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Appels à contributions
Les pratiques d'écriture littéraire à l'université

Les pratiques d'écriture littéraire à l'université

Publié le par Florian Pennanech (Source : Violaine Houdart-Merot)

UFR LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

Département des Lettres Modernes

CENTRE DE RECHERCHE TEXTES ET FRANCOPHONIES

(EA 1392)

33, boulevard du Port – Les Chênes II

95011 CERGY-PONTOISE CEDEX

LES PRATIQUESD'ECRITURE LITTERAIRE A L'UNIVERSITE

Colloque international organisé par le CRTF-EA 1392

Les 2 et 3 décembre 2010, Université de Cergy-Pontoise

APPEL A CONTRIBUTION

Traditionnellement, dans l'enseignement supérieur en France,le mode de rencontre du texte littéraire, la connaissance de sesfonctionnements comme la construction du discours critique qui lui est associé,semblent conçus selon une même optique qui privilégie de manière exclusive lalecture. Les pratiques d'écriture se trouvent, elles, cantonnées dans le seulchamp des exercices académiques tels que la dissertation, l'explication ou lecommentaire de textes, alors qu'il existe d'autres systèmes universitaires(Etats-Unis, Canada) où des formes d'écriture isotopes à la littérature sontreconnues à part entière (T. Donahue).

Le clivage en France entre ces deux modes d'accès au textelittéraire est par ailleurs d'autant plus étonnant qu'un certain nombre detravaux (V. Houdart-Merot, M. Jey), nous rappellent que la « culture ducommentaire » est relativement récente en France (fin du XIXème siècle) et queles textes littéraires ont longtemps été appréhendés comme modèles d'écriture.

Peut-on, dans tousles cas, perpétuer cette tradition d'enseignement récente sans l'interroger, alors qu'un ensemble detravaux ou de données nouvelles incitent à repenser aujourd'hui cette approchede la littérature par la seule voie du commentaire, tant du point de vuehistorique et sociologique qu'en ce qui concerne les théories de la littératureou son enseignement ?

Plusieurs facteurs contribuent en effet à donner toute sonacuité à une telle problématique.

Au planexpérimental, tout d'abord, des pratiques d'ateliers d'écriture, qui se sontdéveloppées en France dans les années 1960 (A.Roche, C. Oriol-Boyer, N. Voltz)ont montré l'intérêt des pratiques d'écriture pour accéder à la lecture detextes littéraires et comprendre de l'intérieur les processus intertextuelspropres à toute oeuvre littéraire.

Au plan théorique,les travaux autour de l'intertextualité (J.Kristeva, G.Genette, M.Rifaterre, L.Jenny), de la critique génétique (P. de Biasi, A.Grésillon) et, plusrécemment, la théorie des textes possibles (S. Rabau, M. Escola, P. Bayard)invitent à accorder toute sa place à la réécriture et à ses retombées sur unplan didactique.

De manière plusconjoncturelle, l'introduction de l'écriture d'invention dans le secondairedepuis 2000 rend indispensable une réflexion sur son introduction dans l'enseignementsupérieur. Cette nécessité est encore accrue par la mise en place des mastersprofessionnels et par le rôle que l'université française va être amenée à jouerdans la formation des maîtres.

Enfin, latransformation du public d'étudiants depuis une trentaine d'années ainsi que ladésaffection des études littéraires unanimement constatée incitent às'interroger sérieusement sur les formes d'enseignement proposées et sur lesmoyens de redonner du sens à ces études : renouveler les modalités d'accès autexte littéraire répond donc à un enjeu réel à court et moyen terme.

Comment penser, dans le cadre universitaire, unerecomposition des enseignements qui donnerait plus de place à l'écriturelittéraire et aborderait la lecture des oeuvres littéraires par le détour d'uneécriture autre que critique ? Que nous disent les expériences déjà conduites enFrance ou à l'étranger de ce point de vue ? Peut-on en repérer et en analyserquelques effets sur les compétences des étudiants et leur rapport à la littératureet à la lecture ?

Sur quelle(s) conception(s) de la littérature, quellesthéories littéraires ou pratiques d'écrivains s'appuient ces nouvellesapproches de la littérature?

A quelles conditions ces pratiques qui existent déjà de manière empirique etponctuelle pourraient-elles s'étendre ? Quelles remises en cause plus largessupposent-elles aussi quant au corpus de textes travaillés, à leurhiérarchisation ou à leur répartition progressive au sein d'un cursusuniversitaire ?

Telles sont les questions que nous entendons poser lors dece colloque qui viendra ponctuer une recherche nationale, conduite par uneéquipe interuniversitaire depuis juin 2009 et qui se poursuivra jusqu'en 2011.Le colloque permettra de présenter les résultats de cette enquête nationale surles pratiques d'écriture littéraire en université et en IUFM ; il sera aussi,de manière plus large, l'occasion de tenter une catégorisation de ces pratiqueset des principes ou des théories littéraires qui les sous-tendent. Lesexpériences présentées et analysées au cours de ces journées devraientégalement permettre d'ouvrir la voie à de nouvelles propositions de formation.

Quatre axes de travaux ont été retenus :

1. Mise en perspective historique et théorique dans lecontexte universitaire français

1) Commentinterpréter l'absence ou la présence marginale de l'écriture littéraire àl'université ? Dans quelle mesure renvoie-t-elle à l'histoire interne del'institution ? A une histoire socioculturelle plus large ? On s'interrogeraainsi sur les conditions dans lesquelles l'université a parfois délégué à desacteurs culturels extérieurs la prise en charge de l'écriture littéraire en sonsein.

2) Sur un autreplan, quel rôle l'introduction des « techniques d'expression » à l'universitéa-t-elle joué ? Pourquoi ? Avec quels effets ?

3) Peut-onresituer l'émergence des ateliers d'écriture et l'introduction d'une écriturelittéraire à l'université par rapport à l'histoire des théories littéraires ?

4) Dans quellemesure y a-t-il parallélisme ou écart entre l'histoire de ces pratiques àl'université et dans la formation des enseignants en IUFM ?

2. Typologies des expériences existant en France et àl'étranger

Cette typologie s'appuiera sur l'enquête nationale menée en2009-2010 et sera élargie par des analyses concernant des universitésétrangères, en Europe pour une part (en particulier Belgique ou Suisse romande)et aux USA où l'on s'interrogera sur laplace et la fonction du « creative writing » dans le cursus universitaire et laformation des enseignants.

Les analyses privilégieront les axes suivants :

- Réflexion sur les animateurs de modules d'écriturelittéraire dans les universités et les IUFM (sexe, cursus, statut, pratiquespersonnelles de l'écriture…)

- Etude du contenu et des fondements, littéraires etdidactiques, des séances d'écriture.

- Etude des modalités d'évaluation pratiquées dans cesmodules et de leurs conséquences.

- Analyse des modes de diffusion des écrits produits par lesétudiants.

Les éléments de cette typologie seront l'occasion dedébattre des fondements de la pratique des ateliers d'écriture à l'universitéet des conceptions de la littérature qu'ils engagent, avec une dimensioncomparatiste.

3. Analyse des effets repérables

Des études sur des travaux d'étudiants pourront êtreprésentées. Elles dépasseront le simple compte-rendu d'expérience ou le seulrecueil de témoignages des étudiants, pour proposer des éléments de réflexionprécis :

- Quelles évolutionssont repérables dans les écrits des étudiants, dans la durée ? Quels types derévisions opèrent-ils? Comment l'enseignant intervient-il dans leurs textes ?

- Quelles modifications du rapport à la lecture littéraireet plus largement à la littérature ? Dans ce cadre, une place particulièrepourra être donnée aux « journaux de bord » des étudiants, lorsqu'ils sontdemandés par les enseignants (en précisant les orientations données à cesphases réflexives), ainsi qu'aux évaluations finales lorsqu'elles comportentcette dimension réflexive.

Enfin, sur la base d'enquêtes éventuelles, on pourra tenterde repérer les effets de ces pratiques du côté des enseignants.

4. Quelques éléments de projection possibles

On réfléchira aux différentes implications d'unegénéralisation éventuelle de ces pratiques dans le cadre d'une possiblerefondation du cursus littéraire à l'université.

Quels en seraient les enjeux ? Les éventuelles limites ?Répondraient-elles à un objectif de transmission des savoirs ? A un objectif detransmission de pratiques culturelles?

Toutes les démarches sont-elles pertinentes dans cesdifférentes perspectives ? Sur quels types de validation peuvent-ellesdéboucher dans le cadre de l'évaluation des étudiants ?

Quelles compétences la mise en place de tels ateliers requièrent-ellesde la part des enseignants ?

Enfin, quelle évolution des relations et des partenariatsentre l'université et d'autres acteurs du champ culturel et du monde de lacréation faut-il repenser dans le cadre de ces pratiques d'écriture littéraire?

Responsables scientifiques : Christine Mongenot et ViolaineHoudart-Merot

Calendrier

Le colloque aura lieu à l'université de Cergy-Pontoise les 2et 3 décembre 2010

Les propositions de communication doivent être adresséesavant le 30 avril 2010 (titre et résumé entre 1500 et 2000 signes) aux adressessuivantes :

christine.mongenot@free.fr; violaine.Houdart-Merot@u-cergy.fr

Comité scientifique

Nicole Biagioli (Université de Nice), Daniel Bilous (Université du Sud Toulon-Var), Catherine Boré(U. de Cergy-Pontoise), Tiane Donahue (Dartmouth, New Hampshire, USA),Jean-Louis Dufays (U. de Louvain, Belgique), Marie-Laure Elalouf (U.C.P.),Violaine Houdart-Merot (U.C.P.), Christine Mongenot (U.C.P), Michèle Monte (U.Sud Toulon-Var), Claudine Oriol-Boyer (U. Stendhal-Grenoble 3), André Petitjean(U. de Metz), Anne Roche (U. d'Aix-Marseille 1).