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Appels à contributions
Littérature et interculturalité

Littérature et interculturalité

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Pr. Faïza GUENNOUN HASSANI )

UNIVERSITE SIDI MOHAMED BEN ABDELLAH

FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES SAIS-FES

DEPARTEMENT DE LANGUE ET DE LITTERATURE FRANÇAISES

Laboratoire : Langues, Représentations et Esthétiques (LARES)           

                                         Appel à publication            

 

                               Littérature et interculturalité

           

« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis »

                                                                         Antoine de Saint-Exupéry

 

                Les différents événements qui secouent le monde actuellement incitent l’Homme à s’interroger sur son existence et son rapport à l’Autre. Paradoxalement, notre époque, qui est marquée par la mondialisation, l’internationalisation et l’ouverture progressive des frontières, se caractérise aussi par un regain d’intégrisme, de nationalisme et d’ethnocentrisme. Dans beaucoup de cas, la diversité culturelle est pointée du doigt comme étant à l’origine de tous les maux : frustrations, intolérances, replis identitaires ou communautaires, racisme…

            A l’heure où les relations entre les cultures sont inévitables, comment aller à la rencontre de l’Autre, celui qui est issu d’une autre culture, d’une autre religion, d’une autre vision du monde que la nôtre ? Comment communiquer avec lui, accepter sa différence et construire ensemble des liens constructifs ?

            La littérature est l’un des domaines où certaines questions posées concernant l’interculturel trouvent souvent une réponse, ou du moins sont soumises à l’examen. En effet, de par son universalité et son enracinement dans une culture spécifique, la littérature est l’une des voies les plus efficaces qui permettent la connaissance de l’Homme et du monde. Dans Éducation et communication interculturelle, M. Abdallah-Pretceille et L. Porcher  décrivent la littérature comme étant  « l’humanité de l’homme, son espace personnel. Elle rend compte à la fois de la réalité, du rêve, du passé et du présent, du matériel et du vécu » (1996 :138), ils la qualifient de «lieu emblématique de l’interculturel» (1996 : 162)  et l’envisagent comme une «discipline de l’apprentissage du divers et de l’altérité» (1996 : IV).  Partant de ces idées, le texte littéraire  peut être considéré comme un intermédiaire en vue de la rencontre et de la connaissance de l’Autre. Par son biais, le lecteur peut explorer une multitude de personnages, de situations et d’espaces ; d’aucuns diront que c’est un laboratoire qui nous permet de découvrir ce qui est commun à l’Homme. Dans ce même ordre d’idées, Hegel soulignera que l’Autre est celui « grâce à quoi, j’entre en communication avec moi-même. »

            L. Collès, quant à lui, avance dans son ouvrage Littérature comparée et reconnaissance interculturelle  que « le texte littéraire (est) comme un regard qui nous éclaire, fragmentairement, sur un modèle culturel. La multiplicité des regards nous permettra de cerner petit à petit les valeurs autour desquelles celui-ci s’ordonne » (1994 : 20).  Ainsi, le texte littéraire peut constituer un moyen d’accès à des codes sociaux et à des modèles culturels car, quelle que soit sa langue d’expression, il renferme souvent une représentation du monde, des valeurs partagées entre une culture et une autre. L’un des moyens de mettre en exergue cette interculturalité dans certains écrits réside dans le fait de graver l’altérité au cœur des œuvres comme une réponse à une demande urgente de (re)connaissance de l’Autre et de dialogue interculturel ; c’est ainsi que certains écrivains recourent à l’intertextualité telle une stratégie syncrétiste qui fait fi des frontières et reconstruit l'identité culturelle.

            Par ailleurs, partant de l’idée que la langue est un système de signes dotée d’une charge culturelle, la traduction des œuvres littéraires, qui est également une rencontre des langues et des cultures dans la mosaïque de leur diversité, est incontestablement un moyen de communication et d’ouverture à l’Autre ainsi qu’une véritable source d’enrichissement des deux cultures. Maurice Pergnier avance à ce propos dans Les Fondements sociolinguistiques de la traduction  que cette dernière « est un mode de communication à la fois interlinguistique et interculturelle qui participe (…) à la connaissance du monde qu’elle rend accessible », elle a pour « objectif le fait d’élargir et d’enrichir  la vision du monde que l’un a sur l’autre ; elle est la transmission d’un savoir et d’une culture ; elle est ouverture sur le monde extérieur et un acte d’échange et de communication » (1993: 15).  En effet,  en mettant deux langues en contact et en contribuant à établir l’égalité entre les langues et les cultures, la traduction devient un vecteur de médiation interlinguistique et interculturel.

            La littérature tient donc -de par son pouvoir d’allier trois codes : linguistique, esthétique et culturel- un rôle absolument incontournable de communication, de partage et d’échanges, au plus profond des appartenances culturelles et ce grâce à sa vision plurielle du monde. Cependant, si la littérature est un haut lieu de communication interculturelle, d’autres écrits de genre sociologique, psychologique, philosophique, journalistique ou autres peuvent également contribuer au dialogue interculturel et apporter des réponses aux enjeux contemporains. Littérature et Sciences Humaines s’inscrivent dans une approche humaniste qui rejoint celle des ethnométhodologues qui considèrent que « l’individu n’est pas que le produit de sa culture mais aussi l’acteur », autant dire que l’identité culturelle n’est pas figée et que « la mise en question de l’autre s’accompagne de l’interrogation sur le Moi » (Gina Stoiciu, 2008 : 37).

            Dans un contexte de mondialisation, le rôle de l’intellectuel est de contribuer à l'édification d'un dialogue interculturel basé sur le respect et l'acceptation mutuels, même s'il est amené à mettre en scène la confrontation des visions du monde. Sa mission est d’être l’éclaireur, le porte-parole d'une pensée universelle en appréhendant les différences comme une source de richesse. Déjà en son temps, à la question « D’où venez-vous ? » Socrate répondait : « Du monde ». C’était sûrement pour atteindre l’universel et échapper aux frontières réductrices.

            Le présent appel à publication se fixe pour objectif de réfléchir à cette perception du monde que permet la combinaison des deux champs d’étude  Littérature/Interculturalité et à ce qu’elle peut apporter de plus pour la compréhension de l’Autre, des différences qui nous séparent et nous unissent en même temps sur le même socle de l’humanité.

 

Axes de recherche à titre indicatif :

  • Littérature et métissage

  • Littérature et orientalisme

  • Littérature maghrébine

  • Littérature coloniale et post-coloniale

  • Littérature de voyage

  • Littérature de jeunesse et interculturalité

  • Le sentiment d’identité à travers l’œuvre littéraire

  • Le conte au croisement des cultures

  • Interculturalité et intertextualité

  • la langue comme représentation du monde

  • Didactique des langues

  • Proverbes et interculturalité

  • Traduction et culture de l’Autre

  • Sciences humaines et interculturalité

 

Responsables de l’appel à publication :

Pr. Faïza GUENNOUN HASSANI et Pr. Mounsif EL HOUARI

 

Les contributions  sont à envoyer à  litterature.interculturalite@gmail.com accompagnées d’un résumé et d’une biobibliographie, avant le 30 octobre 2015, délai de rigueur.

 

Langue des contributions : le français.

Mode d’évaluation des articles :

Après avoir été rendues anonymes par les organisateurs, les propositions seront évaluées par deux membres du comité scientifique.