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Appels à contributions
Linguistique et poésie

Linguistique et poésie

Publié le par Alexandre Gefen (Source : michèle Monte)

Linguistique et poésie

Appel à communications pour le numéro de Marges linguistiques
Numéro coordonné par Michèle Monte et Joëlle Gardes Tamine


Ce numéro se propose, dix années après le numéro 110 de Langue française sur "Linguistique et poétique", d'explorer la façon dont se pose à l'heure actuelle la question de l'analyse linguistique de la poésie. Sans nier ce que les travaux structuralistes ont pu apporter à l'étude du texte poétique, sans ignorer non plus les avancées importantes dans le domaine de la métrique, il nous semble important d'interroger dans ce numéro ce que la linguistique énonciative, la linguistique textuelle, l'analyse des discours et les réflexions récentes sur le statut toujours controversé de la stylistique peuvent apporter à l'étude du texte poétique, et en retour d'examiner en quoi les spécificités propres au texte poétique, et singulièrement au texte poétique contemporain, peuvent parfois interroger la pertinence de concepts et d'outils élaborés lors de l'étude d'autres corpus. Nous suggérons ci-dessous quelques axes de travail, sans exclure d'autres propositions :
une première perspective consistera à discerner par des analyses précises de corpus des spécificités propres au discours ou au genre poétique : on pense notamment à la construction de la référence, au traitement de la déixis, aux phénomènes de cohérence et de cohésion, au fonctionnement de la temporalité, à la question du rythme, dont les débats récents ont montré qu'il ne pouvait se réduire au nombre. Il s'agirait, entre autres, d'apporter des éléments précis de réponse à ces questions : la poésie constitue-t-elle une modalité spécifique de signification (cf. les propositions de Marc Dominicy sur l'évocation) ? N'existe-t-il pas une ontologie de la poésie qui exclut qu'on la réduise à n'avoir qu'un fonctionnement autoréférentiel, sur quoi insistaient les analyses des années 1970 ?
une deuxième perspective s'interrogera sur l'intérêt qu'il peut y avoir à utiliser dans l'analyse des textes poétiques des outils élaborés par les linguistiques de l'énonciation, la pragmatique et l'analyse de discours, qu'il s'agisse des distinctions entre locuteurs et énonciateurs, de la notion d'éthos, ou de celle d'actes de langage, par exemple : en quoi ces concepts peuvent-ils amener à mieux cerner la spécificité de la communication poétique ?
une troisième perspective, plus épistémologique, affrontera les questions suivantes : quelles linguistiques sont-elles les plus à même d'éclairer notre compréhension du fait poétique ? l'assimilation souvent opérée entre ordre poétique et ordre rhétorique contient-elle quelque pertinence ou devrait-elle être abandonnée ? les méta-discours des poètes peuvent-ils être utilisés par les linguistes dans leur étude du fait poétique ?

Quelle que soit la perspective retenue par les chercheurs, les coordinatrices du numéro souhaitent que les articles s'appuient sur des études précises de corpus (dans des langues de grande diffusion) et contribuent à enrichir notre compréhension du fonctionnement linguistique des textes poétiques et de la façon dont s'élaborent leur signification, mais également de la spécificité de la praxis poétique en regard d'autres pratiques littéraires et langagières.

Le numéro paraîtra en novembre 2007 et les articles sont à envoyer jusqu'au 1er mars 2007. Leur évaluation se déroulera au deuxième trimestre 2007 et les éventuelles réécritures prendront place au troisième trimestre 2007.