Questions de société
Les premières retenues de salaire tombent à Toulon (Poolp - Libération & Var matin 15/05/09)

Les premières retenues de salaire tombent à Toulon (Poolp - Libération & Var matin 15/05/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Voir aussi nos nouvelles des universités.

Sur le site du collectif Poolp:

Université de Toulon : après les CRS, la chasse aux sorcières.

Le président de l'université de Toulon n'avait pas hésité à faire appel aux CRSpour mettre fin aux piquets de grève dans son université, contribuantainsi à enrichir le palmarès d'universités "débloquées" tenu par laministre, comme à Caen ou encore à St-Etienne(àprésent en fermeture administrative). Après la répression contre lesétudiants, c'est au tour de onze membres du personnel (Biatos, ITRF,enseignants et enseignants-chercheurs), qui ont reçu une lettre leurannonçant une retenue sur salaire de 98 jours (il semble d'ailleursincompréhensible que l'université de Toulon et/oule ministère aient laissé passer plus de 3 mois avant de prévenir lespersonnels d'un décompte en bloc des jours de grève). On apprécieraparticulièrement, dans cette lettre, ce passage : "Par ailleurs, il estconstant que vous avez participé aux manifestations organisées par lespersonnels grévistes et exprimé votre soutien au mouvement de grève".On peut relire aussi ce billet de Poolp, ainsi que celui-ci.

Télécharger la lettre envoyée par le président de la fac de Toulon

Voir aussi cette page:

http://www.cuverville.org/breve78866.html

Dans la presse:

- Enseignants grévistes : 98 jours de salaire en moins - Var Matin, 15 mai 2009

- Les premières retenues de salaire tombent contre des profs grévistes, par MARIE PIQUEMAL, Libération 15/05/09

http://www.liberation.fr/societe/0101567519-facs-des-retenues-de-salaire-tombent-a-toulon

Le président de l'université de Toulon menace de retirer 98 jours desalaire à une dizaine d'enseignants et personnels grévistes. «Il s'agitd'une proposition de retenue, pas d'une sanction en tant que telle»,rectifie-t-il.

Le gouvernement a prévenu. Les enseignants-chercheurs grévistes auront des retenues de salaire. Jusqu'ici,les présidents d'université s'en étaient tenus à des rappels à l'ordre,verbaux ou par mails, plus ou moins intimidants. A la fac de Toulon, leprésident est passé au cran supérieur, comme le révèle Var-Matin.

Dans un courrier adressé à plusieurs enseignants, et que Libération.fr s'est procuré, le président Laroussi Oueslati annonce: «Jevous informe que l'Université entend faire application des texteslégislatifs et procède à une retenue des trentièmes de votrerémunération mensuelle pour les jours de grève où il a été constaté quevotre service n'a pas été ou a été partiellement accompli.» 

A ce jour, onze enseignants-chercheurs et personnels administratifs (Biatos) ont reçu cette lettre recommandée,«rigoureusement identique pour chacun d'entre nous et quelque soit notre implication dans le mouvement d'ailleurs», s'indigne ce matin Cédric Garnier, maître de conférences en chimie de l'environnement.

«98 jours de salaire en moins»

Le jeune prof est en colère, et dénonce le mépris de la l'administration. «Aveccette mesure, on a le sentiment que notre président méconnaît la naturede nos fonctions. Sinon, il saurait que ce n'est pas parce qu'on est engrève, qu'on ne bosse pas. Pour la plupart, on a continué nos activitésde recherche pendant ces trois mois.»

Là réside toute la difficulté. Comment savoir si unenseignant-chercheur est gréviste? La règle de base, valable pour tous:si le salarié est absent sans justificatif alors qu'un préavis de grèveest en cours, il est considéré comme gréviste par sa direction.

Sauf que pour les enseignants-chercheurs, le contrôle est difficile. D'abord parce que leurs heures d'enseignement sont annualisées. «Une des maîtres de conf' a reçu une lettre alors qu'elle n'avait pas de cours programmé de tout le second semestre»,souligne Cédric Garnier. Ensuite, parce que les activités de recherchene se mesurent pas par des heures passées dans les labos ou les bureauxdes universités.

«C'est une proposition de sanction»

«Si encore, l'administration avait ajusté la sanction pourchacun d'entre nous... Là, on a le sentiment d'une injustice la plustotale. Un délit de sale gueule, quoi», poursuit le jeune prof. Lalettre précise en effet que les enseignants visés sont considérés commegrévistes à partir du début du mouvement, le 2 février dernier. Autotal, donc, cela équivaut à 98 jours de salaire en moins, voire pluspuisque la sanction court toujours. En application d'une circulaire de2003, sont décomptés les dimanche, jours fériés et périodes defermeture administrative (vacances). Pour les maîtres de conf'concernés, la sanction envisagée équivaut à une perte de salaire de7.000 euros.

Une sanction jugée disproportionnée par le principal syndicat dusupérieur, le Snesup-FSU, qui a envoyé une note à l'ensemble dessyndiqués pour être informés d'éventuelles mesures de répressionsimilaires, prises ailleurs en France. «On a eu connaissance detentatives d'intimidation à Lille II et Reims. Mais le cas de Toulon,c'est du jamais vu. C'est une application rigoureuse des textes de loi.Alors qu'en principe, la question des retenues de salaires donne lieu àdes négociations entre syndicats et administration, à la fin de lagrève.»

Laroussi Oueslati, le président de la fac, tempère: «Ilne s'agit pas d'une sanction en tant que telle mais d'une propositionde retenue de salaire. A charge pour les personnes visées de prouverqu'elles n'étaient pas en grève les jours visés.» Assurant être dans un état d'esprit de discussion et partager en partie les revendications des grévistes, il ajoute: «Ilest de mon devoir de responsable de concilier le principe fondamentaldu droit de grève et le principe de continuité du service public.» Il a donné rendez-vous dès lundi aux organisations syndicales pour envisager une porte de sortie.