Questions de société
«Les revues de sciences sociales en danger» (liberation.fr, 17.03.2016)

«Les revues de sciences sociales en danger» (liberation.fr, 17.03.2016)

Publié le par Marie Minger

«Les revues de sciences sociales en danger»

Article paru sur liberation.fr, le 17 mars 2016
Par un collectif de chercheurs

 

Avec la «loi pour une République numérique», les travaux des chercheurs seront en libre accès au bout d’un an. Un changement qui risque d’anéantir l’édition scientifique.

Nous appartenons à différentes générations de la recherche française en sciences humaines et sociales ; les revues font partie de nos parcours scientifiques; nous y publions des articles et des comptes rendus ; certains en ont fondé jusqu’aux récentes en ligne. Nous aimons nos revues, elles sont aux fondements du rayonnement de la recherche française dans l’espace scientifique international et aussi, faut-il le rappeler, de l’évaluation scientifique de nos travaux. Ces revues existent en France grâce à une économie le plus souvent hybride, association entre le secteur public et l’édition privée. Cette association a une longue histoire qui ne résulte pas d’une logique de profit pour les éditeurs comme pour les auteurs, mais d’un souci partagé de produire par un travail commun des objets de savoir les plus exigeants et rigoureux. Editer une revue est un long processus, qui mobilise des lecteurs, des évaluateurs, des correcteurs, des éditeurs, des graphistes, des imprimeurs, des libraires, des bibliothécaires…

Ensemble, nous vivons et continuons à travailler dans l’ère numérique. Nous le faisons en dialogue avec les maisons d’édition de nos revues ; nous développons des portails thématiques, des espaces de dialogue, utilisons quotidiennement le Web et ses ressources.

Or, l’article 17 de la «loi pour une République numérique» qui, après avoir été adoptée en janvier par l’Assemblée nationale sera soumise au Sénat début avril, menace de mettre fin à cette économie de production, même si ce n’est pas son intention affichée. Il souhaite que, désormais, nous, chercheurs nous publiions nos articles en libre accès douze mois après leur publication dans les revues. Nous sommes contre cet article qui fragilisera, puis anéantira la pratique de l’édition scientifique telle que nous la défendons. Nous sommes, bien sûr, favorables à l’accès le plus large possible à nos travaux, mais nous sommes plus attachés encore à la défense des lieux de savoir que sont nos revues aujourd’hui, produits de compétences diverses et complémentaires.

(…)

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