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Appels à contributions
Le(s) Nord de Xavier Marmier (Paris & Lausanne)

Le(s) Nord de Xavier Marmier (Paris & Lausanne)

Publié le par Marc Escola (Source : Cyrille François)

Appel à contribution

Colloque : vendredi 18 novembre 2016 à Paris et vendredi 31 mars 2017 à Lausanne

Propositions à envoyer avant le : 31 juillet 2016

Organisation : Université de Paris-Sorbonne (EA 3556 REIGENN et UFR d’études germaniques et nordiques) & Université de Lausanne

 

Homme de lettres et grand voyageur, Xavier Marmier (1808-1892) a joué un rôle majeur d’intermédiaire entre la France et les aires culturelles septentrionales. Ses nombreux articles et ouvrages ont contribué à mieux faire connaître la géographie, l’histoire et la culture des pays du Nord (Islande, Féroé, Danemark, Norvège, Suède, Finlande, Pays-Bas, Allemagne) en France, ainsi que dans d’autres pays d’Europe où étaient traduites ses études.

Ses voyages commencent en Allemagne, avec un premier séjour en 1831. Il publie des articles dans différentes revues littéraires comme la Revue Germanique, la Revue de Paris ou la Revue des deux mondes, incarnant « plus encore qu’Ampère ou Bonstetten un rêve romantique-philologue du Nord germanique et scandinave »[1]. C’est son intérêt pour les cultures étrangères qui le pousse à devenir traducteur d’auteurs allemands et critique littéraire. La bonne réception de son étude sur Goethe[2] et d’articles sur les mœurs, les institutions, le folklore, l’histoire et la littérature allemande, lui permet de participer à l’expédition de La Recherche sur les mers du Nord. Il est chargé par l’Académie française d’étudier les sagas et de recueillir tous les documents possibles sur les traditions, la littérature, l’histoire et les mœurs des Islandais.

La cohérence et l’ampleur de son travail intellectuel font de lui un des pionniers de la littérature comparée en France : « en un temps où dominait encore en France un sentiment de supériorité culturelle établi depuis la Renaissance et que les tensions de la période révolutionnaire avait encore conforté, Xavier Marmier fut l’un des plus ardents défenseurs de l’idée d’une nécessaire ouverture vers les littératures étrangères »[3]. Il a également fait partie de ce que l’on pourrait appeler les précurseurs de l’anthropologie et de l’ethnologie moderne. A la suite de sa première expédition en Islande, il a souligné la nécessité de voyager et de vivre parmi les peuples dont on étudie l’histoire et la littérature : "il est vrai cependant que j’aurais pu trouver, à Paris, à la Bibliothèque du Roi, une grande partie des trésors poétiques que j’allais chercher si loin […]. Mais c’est une chose importante de voir le pays dont on étudie l’histoire, de vivre parmi les hommes dont on veut connaître la langue. Il y a entre la poésie d’un peuple et la terre qu’il habite, et la nature qui l’entoure, et le ciel sous lequel il vit, une alliance intime, alliance que peu de livres révèlent, et qu’il faut avoir observée sur les lieux mêmes pour bien la sentir[4]."

Son travail, témoignage des nouveaux intérêts de son époque, est d’autant plus intéressant à étudier qu’il marque le début des grandes explorations scientifiques. Par ses nombreux récits de voyage et recueils de lettres, Xavier Marmier fait découvrir en France des pays du Nord encore mal connus : « après les laborieuses explorations du siècle passé et du siècle actuel, nous en sommes encore, à l’égard des contrées septentrionales, à peu près au même point de vue que nos ancêtres »[5]. La publication de Chants populaires du Nord est un exemple « de la façon dont le déterminisme fondé sur la théorie des climats de Montesquieu et articulé sur l’opposition Nord-Sud opère un élargissement vers ce qui était encore la périphérie exotique de l’Europe »[6]. En effet, dès l’introduction Marmier s’attachait à montrer la permanence culturelle du Nord, en particulier poétique, malgré la rigueur du climat qui augmentait à mesure de l’avancement vers les terres situées à la longitude du cercle polaire.

Son œuvre est très variée : on y trouve, en plus des récits de voyage, des œuvres d’histoire[7], des essais et des romans[8], des traductions de pièces de théâtre[9] et de contes[10], ainsi que de la poésie[11]. Si ses travaux sur les littératures étrangères et ses récits lui avaient valu d’être élu à l’Académie française le 19 mai 1870, il est surtout considéré de nos jours comme l’un des premiers à faire connaître en France la littérature scandinave et germanique.

Nombre de chercheurs issus de disciplines différentes se réfèrent encore aujourd’hui aux travaux de ce pionnier des études germaniques et nordiques. Il représente donc un objet d’étude idéal dans le cadre d’un colloque interdisciplinaire réunissant des travaux de chercheurs de tout bord : histoire, géographie, littérature, philologie, culture, etc. Ce sera l’occasion d’étudier l’image que Marmier donne du Nord et de la confronter aux travaux de chercheurs contemporains. Les organisateurs font appel à des communications portant sur les territoires du Nord parcourus par Marmier, parmi lesquels l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Norvège, l’Islande, et le Groenland. On analysera entre autres l’activité de traducteur de Marmier, ses histoires littéraires, la relation avec les travaux de ses prédécesseurs (Paul-Henri Mallet notamment) et sa postérité.

Le colloque donnera lieu en 2018 à la publication d’un numéro collectif dans la revue Deshima.

 

Merci d’envoyer vos propositions (200 mots) accompagnées d’une courte notice biobibliographique avant le 31 juillet 2016 à Gaëlle Reneteaud-Metzger (gaelle.reneteaud@gmail.com) et Cyrille François (cyrille.francois@unil.ch). Les propositions seront évaluées par le comité scientifique et réparties à Lausanne ou à Paris selon les regroupements thématiques.

 

Comité scientifique

  • Bernard Banoun (Université de Paris-Sorbonne)
  • Thomas Beaufils (Université de Lille 3)
  • Sylvain Briens (Université de Paris-Sorbonne)
  • Jérôme David (Université de Genève)
  • Martine Hennard Dutheil (Université de Lausanne)
  • Thomas Mohnike (Université de Strasbourg)
  • Marthe Segrestin (Université de Paris-Sorbonne)
  • Irene Weber Henking (Université de Lausanne)

Organisation : Gaëlle Reneteaud-Metzger (Université de Paris-Sorbonne) et Cyrille François (Université de Lausanne)

 

[1] Michel Espagne, « Le moment allemand dans l’étude française des pays du Nord », Michel Espagne, 2006, Tusson, Le prisme du Nord. Pays du Nord, France, Allemagne (1750-1920), édition Du Lérot, p.197.

[2] Xavier Marmier, 1835, Etude sur Goethe, Paris, édition F.G. Levrault.

[3] Maria Walecka-Garbalinska, « Du décentrement au désenchantement, Xavier Marmier et les origines du comparatisme français », Christian Benne, Svend Erik Larsen, Morten Nøjgaard et Lars Ole Sauerberg, 2013, Orbis Litterarum, Volume 68, p.1.

[4] Xavier Marmier, 1855 (quatrième édition), Lettres sur l’Islande et poésies, Paris, édition Arthus Bertrand, Préface, pp.XV-XVI. Première édition parue en 1837 chez Félix Bonnaire.

[5] Xavier Marmier, Lettres sur le Nord, Paris, Delloye, 1840, Tome 1 préface, pp.V-VI.

[6] Maria Walecka-Garbalinska, « Du décentrement au désenchantement, Xavier Marmier et les origines du comparatisme français », Christian Benne, Svend Erik Larsen, Morten Nøjgaard et Lars Ole Sauerberg, 2013, Orbis Litterarum, Volume 68, p.7.

[7] Histoire de la Scandinavie : Danemarck, Suède et Norvége, 1840, Paris, édition Bertrand et Histoires allemandes et scandinaves, 1891, Paris, édition Calmann Lévy.

[8] Les fiancés de Spitzberg et Gazida qui sont récompensés par l’Académie française.

[9] Théâtre choisi de Oehlenschlæger et de Holberg, 1881, Paris, édition Didier.

[10] Contes fantastiques d’Hoffmann, 1858, Paris, édition Charpentier.

[11] Son premier recueil s’intitule Nouvelles Esquisses, 1831, Vesoul, édition Zaepffel.