Lettre ouverte du collectif des enseignants des lycées duBas-Rhin en lutte
Lycée de Bouxwiller, Lycées Fustel deCoulanges, Marie Curie et Louis Pasteur (Strasbourg), Lycée Schuman (Haguenau),Lycée Stanislas (Wissembourg).
Strasbourg, le 10 mars 2010
Le lycée est l'objet d'une« réforme », annoncée pour la rentrée 2010, imposée dans une brutaleet suspecte impréparation.
Elle aggrave la crise de l'école. Elle estdangereuse.
Cette « réforme » est porteusede transformations qui vont à l'encontre d'un service public de l'EducationNationale tel qu'il est garanti par notre propre constitution :
«La nationgarantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à laformation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignementpublic gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'Etat.»(article 13 du préambule).
Cette « réforme » est dictée par la restrictionbudgétaire, et par la suppression de dizaines de milliers de postes dansl'Education Nationale.
Considérant
Que cetteréforme va dans le sens d'une réduction de l'enseignement des disciplines au profit de « dispositifs » aucontenu flou (« accompagnement », « exploration »...) etaux moyens insuffisants ;
Que la logique en oeuvre est, d'un côté, denous enlever les moyens de faire convenablement notre métier, et de l'autre deprétendre nous faire faire de la remédiationavec des moyens ridicules;
Que la dotation horaire de chaqueétablissement diminue, endiminuant les possibilités de dédoublement des classes ;
Que l'aide individualisée (limitée à 8 élèves par groupe) disparaît ;
Que l' « accompagnement personnalisé » annoncé se fera au mieux dans une classedédoublée, au pire en classe entière, ce qui est une supercherie ;
Que les « stages de remise à niveau »et le « tutorat » sont des leurres, qui servent au gouvernement àcommuniquer, mais pour lesquels rien de lisible ni de sérieux n'estprévu ;
Que les élèves n'ont rien à gagner à effectuer ce quirisque fort de n'être que des heures de « garderie », avec pour conséquencede faire diminuer les heures des disciplines plus structurées et certainement,plus structurantes ;
Que les nouveaux professeurs sans formation professionnelle se retrouveront à larentrée prochaine devant des élèves et face à des exigences démultipliées,complètement irréalistes ;
Que les remplacements des enseignants pourrontêtre assurés par des étudiants ou des retraités; que l'orientation des élèves est entrain d'être sacrifiée par extinction des professionnels qualifiés pour.
Que l' « offre »d'enseignement selon des « choix locaux » varie évidemment suivantles moyens mis à disposition de chaque établissement, que ces moyens sontdistribués de manière de moins en moins égalitaire et de plus en plus suivant descritères opaques et toutà fait critiquables ;
Qu'une telle politique, jointe à la remiseen cause de la sectorisation, ne peut que creuser encore les inégalités sociales, aggraver lesrancoeurs et les jalousies, sur fond de concurrence malsaine entre lesétablissements, les matières et les enseignants eux-mêmes;
Dans ces conditions, nous ne pouvons plus garantir auxélèves un enseignement de qualité.
Nousvoulons :
- la création de postes ; un encadrement suffisant des élèves en enseignants,personnels de vie scolaire, d'orientation, agents ;
- des dotations en heures quipermettent à tous les établissements d'accueillir convenablement leurs élèveset leurs personnels, ce qui implique la réduction des effectifs dans lesclasses et la possibilité d'enseigner dansdes conditions acceptables, c'est-à-dire assurément pas avec 35 élèves parclasse ;
- l'abandon de la réforme dela « mastérisation » sur le recrutement et la formation des enseignants, dont les conséquences seraientcatastrophiques dès la rentrée prochaine ; qui en quelques années aboutira àrecruter une majorité de professeurs précaires, sous-payés, corvéables à merci,et jetables ;
- l'arrêt des attaques contrenos statuts ;
-le retrait de la« réforme » Chatel, et l'ouvertured'une réelle concertation surl'enseignement en lycée.
Nous appelonsles personnels d'éducation, les parents d'élèves, les élus de la République etl'ensemble des citoyens à nous rejoindre dans cette lutte, avec l'ambition d'unservice public de qualité.