature, Paris, Seuil.

- Samaké, Adama, 2012, « Religion et création romanesque : l’exemple du roman africain de langue française », Editura Junimea, pp. 1-21 [PDF en ligne].

- Tonda Joseph, 2008, « La violence de l’imaginaire des enfants sorciers », Cahiers d’études africaines, pp. 325-343.

- Umezinwa, Wilberforce, 1975, La religion dans la littérature africaine. Etudes sur Mongo Beti, Benjamin Matip et Ferdinand Oyono, Presses Universitaires du Zaïre.

Comité scientifique
Pr Abada Medjo Jean Claude, Université de Maroua, (Cameroun)
Pr Amabiamina Flora, Université de Douala, (Cameroun)
Pr Dili Palaï Clément, Université de Maroua, (Cameroun)
Pr Fandio Pierre, Université de Buea, (Cameroun)
Pr Kasereka Kavwahirehi, Université d’Ottawa, (Canada)
Pr Lassi Etienne-Marie, Université de Manitoba, (Canada)
Pr Matateyou Emmanuel, Université de Yaoundé I, (Cameroun)
Pr Mbassi Ateba Raymond, Université de Maroua, (Cameroun)
Pr Nkemngong  Nkengasong John, University of Yaoundé I, (Cameroun)
Pr Ngongkum Eunice, Université deYaoundé I, (Cameroun)
Pr Ngum Blossom Fondo, Université de Yaoundé II, (Cameroun)
Pr Tcheuyap Alexie, Université de Toronto, (Canada)
Pr Tchumkam Hervé, Southern Methodist University, (USA)
Pr  Teodorescu Cristiana, Université de Craiova, (Roumanie)….
Pr Tourneux Henry, CNRS/LLACAN, Paris, (France)
Pr Pangop Alain Cyr, Université de Dschang, (Cameroun)
Pr Paré Daouda, Université de Ngaoundéré, (Cameroun)
Pr Zouyané Gilbert, Université de Ngaoundéré, (Cameroun)

Coordonnateurs 
Dr Kalbé Yamo, Théophile, Université de Maroua
Pr Wounfa Jean-Marie, Université de Ngaoundéré

Dates importantes :
- 20 février 2019 : date limite de réception des propositions d’articles comprenant un résumé suivi de cinq mots-clés et d’une brève notice biobibliographique à envoyer aux adresses suivantes :kalbeyamo@yahoo.fr et wounfa@yahoo.com ;

- 1er mars 2019 : réponse aux contributeurs ;

- 30 juin 2019 : réception de la version définitive des articles acceptés ;

- 30 septembre 2019 : publication de l’ouvrage.

 

Call for papers

African literatures and beliefs

 

               The relationship between literature and beliefs is built on the myth, a literary genre in its own right and founding text of all the religions of the world. In fact, it turned out that at the beginning of literatures and beliefs, was the myth and that the latter remains a point of intersection between the literary phenomenon and the religious fact. In spite of this connection, a certain opinion thinks that the true literature is that which abandons the cultual to attach itself to the aesthetics and the description of the socio-cultural facts. This position is the basis for the distinction between religious literature and the so-called profane literature, which aesthetic characteristics remain a constant preoccupation of poetics. To be convinced of this, it would suffice to refer, among other texts, to Northrop Frye's book entitled The Great Code. The Bible and Literature (1982).

 

               Taking in consideration the cultural and sociological diversity of the African continent inherent to the contact of civilizations inherited from colonization, migration and globalization, the African peoples are evolving not only in a universe where many beliefs abound, but also where these beliefs are shaken to their foundations when they are not simply reconfigured, transformed, decried or neglected. In this context, foreign beliefs that telescope with those of the soil are represented in literary works from which emerges the representation of ways of believing, seeing, feeling and thinking of African societies. This is how religions, superstitions, taboos, doctrines, ideologies as well as magic, divination, witchcraft, etc. outcrop and overdetermine the African literary thematics and aesthetics.

In this perspective, African literature, whether oral or written, becomes a mean for the production-circulation-consumption of beliefs closely linked to the African religious imaginary as it had been since noticed within Things fall Apart of Chinua Achebe or L’Homme-dieu de Bisso of Etienne Yanou, for example. In fact, the dynamics and variation of genres across time and space sometimes bear the marks of spirituality and the tastes of the writers and their audiences. It is also not uncommon to witness forms of translation and repetition of biblical stories in the form of tales or even transformations of tales for the evangelization of the flock who adhere to Christian associations.

Moreover, the magico-religious imaginary is evident in the African fiction, theatrical and poetic works which, in relation to the current socio-cultural context, do not fail to adopt as favorite themes the so-called revivalist churches, sects and ritual crimes., religious radicalization as well as rituals and symbols, myths and mythologies, mystery and mysticism, foreign dogmas or doctrines and various forms of syncretism, objects, arts and discourse (incantations, invocations, prayers, curses, etc.) reflecting the spirituality of individuals and peoples, particularly in detective literature, comics and African neo-orality.

It is also clear that literature is characterized by a dose of fantasy, creative imagination which goes beyond the ordinary reality and incite either suspicion or doubt in the reader, either sublimation or adherence to the religious ideology conveyed by the literary text. This literature will then induce trust or suspicion, refusal or acceptance, sympathy or antipathy, fidelity or unfaithfulness of the receiver torn between doubt and the obligation to believe. Thus, the literary work seeks to be reliable even if it does not always succeed.

               In line with the work of Wilberforce Umezinwa (1975), Pius Ngandu Nkashama (1990), Xavier Garnier (1999), Christiane Ndiaye (2004), Bernard Mbassi (2007), Joseph Ndinda (2011), S. Khalifa Ababacar Wade (2011) and Adama Samaké (2012), this project focuses on the interferences between literatures and beliefs in Africa and, indirectly, on the collusion between literature and anthropology that often share methods and materials. Contributors will find out how beliefs are manifested in African literatures and how they affect the textual invoice of works and even on their reception by the readers ? In other words, on which thematic substrates, aesthetic structures or ideological frames are these beliefs relying in the texts and through which modalities the relationship between literature, beliefs and reception in Africa is expressed?

This book project seeks for proposals of plural or crossed readings of the relationship between African literatures and beliefs, following the non-exhaustive points below :
 

- Oral literature and African beliefs;

  • New ways/voices of religious literature;
  • Literatures and the phenomenon of religious radicalization;
    - Literatures and the phenomenon of sects or lodges;
    - Scripture and the integration of beliefs in African literatures;
    - Prejudices, taboos, stereotypes and clichés in African literatures;
    - Religious and literary imaginaries;
    - Beliefs, discursive, rhetoric and aesthetic codes;
    - Paraliterature and spirituality in Africa;
    - Literature and anthropology in Africa;
    - Religious Ideologies, African literatures and reception.

 

Bibliography
- Appadurai, Arjun, 2005, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, Payot et Rivages.

- Dili Palaï, Clément, 2015, Oralité africaine. Enjeux contemporains d’une métamorphose, Yaoundé, CLE.

-  Garnier, Xavier, 1999, La magie dans le roman africain, Paris, PUF.

- Kasereka Kavwahirehi, 2013, Le prix de l’impasse : christianisme africain et imaginaires politiques, Bruxelles, PIE, Peter Lang.

- Khalifa, Ababacar Wade, 2011, « Religion et création littéraire : étude de la représentation du religieux dans L’étrange destin de Wangrin d’Amadou Hampâté Bâ »,  Ethiopiques, N°87 [en ligne].

- Mbassi, Bernard, 2007, « Le personnage du sorcier dans la littérature camerounaise », Figures de l’histoire et imaginaire au Cameroun, Fandio, Pierre et Mongi Madini (sous la dir. de), Paris, L’Harmattan, pp. 183-197.

- Midihohouan Ossito, Guy, 1986, L’idéologie dans la littérature négro-africaine d’expression française, Paris, L’Harmattan.

- Ndiaye, Christiane, 2004, « Récits des origines chez quelques écrivaines de la francophonie », Etudes françaises, N° 40(1), pp. 43-62.

- Ndinda, Joseph, 2011, Le politicien, le marabout-féticheur et le griot dans les romans d’Ahmadou Kourouma, Paris, L’Harmattan.

- Ngandu Nkashama, Pius, 1990, Églises nouvelles et mouvements religieux : L’exemple zaïrois, Paris, L’Harmattan.

- Northrop, Frye, 1982, The Great Code. The Bible and Literature, New York, Harcourt Brace and Javanovich.

- Samaké, Adama, 2012, « Religion et création romanesque : l’exemple du roman africain de langue française », Editura Junimea, pp. 1-21 [PDF en ligne].

- Tonda Joseph, 2008, « La violence de l’imaginaire des enfants sorciers », Cahiers d’études africaines, pp. 325-343.

- Umezinwa, Wilberforce, 1975, La religion dans la littérature africaine. Etudes sur Mongo Beti, Benjamin Matip et Ferdinand Oyono, Presses Universitaires du Zaïre.

 

Scientific Committee

Pr Abada Medjo Jean Claude, University of Maroua

Pr Amabiamina Flora, University of Douala, (Cameroon)

Pr Dili Palaï Clément, University of Maroua, (Cameroon)

Pr Fandio Pierre, University of Buea, (Cameroon)

Pr Kasereka Kavwahirehi, University of Ottawa, (Canada)

Pr Lassi Etienne-Marie, University of Manitoba, (Canada)

Pr Matateyou Emmanuel, University of Yaoundé I, (Cameroon)

Pr Mbassi Ateba Raymond, University of Maroua, (Cameroon)

Pr Nkemngong  Nkengasong John, University of Yaoundé I, (Cameroon)

Pr Ngongkum Eunice, University of Yaoundé I, (Cameroun)

Pr Ngum Blossom Fondo, University of Yaoundé II, (Cameroon)

Pr Tcheuyap Alexie, University of Toronto, (Canada)

Pr Tchumkam Hervé, Southern Methodist University, (USA)

Pr Teodorescu Cristiana , University of Craiova, (Romania)

Pr Tourneux Henry, CNRS/LLACAN, Paris, (France)

Pr Pangop Alain Cyr, University of Dschang, (Cameroon)

Pr Paré Daouda, University of Ngaoundéré, (Cameroon)

Pr Zouyané Gilbert, University of Ngaoundéré, (Cameroon)

 

Coordinators 

Dr Kalbé Yamo, Théophile, University of Maroua

Pr Wounfa Jean-Marie, University de Ngaoundéré

 

Main dates :

- 20th February 2019: Deadline for the receipt of proposals for articles including a summary followed by five keywords and a brief bio-bibliography to be sent to kalbeyamo@yahoo.fr and wounfa@yahoo.com;

- 31rst March 2019: response to contributors;
- 30th June 2019: receipt of the final version of the articles accepted;
- 30th September 2019: publication of the book.