Questions de société

"Les universités américaines dans la tourmente du marché", par J. Coubard, L'Humanité, 22/06/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Les universités américaines dans la tourmente du marché - Jacques Coubard, L'Humanité, 22 juin 2009

http://www.humanite.fr/2009-06-22_International_Les-universites-americaines-dans-la-tourmente-du-marche


Washington. La réduction des donations ou les déboires de la spéculation ontcreusé les déficits des établissements jusqu'aux plus prestigieux.

Réputée pour son accueil des étudiants venant defamilles sans grands moyens financiers, l'administration del'université de Reed, à Portland (Oregon), a calculé, recalculé lescomptes pendant des semaines pour conclure qu'ils ne pouvaient plusgarder la classe d'accueil prévue pour ces étudiants. Plus assezd'argent. Moins de généreux donateurs, moins de fonds venus desfondations ou des anciens élèves (-25 %). Les « réserves » placées enBourse ont périclité. Les coûts de gestion augmentent plus vite que lesprix et il manque 50 000 dollars pour boucler le budget del'établissement, qui accueille 1 300 étudiants.

La solidarité passe à la trappe au moment où lesdemandes d'inscription de candidats démunis sont plus nombreuses (23 %cette année) avec la montée du chômage, l'augmentation des fraismédicaux…

1500 universités privées

La crise frappe toutes les universités, tout le systèmed'éducation dont le pays était si fier, présenté par les idéologues deSarkozy comme un modèle d'intégration, d'équité et d'efficacité.

Le président de Reed, Colin Diver, explique que ladirection s'est refusée à réduire le personnel. Ce serait porteratteinte aux programmes, à la qualité de l'enseignement, explique-t-ilau New York Times. Augmenter les droits d'inscription, le coût desétudes serait augmenter la pression sur des familles qui se débattentdans des situations difficiles.

Reed est emblématique. Mêmes les plus riches des 1 500universités privées subissent des déficits qu'elles - comblent ensupprimant des emplois, en abandonnant des programmes. À Clemson, unautre établissement, on a même supprimé cinq jours de salaires. ÀSyracuse, un tiers des étudiants font appel à l'aide sociale. Un recordpour cette ville du nord-est. Dans dix-neuf États, en vingt-cinq ans,l'apport extérieur de capitaux est passé de 30 % à 19 %.

Cette dégradation fait l'objet d'une analyse détaillée d'Andrew Delbanco, dans la New York Review of Books. Il publiera un livre sur le sujet à la prochaine rentrée qui s'annonce désastreuse.

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