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Les vérités documentaires : natures, valeurs et interprétations du document en Histoire, au Cinéma et au Théâtre

Les vérités documentaires : natures, valeurs et interprétations du document en Histoire, au Cinéma et au Théâtre

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Jérémy MAHUT)

CRIMEL EA3311

Journée d'étude interdisciplinaire autour des notions de document et de modèle.

Les vérités documentaires : natures, valeurs et interprétations du

document en Histoire, au Cinéma et au Théâtre.

Mercredi 22 juin 2011

Bibliothèque Robert de Sorbon

Université de Reims


Le terme « documentaire » jouit actuellement d'une notoriété sans mesure. Quel que soit le format qui lui est associé (télévision, cinéma, théâtre), il semble être un gage de vérité. Le document, qui est à l'origine ce qui enseigne, renseigne, est devenu synonyme de preuve, de témoignage. Cette évolution du sens tend à lui conférer une valeur de vérité plus grande que celle qui est réellement la sienne. On oublie en effet trop souvent que le document est un objet signifiant dont le sens ne peut être compris indépendamment de sa nature, de sa valeur et de l'interprétation qu'on en fait. Il ne peut donc être question de vérité documentaire que si on la considère comme multiple.

Cette journée d'étude vise à confronter les approches scientifiques et artistiques, en vue d'initier une analyse interdisciplinaire du traitement du document. Utilisé le plus souvent pour établir une vérité, il pose la question de la légitimité de ceux qui l'interprètent, raison pour laquelle il est très important de comprendre quelles sont leurs méthodes. Nous verrons que celles-ci sont discutées au sein de la discipline historique et qu'elles varient selon la nature et la rareté des sources. S'il est naturel que les historiens s'interrogent sur leur démarche, il est plus surprenant de constater que les méthodes d'interprétation du document sont aussi débattues au sein de pratiques artistiques telles que le cinéma et le théâtre. Le document serait-il un frein à ce qu'on nomme la « souveraineté de l'artiste » ? Pour comprendre la relation qui unit les artistes et le document, nous commencerons par nous intéresser à l'impact que les sciences sociales ont eu sur les dramaturges de la fin du 19ème siècle à l'entre-deux-guerres. Ce point d'histoire nous permettra de mieux comprendre comment le théâtre documentaire est né, comment une partie de lui a évolué jusqu'à se confondre avec ce qu'on appelle aujourd'hui le « théâtre-témoignage ». Ce glissement du document au témoin est un phénomène qui est apparu dans les années 1990, années de renouveau pour le théâtre documentaire, et qui signent le début de « l'ère du témoin » selon l'historienne Annette Wieviorka[1]. Il sera intéressant de comparer les réticences des historiens et des dramaturges à prendre le témoin comme objet de travail, réticences liées à la perception parfois erronée que nous avons du rapport entre le document et la vérité. Enfin, nous ne saurions parler du lien qui unit les artistes et le document sans analyser la pratique cinématographique, elle-même à l'origine du théâtre documentaire. Nous chercherons à savoir quelles sont les difficultés rencontrées par les cinéastes en ce qui concerne l'utilisation du document. Nous verrons, à travers les recherches de Jean-Marie Straub, Danièle Huillet et Harun Farocki, que le cinéma offre de nombreuses voies possibles pour aborder le document et que cette hétérogénéité questionne elle aussi les notions de réel, d'illusion et de vérité. L'approche cinématographique nous forcera en outre à nous interroger sur les valeurs historique et politique du film documentaire.

L'influence mutuelle qui s'exerce entre l'histoire, le cinéma et le théâtre dans le traitement du document est le signe que l'interdisciplinarité permet la construction de modèles riches, innovants et en perpétuelle évolution. La multiplication des documents à l'échelle planétaire, favorisée par la technique et par le développement des médias, et l'élargissement incontestable du concept de document, comme en témoigne la constitution récente d'« archives orales » par les historiens et l'hétérogénéité des arts dits « documentaires », justifient de confronter nos expériences pour clarifier cet objet qui est, aujourd'hui, à la fois encensé et critiqué.


PROGRAMME

Matinée

10h00

Romain DUPRÉ, doctorant en Histoire à l'Université de Paris I, dirigé par Madame la Professeure Catherine Nicault

Le fait minoritaire dans les sources. L'exemple d'une recherche sur l'histoire contemporaine des Juifs de France.

10h30

Cyrielle LANDREA, doctorante en Histoire ancienne à l'URCA, dirigée par Madame la Professeure Sylvie Pittia

Le problème des sources dans l'étude de l'antiquité romaine abordé par le biais des documents épigraphiques.

11h00

Pause

11h30

Paola RUSSO, doctorante en Histoire à l'URCA, dirigée par Madame la Professeure Marie-Claude Genet-Delacroix

L'iconographie comme exemple particulier de document : étude sur le rapport iconographique entre la Révolution française et la Révolution parthénopéenne.

12h00

Isabelle SCAVINER, doctorante en Arts du Spectacle à l'Université de Caen Basse-Normandie, dirigée par Madame la Professeure Chantal Meyer-Plantureux

Le critique, spectateur privilégié et avisé, témoin professionnel du spectacle vivant. Approche historique et culturelle - années 1900 – 1920.

12h30

Déjeuner

Après-midi

14h00

Léonor DELAUNAY, docteure en Arts du Spectacle

De la grande Histoire aux petites histoires : impact des sciences sociales sur le théâtre, de la fin du 19ème siècle à l'entre-deux-guerres.

14h30

Jérémy MAHUT, doctorant en Littérature comparée à l'URCA, dirigé par Madame la Professeure Isabelle Krzywkowski et par Madame la professeure Chantal Meyer-Plantureux

Du théâtre documentaire au théâtre-témoignage : L'utilisation du témoin comme « document » ?

15h00

Pause

15h30

Thomas VOLTZENLOGEL, doctorant en Arts du Spectacle à l'Université de Strasbourg, dirigé par Monsieur le Professeur Jean-Marc Lachaud

« Danger menaçant, peur, catastrophe » : expositions dialectiques et critiques de documents historiques dans les films de Jean-Marie STRAUB, Danièle HUILLET et Harun FAROCKI.

16h00

Synthèse de la journée.

Contacts :

CRIMEL EA 3311 Bâtiment 13 Enseignements Recherche, Campus Croix-Rouge,

57 rue Pierre Taittinger, 51096 REIMS – Tel : 03 26 91 36 15 – Fax : 03 26 91 36 15

Suivi scientifique : Jérémy MAHUT (j.mahut@wanadoo.fr)

Suivi administratif : Ségolène BUFFET (segolene.buffet@univ-reims.fr)


[1] Annette WIEVIORKA, L'ère du témoin, Paris, Plon, 1998.