Essai
Nouvelle parution
Littérature et peinture dans le roman moderne. Une rhétorique de la vision

Littérature et peinture dans le roman moderne. Une rhétorique de la vision

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Judith Labarthe-Postel)

Judith Labarthe-Postel, Littérature et peinture dans le roman moderne. Une rhétorique de la vision, Paris, l'Harmattan, collection "critiques littéraires", avril 2002, 382 pages.

Qu'y a-t-il de plus difficile que de décrire une belle peinture ? Cette question, qui pourrait sembler anodine et de toute façon insoluble, recoupe pourtant un des grands enjeux de la littérature : comment est-il possible, pour un écrivain, de décrire la beauté
d'une vision sur le monde - comment dire le beau, le sublime ? Quels mots utiliser, quelles expressions inventer pour les transcrire et les évoquer ? Le romancier peut-il en cela rivaliser avec le peintre et réussir aussi parfaitement à faire voir ?


Si l'Age Classique avait recours à des théories codifiées, objets de traités esthétiques, le XIXe siècle (entendu au sens large) formule cette question en d'autres termes, nouveaux et modernes. En effet, au cur de l'Europe, entre Allemagne, France et
Angleterre, sans oublier ce qui se fait dans le Nouveau Monde, aux Etats-Unis, les romanciers, hantés par cette question, choisissent brusquement de multiplier les descriptions de peinture dans leurs romans et donnent un rôle capital, inouï, à ce qui pourrait n'être vu que comme des objets décoratifs. Dans une grande trame
d'intertextualité, les auteurs se lisent les uns les autres, se répondent de roman à roman, avec une continuité très remarquable, et ce depuis l'uvre fondatrice de Goethe, Les
Années d'apprentissage de Wilhelm Meister
(1796), jusqu'à la Recherche du temps perdu
de Proust
et Vers le phare de Virginia Woolf (l927).

Cet essai, à la croisée de plusieurs domaines (littérature, histoire de l'art, esthétique et stylistique), se propose d'étudier les figures qui composent ces descriptions de peintures, ainsi que les esthétiques nouvelles qu'elles fondent. C'est par ce biais que seront abordées les relations entre le texte et l'image dans le roman moderne.