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Les métamorphoses de Virgile : réception de la figure de l'auctor (Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes)

Les métamorphoses de Virgile : réception de la figure de l'auctor (Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Karin Ueltschi)

 

 

COLLOQUE INTERNATIONAL
LES METAMORPHOSES DE VIRGILE: RECEPTION DE LA FIGURE DE L'AUCTOR
(ANTIQUITE, MOYEN ÂGE, TEMPS MODERNES)

Coordination Karin Ueltschi et Jean-Louis Haquette

Université de Reims Champagne-Ardenne
CRIMEL (EA 3311)

18 au 20 mars 2015

Virgile n’a cessé de générer de savants et passionnants travaux centrés sur son œuvre, en particulier sur sa réception. Mais qu’en est-il de la figure de l’auctor ? Depuis les ouvrages de référence de J.W. Spargo[1] et de J. Comparetti[2], depuis le Colloque de Tours[3] et les travaux de l’École française de Rome[4], et enfin l’ouvrage de  M. Capasso[5], pour ne citer que les références principales, cet aspect de la question semble avoir moins inspiré les chercheurs. Il serait donc intéressant de revenir aujourd’hui sur la figure du poète Virgile qui subit de singulières métamorphoses au cours des siècles. Ille famosissimus poeta, l’auctor par excellence, Publius Vergilius Maro, deviendra en effet lui-même un personnage, inspirant bien des rumeurs et légendes, notamment à partir et autour de sa tombe.

L’examen de son identité et de ses attributs dans une large diachronie permettra en particulier de mettre en évidence l’attitude d’une période donnée face au Poète-Auteur dans sa dimension absolue ; de distinguer une discrimination originale des lettres et des techniques (artes liberales vs artes mecanicae) ; de dégager une vision significative face au savoir et aux sciences : une telle investigation, nous semble-t-il, est d’une brûlante actualité alors que plus que jamais, on exalte les prouesses de l’ingénieur et des sciences dures, volontiers au détriment du poète et des disciplines hier encore appelées « humanités ».

La multiplication des visages de Virgile à partir de sa mort enseigne tout d’abord qu’au commencement, toujours, est le verbe. Virgile sert de relais à la translatio studii de l’Antiquité vers le Moyen Âge, établit un pont entre paganisme et christianisme, entre latin et langues vernaculaires. S’il est le poeta latin par excellence – pensons à la fortune du (ou des) Donat – , progressivement on lui impute également la rédaction d’ouvrages d’une autre nature, l’Ars notoria par exemple, ou encore les Sortes virgilianae. Virgile devient peu à peu une autorité invoquée pour étayer les grandes théories relatives aux principales énigmes de la Nature qui se posent à l’homme. Progressivement, il se rapproche de la frontière périlleuse séparant les lumières de l’esprit des eaux troubles de sciences plus noires, tout cela sous le prétexte initial de sa maîtrise du verbe, car on n’a jamais oublié que l’antique poète est aussi, fondamentalement uates, prophète, mage de la parole.

À l’instar de Merlin, d’Ovide, d’Hippocrate puis d’Albert le Grand, qui en sont occasionnellement des doubles ou des variantes, le Virgile médiéval frôle constamment le sulfureux domaine de la magie. Il devient ainsi le grand constructeur de prodigieuses machines, et autres Salvatio Romae : le voilà nigro- ou necromancien, coupable de la si dangereuse cupiditas sciendi, ce qui n’empêche pas qu’ailleurs il soit aussi, occasionnellement, saint Virgile, ou encore qu’il se retrouve berné et humilié par une femme, tout comme tant d’autres grands savants – ou magiciens.

 

 Ses métamorphoses posent ainsi, au-delà de sa personne, toute une série de questions : qu’est-ce l’art ? Qu’est-ce l’ingenium ? Le savoir ? Qu’est-ce la culture ? Qu’est-ce qu’un auteur, un poète ? De nombreux axes permettent d’aborder ces interrogations. Car si l’ancrage des métamorphoses de Virgile est bien médiéval – d’où la place importante qui sera réservée à ce volet de la question – il nous paraît indispensable de dilater le cadre de la réflexion. Par exemple – mais ce ne sont là que des pistes parmi d’autres –, il faudra s’arrêter auprès du Virgile de Dante ; considérer la vision qu’ont du poète les théoriciens et auteurs de la renouatio studiorum ac litterarum, puis ceux du Grand Siècle, notamment dans le cadre de la Querelle des Anciens et des Modernes. Existe-t-il un visage de Virgile des Lumières, un Virgile romantique, surréaliste, un Virgile victime de l’ « ère du soupçon » ? Un Virgile des peintres, des philosophes ? Qu’en est-il du corpus des biographies de Virgile – Virgile personnage de roman[6] ? Et quels enseignements – épistémologiques, culturels –  tirer de ces différentes cartes d’identité ?

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MERCREDI 18 mars 2015

13 h 45 - Accueil des participants

I. Séance introductive : la mesure de Virgile

14h00  – Pierre Laurens (Paris IV – Institut de France), Le regard des contemporains et successeurs de Virgile.

14h20 - Dominique Millet-Gérard (Université de Paris IV), Sunt lacrimae rerum : esthétique  théologique  de Virgile "Père de l'Occident" (W. Pater, Claudel, Th. Haecker, W. Weidlé, H.U. von Balthasar).

14h40 - Philippe Heuzé (Université de Paris III), L'invention du modèle: Virgile et le paradoxe borgésien.

15h00 - Discussion


II. Regards croisés : Antiquité – Renaissance

15h20 – Guiseppe Ramires (Université de Messine), Si le Poète meurt: autoportrait et prophétie de la mort de la poésie dans Virgile, Enéide IX 774-777.

15h40 – Elisabeth Cardon (Institut Catholique de Rennes), Virgile, penseur du nouvel  l’Âge d’Or augustéen.

16h - Françoise Monfrin (Paris IV), Les portraits anciens de Virgile (Antiquité et Haut-Moyen Age).


16h20 – Discussion et pause

16h50 – Fabio Stok (Université de Rome), Totus scientia plenus: genèse d’un personnage.
17h10 – Monique Bouquet (Université de Rennes 2), Considérations humanistes sur le prophète païen de la quatrième églogue.
17h30 - Virginie Leroux (Université de Reims), Le virgilianisme au XVIe siècle à partir d’un corpus d’histoires littéraires.

 

JEUDI 19 mars 2015

9h - François Livi (Université de Paris IV), De l'Enfer au seuil du Paradis terrestre. Virgile guide de Dante dans la « Divine Comédie ».

9h20 - Clément Auger (Université de Rennes 2), Le Virgile de Landino est-il celui de son Dante ? (autour des Disputationes Camaldulenses de Cristoforo Landino).


III. L’exception médiévale

9h40 – Philippe Walter (Université de Grenoble), Virgile statuaire dans le Roman d’Abladane (XIIIe siècle).
10h – Claude Lecouteux (Université de Paris IV), Virgile dans les livres populaires (Volksbücher).

10h20 Discussion et pause

11h - Anne Berthelot (Université du Connecticut), Virgile et Merlin, ou le principe des vases communicants.

11h 20 – Denis Hüe (Université de Rennes 2),  Virgile et la clergie dans le Dolopathos.

11h40  –  Chantal Connochie-Bourgne (Université d’Aix en Provence), La sélection des "œuvres" de Virgile dans les encyclopédies latines et françaises du XIIIe siècle.


12h  – Discussion - déjeuner


14h30 – Julien Véronèse (Université d’Orléans), Virgilius Hispanus philosophe et magicien.

14h50 – Catalina Girbea (Université de Bucarest/ CESCM Poitiers), Flor de clergie : Virgile entre Aristote et Hippocrate.

15h10 - Pascale Bourgain (École des Chartes), Virgile parodié ou menteur (IX-XIIe siècle).

15h30 - Discussion et pause

16h00 – Françoise Laurent (Université de Clermont), Translations vernaculaires du Virgile de Gervais: Jean d'Antioche et Jean de Vignay ou les enjeux d'une laïcisation.

16h20 - Alain Corbellari (Université de Neuchâtel), Virgile dans le Cléomadès.

16h40 - Karin Ueltschi (Université de Reims), Des artes liberales aux artes mecanicae : une ténébreuse affaire.

17h 00-  Discussion


20 h- Dîner

 

VENDREDI 20 mars 2015


IV. Le Virgile des Temps Modernes

9h20 - Hélène Michon (Université de Tours), Virgile, théologien chrétien? ou Les Remarques sur Virgile et sur Homère, et sur le stile poétique de l'Écriture de Pierre Valentin Faydit.

9h40 - Françoise Gevrey (Université de Reims), Actualité du poète dans un roman : l’"Histoire de Virgile » dans Les Exilés de la cour d'Auguste de Mme de Villedieu (1672-1673).

10h – Jean-Louis Haquette (Université de Reims), La tombe de Virgile au Pausilippe, un paysage inspiré : représentations littéraires et picturales (1750-1820).


10h20 – Discussion et pause


11h – Pierre Bazantay (Université de Rennes 2), Impressions virgiliennes dans l’œuvre de Raymond Roussel.

11h20 – Giovanni Lombardo (Université de Messine), Paul Valéry traducteur des Bucoliques.

11h 40– Discussion - déjeuner

 

14h30 – Patrick Demouy, Visite de la Cathédrale de Reims.

 

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[1] Virgil the Necromancer. Studies in Virgilian Legends, 1934.

[2] Virgilio nel Medio Evo, 1942.

[3] Présence de Virgile, 1978.

[4] Lectures médiévales de Virgile, 1985.

[5] Il Sepolcro di Virgilio, 1983.

[6] A l’exemple de l’ouvrage de Hermann Broch, La mort de Virgile (Der Tod des Vergils, 1945).