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Nouvelle parution
Ligature-18 (Revue critique du livre d'artiste) : ​

Ligature-18 (Revue critique du livre d'artiste) : ​"La photographie & le livre d’artiste"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Serge Chamchinov)

Ligature n°18 : « La photographie & le livre d’artiste »

Association LAAC, 2020. ISSN 22700404.

 

Sommaire

Préface

Première rubrique : Discours

- « Le livre d’artiste [sic] » : Le livre de photographe Ving-neuf stations de gares (Le 22 juillet 1934, comme c’était vécu à Paris  [La Petite ceinture]). Présentation par Jean-Pierre Hastaire. Article critique par Serge Chamchinov.

- Dossier : Léonore Fandol, Bords de Seine à Asnières, (collectif [[dbl-j]]).

- « La grille et les images ». Article critique et photographies par Alexandre Melay sur la tradition de photobook en Japon.

Deuxième rubrique : Inédit

- « Heelalzwaan 4. Weltall-Schwan 4. Cygne-univers 4 ». Poèmes en néerlandais de Claude van de Berge (Gand), traduction en allemand par Anna Livia Schauder, en français par Jan H. Mysjkin. Photographies par Arlette Walgraef. Projet du livre (groupe Sphinx Blanc).

- « Vivre dans la ville fautive ou le Nouveau fantômisme ». Poème de Serge Chamchinov, dessin d’Henri de l’Amous. Improvisation sur les motifs de la chanson Living In A Ghost Town de The Rolling Stones.

- « Études de têtes ». Poèmes récents d’Yves Namur : Étude de tête de Pierre-Auguste Cot ; Une tête dans le miroir - pour Paul Emond. Photographies de Béatrice Libert.

Troisième rubrique : Figures

- Anonyme, « Visages mal vêtus vus dans une chambre obscure » (album). Série de cinq dessins à la plume « Portraits clandestins ». Laboratoire du livre d’artiste. Section « Anonymos » (2020).

- 4 Portraits exquis surgis de l’ombre. Improvisation par Sergo Sabanadzé (Samtrédia) et Serge Chamchinov (Granville) d’après les dessins et le poème d’Egon Schiele.

- « Le journal intime ». Essai de Philippe Lahure. Document photographique original avec une double-page du Journal intime (livre manuscrit et dessiné par Philippe Lahure).

Postface

 

 

Présentation du numéro

La définition du livre d’artiste est directement liée à celle de l’œuvre d’art, en particulier l’œuvre d’art graphique. Il s’agit d’une forme d’expression artistique à laquelle la présence de la main de l’artiste est indispensable dans le livre-objet final. Celui-ci est donc toujours unique, et même s’il en existe d’autres exemplaires (ou plutôt des variantes), chacun comporte des documents graphiques autographes. Or il faut distinguer le livre d’artiste de toute autre création pratiquant la forme du livre, comme par exemple le carnet de travail avec des esquisses, la plaquette d’un contenu très court, et évidemment la maquette préparatoire destinée à finaliser l’édition du livre, ainsi que l’édition d’artiste. Force est de constater que l’attribution de la griffe livre d’artiste est souvent aujourd’hui quasi-automatique, à la limite de l’incohérence et dans l’ignorance des caractéristiques propres au livre comme œuvre d’art. Ce qui compte en premier pour le livre d’artiste est l’original – le dessin, la gravure –, mais aussi l’espace qui reçoit cet original. Dans la plupart des cas, il s’agit de l’espace de la page en papier. Or il serait fautif de prétendre avec certitude que chaque œuvre sur papier (gravure ou dessin), mise en une certaine continuité, engendre automatiquement un livre d’artiste. L’importance réside aussi dans le contenu, dans la suite, dans le volume, dans l’ensemble de tous les éléments composant le livre-œuvre. Dans le cas du livre d’artiste, il ne s’agit pas a priori de la notion de « tirage » (limité ou illimité) – d’ailleurs, ce discours vient des collectionneurs et des marchands d’art qui associent l’œuvre d’art au domaine commercial. Cette polémique n’est pas naturelle pour l’artiste qui reste libre de décider combien de variantes il veut faire de son œuvre, quand et pourquoi. La situation privilégiée du livre d’artiste comme pièce unique change au regard de la volonté de l’artiste de s’exprimer en plusieurs variantes. Chaque nouvelle variante, sans être une copie, compose dans son ensemble une suite d’œuvres originales. Il faut prendre en compte que les nouvelles technologies d’aujourd’hui s’affirment avec plus d’indépendance par rapport à la pratique artistique manuelle. Les procédés approuvés par le Laboratoire du livre d’artiste depuis 2008, pour les technologies de créations infographiques utilisant en particulier le jet d’encre, attestent l’affirmation selon laquelle les « circonstances nouvelles peuvent laisser intact le contenu d’une œuvre d’art » : elles peuvent, « par exemple en photographie, révéler des aspects de l’original accessibles non à l’œil nu, mais seulement à l’objectif réglable et libre de choisir son champ et qui, à l’aide de certains procédés tels que l’agrandissement, capte des images qui échappent à l’optique naturelle » (W. Benjamin). La question de la présence de photos dans le livre d’artiste est polémique et pose la nécessité de la distinction entre ce livre et les diverses formes de l’album photographique, même très expérimentales. L’interrogation proposée par notre revue Ligature pour son numéro 18 se construit autour des critères de cette distinction. Le livre accompagné de photos se situe-t-il plutôt tout naturellement dans le domaine du livre illustré et édité ? Nous avons entamé cette discussion en évoquant quelques exemples sous l’angle de leur correspondance avec le livre d’artiste.

Le problème de contradiction entre le livre d’artiste en tant qu’œuvre d’art et l’édition du livre d’artiste en tant que produit commercial fait penser à une idéologie implantée dans les années 1980 et développée ensuite, à la fin des années 1990, dans quelques ouvrages traitant du sujet du livre d’artiste comme un genre d’art (son apparition, ses traditions, ses noms des artistes-pionniers). Ayant comme ambition de présenter la problématique de l’introduction du genre du livre d’artiste à l’art contemporain, ainsi que son esthétique particulière, ces ouvrages contiennent malheureusement plusieurs traces de substitution des notions de base, de contournement par le silence sur certains faits historiques et bibliographiques, de dissimulation du sens du travail et de la conception artistique. Ainsi, au début du XXIe siècle, les artistes qui pratiquent l’expression par le livre ont eu l’impression de voir se diriger le passage de la critique sur le livre d’artiste dans une impasse et vers la théorie des fautes. Dans la revue Ligature, répugnant à l’inexactitude, nous publions et analysons à la façon scientifique les faits qui proposent un point de vue alternatif à une telle idéologie. Le but est de procéder à une présentation d’un caractère à la fois encyclopédique et panoramique, en ciblant non seulement les aspects historiques ou actuels, mais aussi en réfléchissant à tracer les perspectives du genre. Il faut remarquer qu’à ce jour le nombre de tirages de la revue (qui existe depuis 2012) représente en totalité près de 500 exemplaires diffusés dans les grandes collections (bibliothèques, médiathèques, archives et musées) publiques de dix pays différents (France, Monaco, Belgique, Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Espagne, États-Unis et Russie). Toutes les revues sont composées et réalisées par les artistes concepteurs du groupe international Sphinx Blanc, dont les fondateurs sont Serge Chamchinov et Anne Arc. Chaque exemplaire est unique de par sa création, authentifiant, non seulement par son contenu mais aussi par sa forme de présentation, le livre d’artiste en tant qu’œuvre d’art.

 

Comité scientifique de la revue Ligature

Anna Samson (alias Anne Arc). Poète, artiste peintre, docteur ès Lettres de université d’État des sciences humaines de Russie, présidente de l’association LAAC (France). Co-directrice de l’Institut de recherches interdisciplinaires du livre d’artiste (IRILAC).

Serge Chamchinov. Artiste peintre, docteur ès Lettres de l’université Paris-VIII (France). Co-directeur de l’Institut de recherches interdisciplinaires du livre d’artiste (IRILAC).

Caroline Bérenger. Docteur ès Lettres de l’université Paris-IV, chercheur et maître de conférences à l’université de Caen (France).

Felip Costaglioli. Poète, traducteur, professeur d’esthétique du Cinéma à l’université de St Cloud (États-Unis).

Louise Dupré. Poète, romancière, membre de l’Académie des lettres du Québec (Canada).

Catarina Figueiredo Cardoso. Chercheuse de l’université de Coimbra (Portugal).

Véronique Jago-Antoine. Romaniste, philosophe, attachée scientifique aux Archives et Musée de la Littérature, Bruxelles (Belgique).

Jan H. Mysjkin. Poète multilingue, traducteur (Paris, France/ Bucarest, Roumanie). 

Yves Namur. Poète, membre de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique.

Pierre Schroven. Poète, critique littéraire, formation de bibliothécaire documentaliste (Belgique).