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Littérature et médecine (XIXe-XXe siècles).

Littérature et médecine (XIXe-XXe siècles).

Publié le par Marielle Macé (Source : Chantal Massol)

Dans le cadre de son programme de recherches :
Sciences, techniques, pouvoirs, fictions: discours et représentations, XIXème-XXème siècles,
l'équipe Traverses 19-21 (Grenoble 3) organise un séminaire de recherche, ouvert à toute personne intéressée, sur :
Littérature et médecine (XIXe-XXe siècles).

La conférence d' Isabelle SMADJA :

" De la folie à la maladie mentale : le théâtre entre tradition et innovation "

aura lieu le mercredi 23 mai 2007 de 17h30 à 19h00
en salle C008 (prés de la bibliothèque de l'UFR des Lettres et Arts, entrée par le C006)





L'Histoire de la folie à l'âge classique de Michel Foucault s'achève par le constat d'une disparition : « Dans les hôpitaux, la pharmacologie a déjà transformé les salles d'agités en grands aquariums tièdes. (...) La folie, halo lyrique, ne cesse de s'éteindre.» Comment le théâtre a-t-il réagi à la mutation culturelle qui a vu disparaître la fascinante sauvagerie de la folie, et apparaître les tièdes aquariums de la maladie mentale ? A-t-il pu sauvegarder l'héritage d'une folie noble d'un Hamlet ou d'un Lear, dans une société où les fous sont devenus des malades que l'on doit guérir ? Si certains dramaturges contemporains interrogent la relation entre psychiatres et patients, la plupart sont extrêmement réticents à user du concept de maladie mentale : Pinter va même jusqu'à identifier torture et internement psychiatrique. Et un grand nombre de pièces, négligeant la psychiatrie, se chargent de folie, de démesure, d'angoisse, et non de ce qui est répertorié comme maladie mentale. Mais peut-on encore aujourd'hui, comme Foucault et pour « échapper au matériel psychiatrique qui n'a pas cessé d'emprisonner le fou », parler de fous au lieu de psychotiques ? Ou doit-on faire sien le reproche que Derrida lui adresse: « ce concept de folie qui n'est jamais soumis à une sollicitation thématique est un faux concept. »? Même les frontières entre simulateur et vrai fou, normal et anormal, raisonnable et déraisonnable ne sont pas très sûres. Et pourtant, parce qu'elle a cette auréole de mystère qui l'intellectualise, parce qu'elle possède cette équivocité qui ouvre au jeu des interprétations, la folie a tous les attributs d'une catégorie esthétique.
S'il n'y a plus de « fous » mais de « pauvres petits malades » comme Janet le disait de Raymond Roussel, quelles sont les conséquences au théâtre ?