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Les théories de l’influence en littérature. Autour de J. Schlanger (Journée doctorale CUSO, Fribourg)

Les théories de l’influence en littérature. Autour de J. Schlanger (Journée doctorale CUSO, Fribourg)

Publié le par Marc Escola (Source : L. Michel)

Journée doctorale CUSO

« Les théories de l’influence en littérature »

École doctorale de Littérature française

 

 

Vendredi 18 octobre 2013

 

Université de Fribourg

Espace Güggi, Rue de Rome 6

 

Quarante ans après la publication de l’ouvrage d’H. Bloom The Anxiety of influence, bible de la critique américaine en son temps, récemment et donc très tardivement traduit en français sous le titre L'Angoisse de l'influence (Aux Forges Vulcain, 2013),  la notion d’« influence », portée aux nues, bannie puis réhabilitée dans le discours critique sur la littérature, réapparaît sans cesse sous des formes nouvelles. Renouveau de la critique philologique, théories de l’intertextualité, génétique théâtrale, théories contemporaines de l’influence rétrospective, et plus généralement les formes de critique qui engagent une réflexion sur les liens entre un texte et tous les autres textes antérieurs ou contemporains seront discutées et envisagées dans leur valeur herméneutique, aujourd’hui, pour les textes anciens et modernes.

 

L’invitée d’honneur de la journée sera Judith Schlanger, professeure émérite de philosophie à l’Université de Jérusalem. J. Schlanger a consacré de nombreuses études aux questions de l’invention, de la pensée et de la mémoire. Son ouvrage La Mémoire des œuvres (Paris, Nathan, 1992, repris chez Verdier poche en 2008) a constitué un apport décisif pour penser la notion d’influence dans le domaine littéraire. Ses derniers travaux (Présence des œuvres perdues, Paris, Hermann, 2010 ; La Lectrice est mortelle, Paris, Circé, 2013) abordent à nouveau d’une façon originale la question du rapport individuel au(x) temps de la littérature.

 

PROGRAMME

 

9h 30  - Accueil

 

9h45 - Conférence inaugurale. Prof. Judith Schlanger : « L’originalité dans la filiation »

 

Discussion

 

12h - Déjeuner

 

14h  - 15h 30 – Séance des doctorants (I)

 

Fabien Dubosson, Université de Fribourg (thèse en cours : « Spectres de Maurice Barrès : l’ego auctorial entre autorité et modernité (1890-1945) »)

 

L’influence de Maurice Barrès (1862-1923) paraît aujourd’hui quelque peu sous-estimée, alors qu’elle a été profonde, aussi bien dans sa durée que dans son impact concret sur les pratiques littéraires, si bien qu’on a pu parler d’un « moment Barrès ». Elle s’est exercée d’abord sur les groupes nationalistes. Mais elle n’a pas été non plus sans prise sur les milieux les plus représentatifs de la modernité littéraire du premier demi-siècle : son empreinte est très sensible à La Revue blanche, à La NRF, et même chez les surréalistes. C’est essentiellement à cette seconde réception de Barrès que s’intéresse notre travail de thèse. Or notre approche soulève un certain nombre de questions, aussi bien méthodologiques que de contenu, et que nous aimerions aborder durant cette séance : comment travailler sur la question des « influences », sans retomber dans certains vieux réflexes de l’histoire littéraire ? Comment concilier des approches fort diverses, qui voudraient relever à la fois de la sociologie littéraire, d’une étude des réécritures intertextuelles et d’une historisation des représentations de l’histoire littéraire par les acteurs eux-mêmes ? Comment, enfin, articuler notre propre « ethos » de chercheur à l’étude d’un auteur devenu, pour des raisons bien compréhensibles, « infréquentable » ?

 

Olivier Wicky, Université de Lausanne (thèse en cours : « Le Moyen Âge ressuscité : l’héritage médiéval dans la littérature du début du XXème siècle [1900-1950] »)

 

La présence d’influences médiévales dans la littérature de la première moitié du XXe siècle s’avère particulièrement intéressante à analyser : de très nombreux auteurs, de Péguy à Cocteau en passant par Aragon, Benoit ou Barrès ont placé leurs écrits sous le signe du Moyen Âge, que ce soit d’un point de vue esthétique ou politique, marquant ainsi une nette rupture avec la méfiance, voire l’hostilité, qui caractérisait souvent les relations avec cette période depuis les Lumières. Mais le début du XXe siècle est aussi un moment traversé de passions brûlantes et d’engagements, où viennent se cristalliser les conflits de courants antagonistes qui couvaient depuis plusieurs décennies.

Je vais donc chercher à montrer quels sont les aspects et les usages de ce renouveau médiéval dans le cadre particulier des crises, des tensions et des guerres de 1900 à 1950. Ma problématique abordera ainsi l’évocation des Croisades liées aux questions coloniales, la guerre de Cent Ans et ses figures héroïques mises au service de la Résistance ou de la collaboration, les réécritures de la matière arthurienne ou encore les romans inspirés du catharisme, en mettant en évidence aussi bien l’intertextualité médiévale que le contexte socio-historique de l’écriture.

 

Pause

 

15h 45 - 17h 15 – Séance des doctorants (II)

 

 

Stéphane Ischi, Université de Neuchâtel (thèse en cours : « Poésie et parodie au XIXe siècle : Tristan Corbière, Charles Cros, Albert Glatigny »)

 

 Afin de dégager une problématique qui mette en lien les questions de l’influence et de la parodie, je propose de parler de la relation ambiguë que peuvent entretenir l'hypertexte et le texte premier. Le rapport peut se situer dans un contexte d'hommages, comme dans le cas des parodies d'Albert Glatigny ou de son maître en littérature, Théodore de Banville, vis-à-vis des poèmes de Victor Hugo. Dans d'autres cas, on se situe dans la pure satire, comme dans le cas des parodies de Tristan Corbière dans Les Amours jaunes, tandis que certaines parodies de Charles Cros ont des intentions plus difficiles à cerner. Du point de vue des problèmes pratiques que pose une recherche sur la parodie, il pourra également être intéressant d’évoquer les méthodes utilisables pour trouver des hypotextes inédits

 

Anne-Frédérique Schläpfer, Université de Genève (thèse en cours : « Les voix de l'intériorité: auteures romandes et échanges littéraires transnationaux [1930-1960] »)

 

Dans les années 1930-1960, certaines auteures romandes (Monique St-Hélier, Alice Rivaz, Catherine Colomb, entre autres) se revendiquent du roman européen – et principalement anglais –, dont elles importent les procédés, faisant du point de vue et du monologue intérieur les techniques clé de leurs productions. Notre travail de thèse s’attache à montrer comment ce détour modifie la géographie des échanges littéraires à laquelle nous sommes habitués. Or, si la question de « l’influence » est centrale pour notre objet, elle n’en est pas moins périlleuse : comment concilier une perspective sociohistorique de la littérature, tenant compte des circulations et échanges transnationaux et la question des « influences », sans retomber dans les écueils d’une conception traditionnelle de l’histoire littéraire ? Dans quelle mesure la notion d’influence  permet-elle de rendre compte du travail de réappropriation formelle opéré par nos romancières ? Telles sont les questions que nous aimerions discuter lors de cette séance.

 

 

 

Organisation et contact : Prof. Marc Escola (Université de Lausanne), Prof. Lise Michel (Université de Lausanne), Prof. Michel Viegnes (Université de Fribourg).