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Appels à contributions
Littérature africaine et écriture de la transgression: viol, violence, violation

Littérature africaine et écriture de la transgression: viol, violence, violation

Publié le par Charlotte Dufour (Source : Raphaël ngwe)

APPEL A CONTRIBUTION POUR OUVRAGE COLLECTIF

Littérature africaine et écriture de la transgression : Viol, violence, violation

Sous la direction de Stéphane Amougou Ndi et Raphaël Ngwe

(Université de Yaoundé I / Cameroun)

 

L’actualité du monde en général, de l’Afrique en particulier, traduit l’entrée des sociétés humaines dans une ère que l’on pourrait qualifier de la transgression dont les modalités les plus expressives sont le viol, la violence, la violation. Le viol de l’intimité, lorsque le corps intérieur et mou est bousculé dans sa stabilité affective. La violence que subit le corps dur lorsqu’il est soumis à toutes sortes de tortures qui portent atteinte à sa beauté, à son intégrité, mais aussi à l’équilibre psychologique de la victime dont le visage est défiguré, l’âme meurtrie, l’esprit hanté. Violation des lois de la nature, des dispositions de la culture et des prescriptions du droit, lorsque l’individu choisit de s’émanciper des cadrages éthiques, des balises ontologiques, des exercices spirituels.

De cette mutation de l’humanité, on ne perçoit très souvent, à travers les médias, que la lecture qu’en font les journalistes, les juristes, les politologues et autres spécialistes des sciences sociales. Le discours littéraire sur cette métamorphose de la société est, sinon inexistant, du moins ignoré ou très peu vulgarisé. Pourtant la liberté dont jouit l’artiste, partant le littéraire, lui donne la latitude de dire la réalité telle qu’elle est vécue, mais surtout telle qu’elle est sentie, sans besoin de démonstration ni de preuve. La littérature africaine par exemple a toujours été attentative aux expériences traumatiques ayant marqué l’histoire des peuples noirs. Certains critiques, à l’exemple d’Alexis Tcheuyap, parlent même d’ « écriture rouge » pour qualifier l’esthétique africaine et soutiennent l’idée selon laquelle celle-ci est « née de la violence et semble y être acculée par la conjugaison du (néo)colonialisme, des dictatures imbéciles, des dérives ethniques et des enjeux du capitalisme mondial.[1] » Cette « rhétorique du sang » a connu une certaine exacerbation au cours de la dernière décennie du XXe siècle pour atteindre une dimension déconcertante avec les textes produits sur le Rwanda et qui, pourrait-on dire, dégoulinent encore de sang. Le printemps arabe, la montée des extrémismes ainsi que le foisonnement des mouvements terroristes qui marquent le XXIe siècle débutant, constituent la matière de plusieurs œuvres littéraires qui traduisent le dérèglement, l’ensauvagement et l’endommagement de l’homme.

Il s’avère alors nécessaire, à côté de l’intérêt accordé à la rhétorique rationaliste sus-évoquée, d’être attentif à la (re)présentation que la littérature se fait des profanations qui marquent l’évolution du monde. Aussi le présent appel veut-il répondre à un certain nombre de questions parmi lesquelles :

  • Comment l’écriture africaine prend-t-elle en charge l’histoire tumultueuse de notre monde ?
  • Comment s’apprécie les différentes métamorphoses du sujet africain ?
  • Quelles peuvent être les motivations de ces artistes qui décrivent des sujets aussi forts que le viol, la violence et la violation ?
  • Comment le scabreux et le macabre, le scatologique et l’eschatologique bousculent-ils les canons des genres littéraires traditionnels   ?
  • Quel langage convoquent les écrivains africains pour dire la profanation de l’humain ?
  • Quelle éthique véhicule cette esthétique de la transgression ?
  • Quelle mémoire transmet cette littérature qui trouve son matériau dans les débordements de l’humain et les égarements de l’esprit ?
  • Viol, violence, violation : négation de l’homme, manifestation de sa nature véritable ou prédiction de son identité à venir ?

L’ouvrage veut contribuer à proposer une grammaire de l’écriture de la transgression dans la littérature africaine, à établir ses ressorts historiques ou socio-anthropologiques, à dégager sa valeur axiologique ainsi que sa portée téléologique.

Les contributeurs enverront une proposition de 400 mots au plus, présentant la problématique à aborder, les concepts ainsi que les outils méthodologiques convoqués et le corpus d’appui. Cinq mots-clés résumeront ces différents aspects du travail.

Les dates importantes :

  • Réception des propositions d’article : 1er octobre 2015
  • Retour des avis du comité scientifique : 30 octobre 2015
  • Réception des articles : 30 mars 2016
  • Retour des expertises : 30 avril 2016
  • Publication : octobre 2016

Les adresses utiles :

 

[1] Etudes littéraires, volume 35, N° 1, Afrique en guerre, p. 8.