Édition
Nouvelle parution
Line Cottegnies (éd.), Mary Astell et le féminisme en Angleterre au XVIIe siècle

Line Cottegnies (éd.), Mary Astell et le féminisme en Angleterre au XVIIe siècle

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Tony Gheeraert)

Mary Astell et le féminisme en Angleterre au XVIIe siècle. Textes traduits et présentés par Line Cottegnies

Lyon, , ENS Editions, "Les Fondamentaux du féminisme" (dir. Frédéric Regard) , 2008
ISBN: 978-2-84788-126-4

Prix: 23 €



Table des matières
1. Proposition sérieuse àl'attention des femmes de qualité(1694)
2.Proposition sérieuse àl'attention des femmes de qualité, Deuxièmepartie (1697)
3.Réflexions sur le mariage(1700)

Précurseurs

1. Margaret Cavendish
a. Opinions de physique et dephilosophie (1655)
b. Le Couvent du plaisir(1668)
2. [Richard Allestree, LaVocation des dames (1673)
3. [Bathsua Makin, Essai pourrestaurer l'ancienne éducation des femmes dequalité (1673)
4. Hannah Woolley, Le Compagnonde la femme de qualité, ou, guide pour le sexeféminin (1673)
5. Clement Barksdale, Lettresur un collège de jeunes filles, ou une Société deVierges (1675)

Réception

6. [Judith Drake,Essai pour défendre le sexeféminin (1696)
7. [Daniel Defoe, Essais surdivers projets (1697)
8. George Wheler, Le Monastèreprotestant, ou le gouvernement chrétien(1698)
9. [Jonathan Swift, TheTatler, n° 32 (23 juin 1709)

TABLEAU DES ÉVÉNEMENTSCONTEMPORAINS
Bibliographie sélective
Index des noms
Index des notions

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Dans Libération du 30/10/8:

"La dot d'Astell

Par Y. Ripa

Féminisme. Ecrits britanniques du XVIIe.


u'[une femme] se voit obligée à tout moment de servir un hommen'est qu'une occupation fortuite, comme peut l'être par exemple pourn'importe quel homme la nécessité et l'obligation de garder des cochons: il n'a pas été fait pour cela.» Le ton est donné, mordant,ironique, mais d'une imparable logique, comme l'est cette remarque quise rit des contradictions masculines : puisqu'«il serait ridiculede supposer qu'une femme, même avec de l'instruction, puisse approcherle génie supérieur des hommes, alors pourquoi envieraient-ils, pourquoivoudraient-ils nous décourager ?» Et Mary Astell, 27 ans,jusqu'alors plus poétesse que pamphlétaire, de revendiquer uneéducation pour les femmes, d'envisager même l'existence d'une sorte demonastère de la culture. On croit identifier une posture féministe dupremier XIXe siècle. Il n'en est rien. L'auteure est enfant de ce XVIIe anglais durant lequel la vie des femmes a été «profondément transformée par les conséquences de la guerre civile et de l'intermède républicain».

Astell est tôt confrontée au destin miséreux des femmes sans dot.C'est de cette réalité surtout que naît ce protoféminisme. Il est aussiqualifié de préféminisme par Cottegnies, qui signe une remarquableprésentation, indispensable clé pour mesurer le caractère précurseur decette pensée, tout en en comprenant les limites qui valurent à sonauteure, après la renommée de son vivant, de tomber dans l'oubli.

Si l'audace prévaut dans sa réfutation du naturalisme et dans larelecture des Ecritures, si la dénonciation et la déconstruction desmécanismes de la domination masculine étonnent par leur modernité, sises projets éducatifs qui accusent l'ignorance des femmes d'être «la cause de la plupart de [leurs] vices» sont en ces temps novateurs, le féminisme d'Astell est élitiste, comme l'annonce le titre de son ouvrage : Propositionsérieuse à l'attention des femmes de qualité, en vue de l'avancement deleur véritable et meilleur intérêt, par une femme aimant son sexe, dont la première partie paraît en 1694 et la seconde, assortie d'une méthode pour le développement de leur esprit,en 1697. Sa critique de la différence sexuée bute sur son respect de lahiérarchie des sexes au sein du politique et de la famille : dans Réflexions sur le mariage, à l'occasion de l'affaire du duc et de la duchesse de Mazarin (1700),Astell, qui a défendu la chasteté, plaide pour une union rationnellemais dans laquelle l'épouse reste soumise à son conjoint. Elle semontre ainsi pragmatique et fidèle à ses positions tories. Celles-cilui fermeront les portes de la postérité. Voilà réparée une injusticede la mémoire féministe."