Questions de société
Lettre de l'intersyndicale des informaticiens de l'EN à Luc Chatel (avril 2010)

Lettre de l'intersyndicale des informaticiens de l'EN à Luc Chatel (avril 2010)

Publié le par Bérenger Boulay

Lettre de l'intersyndicale à M. Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, porte-parole du gouvernement.


Monsieur le ministre,


Le 30 mars dernier, le personnel des services informatiques à l'appel de l'intersyndicale  SNPTES -UNSA, SNASUB –FSU, SPASEEN-FO, SGEN-CFDT, UN SGPEN- CGT s'est  massivement rassemblé dans la grève et les manifestations devant le ministère et les rectorats  pour le retrait du schéma directeur.


Le 30 mars dernier, ni le secrétaire général du ministère ni les membres de votre cabinet n'étaient apparemment disponibles pour recevoir les représentants des informaticiens en grève, ce qui a été ressenti par nos collègues comme l'expression d'un mépris pour leurs revendications et leur avenir, le chef du STSI n'ayant pas mandat pour négocier avec les organisations syndicales.


Toutefois, votre conseiller social nous ayant demandé de vous adresser « une note », nous le faisons avec la présente demande d'audience en espérant enfin être entendus.  
Nous vous rappelons les revendications sur lesquels nous avons rencontré le chef du STSI et ses principaux collaborateurs à quatre reprises, sans résultats.

  • le retrait du schéma directeur des infrastructures (SDI),
  • l'arrêt des restructurations de services,
  • l'arrêt des redéploiements et suppressions de postes,
  • le maintien d'une informatique de proximité

Avec les personnels, nous rejetons les restructurations, suppressions et redéploiements qui découlent du schéma directeur des infrastructures (SDI) que votre ministère entend aujourd'hui imposer en force dans le cadre de la mise en oeuvre de la révision générale des politiques publiques.

Élaboré dans l'opacité la plus grande,  le SDI apparaît bien comme une étape décisive vers l'externalisation et la privatisation de nos services.

Chacune de nos organisations, en bilatérale ou dans le cadre de l'intersyndicale a attiré votre  attention sur la nocivité de cette «réforme» qui se traduira immanquablement par une détérioration du service rendu au public, et des conditions de travail des gestionnaires.
La mutualisation de l'informatique que vous entendez mettre en place pour « réaliser des éco-
nomies » est un échec à tout point de vue lorsqu'on regarde les exemples existant aujour-
d'hui :

  •  en termes de services, l'utilisation des applications comme Chorus ou DT entraînent des dysfonctionnements importants dans tous les services, voire une désorganisation généralisée ;
  • concernant les personnels, les conditions de travail se dégradent entraînant, démotivation et stress au travail quand ce n'est pas des situations qui rappellent les signes avant coureur des drames intervenus à France Télécom ;

Le constat est aujourd'hui sans appel : la mutualisation de l'informatique, c'est la remise en cause de l'existence du service public de proximité de l'Éducation nationale, pendant que quelques grandes sociétés privées engrangent de substantiels profits avec des crédits publics  généreusement octroyés, et pour des prestations sans garantie de qualité si on en juge par les dysfonctionnements inadmissibles de Chorus et DT.

Le schéma directeur des infrastructures n'est que la poursuite de cette logique dangereuse  pour l'avenir du service public.

Il y a en outre tous les risques d'atteintes à la confidentialité et à la laïcité qui sont inhérents à l'externalisation de bases de données à des « partenaires » extérieurs ou à des sociétés privées qui pratiquent elles-mêmes l'externalisation et la sous-traitance pour le traitement de l'information.


Tous ces constats expliquent le rejet du SDI par les informaticiens et par nos organisations syndicales.

Sauf à risquer un conflit majeur avec les informaticiens de l'Education nationale qui n'ont nullement l'intention de renoncer à leurs légitimes revendications, nous vous demandons à nouveau de nous recevoir et de répondre aux revendications des personnels.

Dans l'attente, nous vous prions d'agréer, Monsieur le ministre, l'expression de notre  considération distinguée.