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Les polices du langage

Les polices du langage

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Alain Vaillant)

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Romantisme, revue du dix-neuvième siècle, 2009-4, « Les polices dulangage ».

 

Le XIXe siècle peut aisément apparaître comme un temps où sesont trouvées privilégiées toutes sortes de mises en règle, en ordre, en norme– dans tous les domaines, du politique au linguistique. On aurait tort defaire du triomphe du positivisme la raison unique de cette systématisationgénéralisée ; force est de constater que, dans le domaine grammatical, ledésir de recadrer la langue s'inscrit dans l'héritage direct des Encyclopédisteset concerne tous les camps, qu'il s'agisse de réformer l'orthographe (1835), desynthétiser toutes les propositions des grammairiens précédents dans desgrammaires des grammaires (Girault-Duvivier) ou des grammaires nationales(Bescherelle) de plus en plus autoritaires, d'enfermer le lexique (Littré,Larousse) ou l'histoire du français (Chasles, Littré, Petit de Jullevileouvrent la voie à Brunot qui débutera son grand oeuvre en 1905) dans desouvrages aussi rigoureux qu'exhaustifs. La volonté tant de corriger les dérivesaristocratiques de l'ancien régime dans l'usage trop libre de la langue qued'imposer un français uniforme et pur pour aider à la marginalisation desautres langues, qui sont encore majoritaires en France, trouvera à s'exprimer dansl'exploitation des capacités contraignantes de l'école et du texte imprimé.

 

Dans le premier cas, la généralisation de l'emploi dans lesclasses de grammaires scolaires spécifiques qui imposent des règles trèsprécises d'usage interdit ou rigidifie un certain nombre d'emplois de la langueclassique en laissant un champ de plus en plus grand au développement de tousles purismes (lexicaux, syntaxiques, stylistiques). Dans le second etconcomitamment, les règles typographiques toujours plus précises que appliquentéditeurs et imprimeurs iront de plus en plus souvent à l'encontre des désirsd'écrivains qui se retrouvent corrigés malgré eux, comme le trahissent lescorrespondances de V. Hugo, de G. Sand, de Mallarmé et de tant d'autres, etobligés parfois de rentrer en résistance.

 

Ce numéro de la revue Romantismeaura pour objectif principal de rendre compte de la façon dont toutes ces« polices de la langue » ont pu jouer sur l'évolution de l'écrit,particulièrement littéraire ou considéré comme tel, au cours du siècle, ycompris dans une approche éventuellement comparatiste avec d'autres cultures.On y privilégiera les propositions critiques qui tenteront de rendre compte desconséquences d'un phénomène de grande amplitude (changements linguistiquesdéterminants, conséquences durables de modifications typographiques, normeséditoriales nouvelles, etc.) afin de participer à l'élaboration d'une histoirepoïétique du XIXe siècle à inventer.

 

Les personnesintéressées peuvent envoyer une proposition d'article (un titre et un résuméd'une dizaine de lignes) d'ici le 30 septembre à Jacques Dürenmatt (jdurrenmatt@gmail.com). Les textes desarticles devront  être envoyés auplus tard le 30 mars 2009.

 

[responsable scientifique dunuméro : Jacques Dürenmatt, université Tououse-Le Mirail, jdurrenmatt@gmail.com]