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Littérature-philosophie à l’Âge Classique : lectures, méthodes, regards croisés (Ecole thématique)

Littérature-philosophie à l’Âge Classique : lectures, méthodes, regards croisés (Ecole thématique)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : V. Beaugiraud)

L'École thématique 2007 organisée par l'ENS-LSH Lyon et le CNRS (UMR5037) se propose de confronter les modes d'approche de Montaigne, Pascal, Descartes, Cyrano de Bergerac, Molière, Bayle, Malebranche, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, non seulement pour entrer plus profondément dans des textes qui témoignent de l'indistinction originelle des deux champs - littéraire et philosophique -, mais pour mesurer ce que chacune d'elle peut apporter de spécifique et en apprécier la complémentarité.

Cette École s'adresse aux personnels CNRS (chercheurs et ingénieurs), enseignants-chercheurs, mais aussi en particulier aux doctorants et mastérants. L'inscription, gratuite pour tous les personnels CNRS et pour les membres de l'UMR 5037 (enseignants, doctorants, mastérants), peut être prise en charge par les laboratoires.


Programme

Mercredi 13 juin, 10h30-13h

Introduction : Pierre-François Moreau, Catherine Volpilhac-Auger


Session 1 : qu'est-ce qu'expliquer un texte ?

Ethos, discours, parole, style ; démontrer, conclure ; la figure ou les fonctions de l'auteur ; les usages de la citation ou de la référence… Autant de termes ou de notions (parmi bien d'autres, qui présentent les mêmes caractéristiques) dont usent communément philosophes et littéraires. Mais en usent-ils de manière réellement commune ?

Confrontation des méthodes sur les mêmes textes : l'exemple de Montesquieu
C. Volpilhac-Auger (ENS-LSH), D. de Casabianca (Marseille)



Mercredi 13 juin, 14h30-17h30
Session 2 : Littérature et philosophie dans les collections et outils de travail (C. Volpilhac-Auger)

Sur quels critères est fondée la répartition des collections en bibliothèque entre littérature et philosophie ? Comment celle-ci agit-elle sur les modes de lecture ? Dans quelle mesure une telle difficulté peut-elle être surmontée par une pratique réfléchie du catalogue ou des modes de consultation ? L'évolution de la conception même des bibliothèques permet-elle de renouveler la question et de la dépasser ?

Charles Micol (BIUL)
Marie Pérouse (Lyon 2)
Philippe Marcerou (INRP)


Débat, avec la participation de Christine André (ENS-LSH)



Jeudi 14 juin, 9h30-12h30
Session 3 : Qu'est-ce qu'un genre philosophique ? (1) : l'essai ou Les Essais Montaigne (E. Naya)

Livre de chevets de bien des philosophes, mais ignoré par la branche philosophique de l'Université jusqu'aux années 1990, les Essais de Montaigne ont été étudiés depuis le xixe siècle d'un point de vue littéraire, ou par des littéraires. Depuis une quinzaine d'année, les études philosophiques ont réintégré ce texte dans leurs champ d'étude, mais sans pour autant entrer en discussion réelle avec la critique « littéraire » des essais. Quels sont les raisons qui peuvent motiver cette relative absence de dialogue, et les enjeux théoriques et méthodologiques que cette dernière pose ? Une réflexion sur le « bon biais » que revendiquent les uns et les autres pour entrer dans un texte qui comme tout objet de connaissance, « [a] divers lustres et diverses considérations » permettra d'interroger nos usages des essais : texte à entrées multiples ou entrées multipliées sur un texte lui-même homogène et de nature simple ?

E. Naya (Lyon II, GRAC), « L'essai comme genre philosophique »

Poétique de l'Essai : le croisement des méthodes philosophiques et poétiques :

S. Giocanti (Toulouse), « L'inscription des Essais dans la tradition des formes philosophiques »
E. Naya, « L'exercice spirituel sceptique »
S. Geonget (Tours, CESR), « Les pratiques juridiques »

Méthodes d'analyse, confrontations de lectures :

Intervenants : S. Giocanti, D. Ottaviani (ENS-LSH), S. Geonget, E. Naya



Jeudi 14 juin, 14h30-17h30
Session 4 : Qu'est-ce qu'un genre philosophique ? (2)

« Entre littérature et philosophie, le dialogue » (D. Kolesnik, F. Lotterie)


On se propose d'explorer, dans le dialogue de l'âge classique, la ou les manières dont l'objet philosophique qui est le sien se transforme ou engage des pratiques « excentrées » du discours philosophique dans sa « mise en littérature ». À l'inverse, on cherchera aussi à montrer comment l'étude du dialogue et de ses usages peut apparaître comme une des façons de se confronter à la question naguère posée par Pierre Macherey : « À quoi pense la littérature ? »



Michèle Clément, « La mise en dialogue des idées dans les colloques d'Erasme »
Delphine Kolesnik, « Malebranche et le dialogue »
Colas Duflo (Université de Picardie), « Diderot et le dialogue »
Florence Lotterie, « ‘de la prose sans m'en douter' De Fontenelle à Sade, l'enjeu de la figure féminine dans le dialogue »



Vendredi 15 juin, 9h30-12h30
Session 5 : Entre littérature et philosophie, la circulation des thèmes ; comment un objet « littéraire » se constitue-t-il en question philosophique ?

Certains thèmes passent d'un secteur du discours à un autre : ils s'y développent alors selon une nouvelle temporalité, ils acquièrent un nouveau statut, de nouvelles références et un nouvel horizon. Ils doivent abandonner certaines de leurs dimensions et se soumettre à de nouvelles règles d'énonciation. Ainsi, le théâtre de Molière est déchiffré selon une autre perspective lorsqu'il est lu dans le discours du Vicaire savoyard.

P.F. Moreau : « Les passions, littérature et philosophie »
Bruno Bernardi : « Rousseau et Molière, théâtre et philosophie : jeux de miroirs. »
Anne Léon-Miehe : (sujet à préciser)



Vendredi 15 juin, 14h30-17h30
Session 6 : L'écrivain philosophe (1) : Le libertinage : littérature et philosophie (I. Moreau, M. Rosellini)

La définition contemporaine de la philosophie, comme système ordonné de concepts, ne peut rendre compte de la dimension philosophique des textes littéraires classiques, particulièrement les textes dits « libertins ». Si l'on plaque des concepts sur ces textes, soit on les caricature en omettant leur dimension littéraire, donc leur complexité et leur fonction rhétorique, soit on les juge sans consistance, c'est-à-dire sans portée philosophique véritable. Il convient d'inverser la démarche, et de saisir comment des auteurs hétérodoxes comme Charles Sorel, Cyrano de Bergerac, François de La Mothe Le Vayer, Molière, Fontenelle « philosophent » en prenant appui sur les formes génériques, rhétoriques, stylistiques qu'ils investissent.

C'est à partir divers éléments de ce corpus, selon une démarche d'études de cas, que seront envisagés dans cette session les rapports entre l'écriture littéraire et la philosophie, et, partant, les protocoles méthodologiques à instaurer pour une lecture philosophique des textes littéraires.



Introduction (M. Rosellini, I. Moreau)

Isabelle Moreau, « Comment lire La Mothe Le Vayer ? »
Michèle Rosellini, « En quoi le roman libertin est-il une fiction philosophique ? »
Antony McKenna, « Réflexions sur la dramaturgie libertine de Molière »
Jean-Charles Darmon, « L'ironie de Cyrano, machine à philosopher »
Christophe Martin (sujet à préciser)



samedi 16 juin, 9h-11h30
session 7 : L'écrivain philosophe (2) : Condillac (Aliènor Bertrand)

Aliènor Bertrand, Sonia Branca, « En lisant, en écrivant avec Condillac : art de penser et art d'écrire »


Dès l'introduction de son premier ouvrage, Condillac définit « l'expérience du philosophe » comme une expérience de la lecture. Rien de surprenant pour un métaphysicien qui affirme que « les idées ne se lient qu'avec des signes ». Il n'est guère de philosophe moderne qui affirme à ce point l'identité de la pensée et du langage jusqu'à lier indissolublement la visée d'un sens et l'ordre du discours. Pourtant, Condillac lecteur et écrivain n'a guère fait l'objet d'études approfondies. Par une intervention à deux voix, nous nous proposerons de confronter la théorie et la pratique de l'écriture dans le corpus condillacien : nous mettrons en regard les réflexions et propositions de L'Art d'écrire avec les différentes formes des ouvrages philosophiques de Condillac. Condillac philosophe nous apparaîtra comme un grand lecteur, maître de la réécriture.

Jean-Christophe Abramovici, « D'un synonyme l'autre, ou comment écrire un Dictionnaire »

Peut-on soutenir à la fois qu'une science est une langue bien faite et critiquer l'usage des définitions en philosophie ? Entre systématicité et indéfinissables, Condillac transforme ce paradoxe en principe d'organisation d'un Dictionnaire. Un Dictionnaire des synonymes, qui donne à lire les liaisons inaperçues des signes de la langue et remonte le fil d'analogies oubliées en interrogeant les usages. Ce paradoxe nourrit aussi un style philosophique : que reste-t-il de l'art d'écrire appliqué à une succession d'articles ordonnés par l'alphabet ?



11h30-12h30 Débat de conclusion



Samedi 16 juin, 14h30-17h30
Atelier : Écriture philosophique, lecture électronique : Condillac avec Arcane

Il se pourrait bien que l'écriture et la lecture soient bouleversées par l'instrumentation électronique. Que devient alors le travail éditorial ? Ainsi, l'édition électronique des Oeuvres complètes de Condillac n'est-elle pas, ou pas seulement, la mise en ligne d'une série d'ouvrage dont « la lettre » a été scientifiquement établie. Elle propose différents modes d'accès au texte, qui constituent autant de lectures. Coder l'écriture pour initier la lecture, telle pourrait être alors la description du travail d'éditeur. Nous proposons d'organiser la réflexion sur cette « lecture électronique » permise par le logiciel Arcane selon trois axes :

* une démonstration des possibilités offertes aujourd'hui par la base de données de l'édition critique des Oeuvres complètes de Condillac (Aliènor Bertrand)

* l'histoire intellectuelle d'Arcane racontée par ses auteurs (Éric-Olivier Lochard et Dominique Taurisson)

* une discussion générale sur la portée et les limites de cette « lecture électronique » de l'écriture philosophique